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Moyen Orient et Monde - ENTRETIEN EXPRESS

« L’arrestation d’el-Aouda s’inscrit en grande partie dans une logique antifrériste »

Le prédicateur saoudien Salman el-Aouda. Capture d'écran/YouTube

Salman el-Aouda, un célèbre prédicateur saoudien, aurait été arrêté dimanche, selon plusieurs sources, pour avoir prôné la réconciliation avec le Qatar dans un tweet : « Qu'Allah harmonise entre leurs cœurs pour le bien de leur peuple. » David Rigoulet-Roze, chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques et spécialiste de l'Arabie saoudite, commente cette arrestation.

 

Peut-on faire un lien entre le tweet de Salman el-Aouda et son arrestation ?
Ce n'est certainement pas accidentel. Le positionnement particulier de Salman el-Aouda n'est pas nouveau. C'est un prédicateur qui a beaucoup fait parler de lui dans les années 1990 en prônant la mouvance de la Sahwa (« réveil ») qui contestait la ligne du pouvoir saoudien. Il se trouve qu'il a publiquement appelé à une résolution de la crise entre Riyad et Doha. Une crise dont l'initiative est, à tort ou à raison, attribuée à l'actuel prince héritier Mohammad ben Salmane. Le lien entre la prise de position du cheikh et son arrestation est d'autant plus crédible qu'el-Aouda est accusé de continuer à entretenir des connexions avec les Frères musulmans, « bête noire » à la fois de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, deux des quatre principaux pays qui ont décidé de la mise au ban du Qatar. Sans avoir explicitement soutenu les soulèvements arabes de 2011, perçus comme le fruit d'un complot « frériste » par Riyad et Abou Dhabi, il avait néanmoins salué la logique du mouvement de la thawra (« révolution ») conforme à la stratégie qatarie stigmatisée par ses pairs du Conseil de coopération du Golfe (CCG). En outre, il continue de frayer avec le cheikh Youssef el-Qaradaoui – le téléprédicateur islamiste emblématique de la chaîne al-Jazeera dont les contempteurs du Qatar demandent précisément la fermeture. Dans ce contexte, Salman el-Aouda ne peut qu'être éminemment suspect aux yeux de Riyad, hanté à l'instar d'Abou Dhabi, par un potentiel complot « frériste ».

 

Ces arrestations s'inscrivent-elles dans une volonté du pouvoir de museler toute voix discordante qui irait à l'encontre de la doxa ?
L'arrestation de Salman el-Aouda s'inscrit sans doute en grande partie dans cette logique « antifrériste ». Mais on peut également penser que le nouveau prince héritier Mohammad ben Salmane prend aussi ses marques pour la suite. S'il accède au pouvoir d'une manière ou d'une autre, il sait qu'il sera confronté à un certain nombre d'oppositions, notamment celle des héritiers de la mouvance de la Sahwa et dont les attendus ne convergent pas nécessairement avec son objectif de stabilisation de la royauté dynastique saoudienne en une monarchie lignagère à son profit exclusif.

 

Parallèlement à ces arrestations, la rumeur court selon laquelle le roi Salmane aurait décidé d'abdiquer au profit de son fils Mohammad ben Salmane. Qu'en pensez-vous ?
Cela fait un certain temps que court cette rumeur. Ce ne serait pas forcément surprenant. Il y a eu plusieurs phases préparatoires à une succession lignagère avant un décès éventuel du roi Salmane que l'on dit très malade. Le prince héritier est parvenu à cumuler en un temps record plusieurs casquettes aux attributions parfois très éloignées, d'où son surnom ambigu de Mister Everything. Dès l'avènement de son père le 23 janvier 2015, ce jeune trentenaire ambitieux était nommé ministre de la Défense, en même temps que président d'un Conseil des affaires économiques et du développement, tout en étant déjà chef du cabinet royal. Le 29 avril 2015, un décret royal propulsait Mohammad ben Salmane également à la fois vice-prince héritier (VPH) – alors second en ligne dans la succession après la nomination simultanée du prince Mohammad ben Nayef bin Abdulaziz ibn Saoud, comme prince héritier (PH), ainsi que second vice-Premier ministre derrière le même Mohammad ben Nayef. La troisième étape est intervenue avec le limogeage du même Mohammad ben Nayef de toutes ses attributions le 21 juin 2017 et la nomination de Mohammad ben Salmane en tant que prince héritier. C'est donc une rumeur qui n'est pas sans fondement. La question demeure de savoir si cela va se faire prochainement et dans quelles conditions.
Nombre de princes ont déjà manifesté leur mécontentement face à cette éventualité. Et ceux qui sont en opposition larvée aujourd'hui pourraient devenir des ennemis déclarés de celui qui n'est encore que le « prince héritier » Mohammad ben Salmane.

 

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Salman el-Aouda, un célèbre prédicateur saoudien, aurait été arrêté dimanche, selon plusieurs sources, pour avoir prôné la réconciliation avec le Qatar dans un tweet : « Qu'Allah harmonise entre leurs cœurs pour le bien de leur peuple. » David Rigoulet-Roze, chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques et...

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PLUS D,HEBETUDE ET D,OBSCURANTISME IL N,Y A QUE DANS LA SECONDE FACE DE LA MEME MONNAIE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 00, le 12 septembre 2017

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Commentaires (1)

  • PLUS D,HEBETUDE ET D,OBSCURANTISME IL N,Y A QUE DANS LA SECONDE FACE DE LA MEME MONNAIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 12 septembre 2017

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