Rechercher
Rechercher

Liban - Soutien scolaire

HRW dénonce le manque de transparence dans l’aide à l’éducation des jeunes réfugiés syriens

L'ONG internationale a étudié ce qu'il était advenu des promesses de contribution faites lors de la conférence des pays donateurs, en février dernier à Londres.

Des écoliers syriens s’apprêtent à monter dans un bus scolaire dans un campement de réfugiés situé à Bar Élias, dans la Békaa, le 13 mai 2016. Joseph Eid/AFP

Promises l'an dernier, des aides d'un montant de plusieurs millions de dollars destinées à scolariser des enfants réfugiés syriens ne sont pas parvenues à leurs destinataires, ou bien avec du retard, ou n'ont pu être localisées faute de transparence, a déploré hier l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, dans un rapport qu'elle consacre à la scolarisation des enfants syriens dans trois pays voisins de la Syrie : le Liban, la Jordanie et la Turquie.

Le rapport de 55 pages, intitulé « Suivre l'argent à la trace : manque de transparence des bailleurs de fonds dans le financement de l'éducation des réfugiés syriens », examine les suites données aux promesses de contributions faites lors de la conférence des pays donateurs, en février dernier à Londres.

Human Rights Watch, précise le texte, s'est lancé sur la « piste » de l'argent des principaux donateurs en faveur de l'éducation au Liban, en Turquie et en Jordanie, les trois pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés syriens, en constatant d'« importantes disparités entre les fonds que les différents donateurs affirment avoir débloqués et les montants ayant effectivement été perçus par leurs bénéficiaires en 2016 ». « Le manque de respect des délais impartis et de transparence a contribué à priver d'éducation plus de 530 000 écoliers syriens dans ces trois pays à la fin de l'année scolaire 2016-2017 », déplore HRW

Ce rapport vient en quelque sorte compléter, voire expliquer, ceux que l'ONG Save the Children et l'agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, ont fait paraître mardi et selon lesquels plus de 500 000 enfants libanais et syriens n'iront pas à l'école cette année. Dans ce chiffre, sont inclus 59 % des enfants syriens en âge d'être scolarisés.

 

(Lire aussi : La FAO et l’OIT publient un guide de sensibilisation au travail des enfants)

 

« Génération perdue »
« Donateurs et pays hôtes se sont engagés à ce que les enfants syriens ne deviennent pas une génération perdue, mais c'est exactement ce qui est en train de se passer, a déclaré Simon Rau, titulaire d'une bourse Mercator chez Human Rights Watch. Une plus grande transparence dans le financement aiderait à cerner les besoins auxquels on n'a pas répondu pour permettre aux enfants de se rendre à l'école. »

Lors de la conférence de Londres, les donateurs et les pays d'accueil limitrophes de la Syrie s'étaient mis d'accord pour fournir à tous les enfants réfugiés syriens une « éducation de qualité » d'ici à la fin de l'année scolaire 2016-2017, et les fonds nécessaires à cette fin. Selon les six donateurs qui ont promis les sommes les plus conséquentes – l'Union européenne, les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et la Norvège –, leurs contributions ont dépassé en 2016 l'objectif de 1,4 milliard de dollars pour l'éducation en Syrie et pour les réfugiés syriens des pays hôtes de la région. Pourtant, les budgets éducatifs dans les pays d'accueil ont été insuffisamment financés, précise le rapport.

Différents mécanismes de suivi de l'aide ont mis en évidence des disparités significatives dans l'aide à l'éducation et la plupart des informations rendues publiques étaient trop vagues ou confuses pour permettre une traçabilité des modes de financement d'un donateur donné vers des projets éducatifs dans le pays hôte concerné, relève le texte, qui souligne qu'une partie de l'argent n'est parvenue à ses bénéficiaires qu'après le début de l'année scolaire, trop tard pour inscrire les enfants qu'il était destiné à aider. Dans certains cas, les donateurs ont comptabilisé deux fois les fonds promis.

 

(Lire aussi : Plus de la moitié des enfants syriens au Liban ne seront pas scolarisés cette année)

 

Éviter lacunes ou doublons
Une information plus détaillée et complète sur l'aide à l'éducation est nécessaire pour déterminer si les donateurs ont tenu leurs promesses de contribution, fourni de l'aide en temps opportun et si les activités financées portent sur les obstacles considérables qui entravent l'éducation des enfants réfugiés syriens, toujours selon le document. Les donateurs, les organismes de mise en œuvre et les gouvernements des pays hôtes ont besoin de ces informations pour coordonner leurs efforts et éviter lacunes ou doublons.

Selon le document, en 2016, les donateurs s'étaient engagés à assurer environ 250 millions de dollars pour l'éducation en Jordanie et 350 millions au Liban, en reconnaissant la nécessité de fournir une grande partie de l'aide avant le début de l'année scolaire, afin de permettre d'embaucher des enseignants, d'acheter les manuels et de planifier les programmes. Mais début septembre 2016, la Jordanie faisait face à un déficit budgétaire de 171 millions de dollars, le Liban de 181 millions. À la fin de l'année civile, ce déficit était de 41 millions de dollars pour la Jordanie et de 97 millions pour le Liban.

Le rapport relève par ailleurs que le Liban, la Jordanie et la Turquie sous-estiment probablement le nombre d'enfants syriens déscolarisés. Ils ne comptabilisent que les Syriens enregistrés comme réfugiés, alors que près d'un million de ceux qui se trouvent au Liban et en Jordanie n'ont pas ce statut, indique encore le texte.

Après avoir énuméré la contribution de chaque pays donateur, Human Rights Watch fait état des obstacles qui se posent à l'éducation en Turquie, au Liban et en Jordanie, y compris les politiques qui rendent les frais de scolarité inabordables en contribuant à la pauvreté des familles réfugiées et limitent la capacité des enfants à avoir accès aux écoles ou à s'y inscrire.

« Une plus grande transparence du financement de l'éducation pourrait contribuer à identifier les raisons pour lesquelles les objectifs d'inscriptions scolaires ne sont pas atteints et à pousser les responsables de cette situation à redoubler d'efforts. Elle pourrait déterminer dans quelle mesure les politiques des pays hôtes, par opposition au financement insuffisant des bailleurs de fonds, maintiennent les enfants en dehors du système scolaire », souligne l'ONG.

 

 

Pour mémoire

Réfugiés syriens : Washington annonce une aide supplémentaire de 140 millions de dollars au Liban

Promises l'an dernier, des aides d'un montant de plusieurs millions de dollars destinées à scolariser des enfants réfugiés syriens ne sont pas parvenues à leurs destinataires, ou bien avec du retard, ou n'ont pu être localisées faute de transparence, a déploré hier l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, dans un rapport qu'elle consacre à la scolarisation des enfants...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut