Et pourquoi pas s’offrir, ce week-end, un voyage au cœur d’une plaine verdoyante dont les couleurs font chavirer les cœurs ? Bisri est l’un des plus beaux endroits du Liban. Un cadre des plus envoûtants, qui sera pourtant mis en danger par la construction d’un barrage dont les travaux devraient débuter courant 2018. Joseph Eid/AFP
Ce week-end, direction Bisri, l'une des plus belles plaines du pays. À seulement 35 km au sud de Beyrouth, cette zone agricole reculée offre une immersion bucolique unique pour les amoureux d'histoire et de nature. Un cadre des plus envoûtants qui sera pourtant mis en danger par la construction d'un barrage dont les travaux devraient débuter courant 2018.
Bisri est au cœur d'une plaine verdoyante dont les couleurs feront chavirer ses visiteurs. Niché entre les vallées du Sud et du Mont-Liban, le fleuve Awali longe des pins, des citronniers et des grenadiers qui embaument l'air de leurs senteurs méditerranéennes. Après la sortie de Joun, le couvent Saint-Sauveur se dévoile entre les parcelles de pins et d'oliviers. Construit en 1711, ce couvent grec-catholique permet de profiter d'une vue panoramique imprenable. On peut y découvrir des collections de manuscrits anciens, des objets liturgiques et une petite église, rénovée après le tremblement de terre qui a touché la région en 1956. Quelques centaines de mètres avant l'entrée du village de Bisri, une route de terre vous mènera à l'église Mar Moussa, édifiée il y a plus de 800 ans. Les moutons vont paître dans ce lieu ombragé, calme et paisible. Il vous sera possible de tirer la cloche de ce sanctuaire où chaque année, le dernier dimanche d'août, tous les chrétiens des environs se réunissent pour prier le saint patron. En poursuivant sur le chemin rocailleux à votre gauche, des vestiges romains estimés à 1 500 avant J.-C. se dévoilent après une marche de 1h30 environ. Mais ces témoins du passé grandiose de la région seront probablement ensevelis sous les eaux l'année après la construction du barrage.
Plus de soixante vestiges archéologiques vont disparaître
Approuvée il y a un an par le gouvernement, la structure du barrage sera construite sur toute l'étendue de la vallée. Au total, plus de soixante vestiges sont menacés dont l'église Mar Moussa qui devrait être démantelée pour être transportée ailleurs. Les colonnes romaines pourraient connaître le même sort. « Le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) va procéder à des excavations », regrette Raja Noujaim, activiste et représentant de l'Association pour la préservation du patrimoine libanais. « Nous ne voulons en aucun cas que l'on touche à ce patrimoine millénaire, prévient-il. Ils sont sur la liste d'attente de l'Unesco. »
Initiés il y a 50 avant d'être abandonnés suite à des études géologiques alarmantes, les travaux devraient commencer courant 2018. Militants et agriculteurs craignent de graves répercussions : la région a déjà été secouée par de violents séismes. « L'eau stockée dans le barrage fera pression sur la faille. Le risque d'éboulement est fort, la nature karstique du relief au niveau de la plaine ne convient pas », explique l'activiste. « Au-delà de la présence de la faille active de Roum qui a déjà fait de lourds dégâts en 1956, une autre faille passera sous la structure du barrage, ce qui est contraire aux normes internationales », martèle-t-il.
Si les villages sont menacés, les terres agricoles devraient aussi être inondées. « Depuis 2 ans, l'activité sismique est très dense. S'il y a un tremblement de terre, tout sera détruit », déplore Walid Youssef, un cultivateur d'avocats dont les terrains seront bientôt expropriés par le gouvernement. Une maigre compensation est prévue par le CDR, mais « le travail des agriculteurs est directement menacé. Deux mille familles vivent de cette vallée », rappelle-t-il.
La perturbation de l'écosystème de cette contrée idyllique serait par ailleurs inévitable : « Le barrage va augmenter l'humidité et donc affecter le climat : certaines plantations ne seront plus possibles », assure M. Noujaim. Bisri est un lieu incontournable à visiter. Avant qu'il ne soit trop tard...
Dans la même rubrique
Hammana, quand culture rime avec nature...
Baskinta, Bakiche, Faqra, un parcours riche et serein
Le Akkar, sa beauté sauvage, son tourisme religieux...
Deir el-Qamar : quand histoire, patrimoine et nature sauvage font le charme d’un village
Qartaba et Laklouk : un parcours entre sérénité, aventure et nature sauvage
Bécharré, la gardienne des Cèdres, nature envoûtante et spiritualité
Ce week-end, direction Bisri, l'une des plus belles plaines du pays. À seulement 35 km au sud de Beyrouth, cette zone agricole reculée offre une immersion bucolique unique pour les amoureux d'histoire et de nature. Un cadre des plus envoûtants qui sera pourtant mis en danger par la construction d'un barrage dont les travaux devraient débuter courant 2018.
Bisri est au cœur d'une plaine...
commentaires (7)
Dommage qu'on va detruire un endroit tellement calme et joli. Ca ne me semble pas une bonne decision du gouvernement. Malheureusement je crains qu'ecologie et protection de l'environment ne soient pas trop haut sur l'agenda des conseils des ministres ...
Stes David
19 h 59, le 15 septembre 2017