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Nos Lecteurs ont la Parole - Salim F. DAHDAH

La République du Cèdre serait-elle en voie de dilution au profit du « croissant chiite »... ?

Après une attente interminable et une mise en scène ubuesque, « l'homme fort et providentiel » du camp chrétien a été élu à la tête de l'État, il y a plus de huit mois. Est-ce que son élection était une victoire démocratique nationale incontestable, ou était-ce plutôt celle du parti de Dieu qui, après multiples tergiversations, a fini par donner son feu vert et faciliter l'aboutissement de cette échéance ? Tant il est vrai que cette formation, qui est une composante du panorama politique interne, a le droit et le devoir de participer à cette initiative nationale, il n'en reste pas moins que ses allégeances politiques étrangères, ses objectifs exclusivement régionaux et ses actions fondamentalement et structurellement extranationales ne cessent de poser problème pour ce qui a trait au respect de la souveraineté nationale, (cf. la définition exprimée directement et sans ambages par sayyed Hassan, lors d'un de ses discours fondateurs du parti de Dieu, il y a plus de trente ans). Cette formation entretient en effet les ingrédients d'une déstabilisation générale de la République, et menace d'une épée de Damoclès permanente les citoyens chaque fois qu'ils cherchent à appliquer les règles fondamentales constitutionnelles de l'État et les valeurs constitutives de la nation... !
Cette constatation, qui ne cherche certainement pas à offenser quiconque, a pour but tout simplement de fixer les marges de manœuvre du nouveau régime, conséquemment à une telle alliance, ainsi que sa capacité à appliquer les promesses du discours présidentiel et à relever les nombreux défis à affronter, pour réhabiliter une république en état de déliquescence...!
De nombreuses occasions et des événements divers, depuis l'accession du président à la tête de l'État, ont poussé à ce questionnement. En commençant par la visite présidentielle en Arabie saoudite et la réaction contradictoire de sayyed Hassan Nasrallah au lendemain de ce déplacement ; la visite, ensuite, en Égypte, ainsi que les déclarations télévisées inattendues sur les capacités de l'armée libanaise et son rapport avec la résistance, et, enfin, les péripéties et les blocages que le parti de Dieu a entretenus durant toute la période qui a précédé la promulgation de la nouvelle loi électorale, afin d'imposer en fin de parcours ses desiderata, à savoir la « proportionnelle »...
La récente bataille de Ersal que le Hezb a engagée unilatéralement aux côtés des forces militaires officielles syriennes a mis, en outre, en relief les objectifs annoncés et cachés qui ont accompagné cette opération, dont notamment :
– La lutte contre les jihadistes dans les montagnes voisines de la ville et la vie sauve pour ceux d'entre eux qui étaient financés par le Qatar.
– L'ouverture d'une voie terrestre sous supervision iranienne, entre le Sud-Liban et la région alaouite.
– Le rapiéçage et le réchauffement « obligés » des relations entre le Liban et la Syrie pour redonner vie au régime Assad, en pleine déconfiture.
Pour ce faire, une gigantesque campagne médiatique du parti (al-i3lam al-harbi, ou « le média de guerre ») a orchestré exclusivement et de bout en bout toutes les étapes de cette offensive. Vu par des observateurs indépendants, cet engagement a ressemblé à un mauvais drame shakespearien qui pourrait avoir pour titre « Hallucinations... » ! Que certains mouvements profondément endoctrinés choisissent de l'applaudir, c'est leur droit, mais comment le reste du peuple libanais et ses représentants évaluent-ils ce « tour de magie » sans même réagir ou prendre position... ?
Jusqu'à quand une frange malheureusement non négligeable de la population va-t-elle, elle aussi, continuer à se laisser « bassiner » par un mensonge institutionnalisé, dans le but de réduire au silence tous les citoyens libres de ce pays, museler les institutions et continuer à « grapiller » ce qui reste de l'État de droit sous le regard béat et totalement absent d'un corps politique gangrené par la corruption, l'ignorance, la mauvaise foi et l'appât du gain... ?!
Après le « sunnisme politique », qui a joué – parrainé par le nationalisme arabe – un rôle sur la scène nationale jusqu'aux années 1970, il y eut le « maronitisme politique » nationaliste – parrainé par les États-Unis et ses alliés – qui suivra et qui essaiera, lui aussi, de gérer les différents drames vécus jusqu'en 1989. Viendra enfin le « chiisme politique »" parrainé par la République islamique d'Iran. À la différence des deux autres composantes, ce dernier semble vouloir s'imposer plus longtemps, car les armes mises à sa disposition par son « parrain » ont revêtu conjoncturellement, de par leur quantité et leur qualité, une double importance stratégique et régionale et ont été de ce fait approvisionnés pour permettre à la wilayet al-Faqih de donner à son bras militaire, le Hezbollah, la capacité de lui assurer un accès direct sur la Méditerranée et lui permettre de jouer un rôle dans certains pays de la région, et enfin de « chiitiser » la plus grande population possible.
Le Liban, pays symbole du vivre-ensemble et message de tolérance et de respect de toutes les religions et de toutes les cultures, doit continuer à exister et à s'élever au-dessus de la mêlée, malgré les ambitions personnelles et les dérapages de certaines de ses composantes. Il l'a déjà fait à différents tournants de son histoire contemporaine. Il doit se défendre et mobiliser le monde autour de lui, pour écarter les influences étrangères trop invasives, capables de faire disparaître son entité nationale.
Face à ce danger imminent, le président de la République et tous les partis qui le soutiennent doivent prendre conscience du danger « rampant » et « tentaculaire » que représente aujourd'hui le « croissant chiite » en gestation au Liban. Il leur faut se solidariser pour convaincre, à n'importe quel prix et quels que soient les sacrifices, le parti de Dieu d'arrêter l'aventure dans laquelle il s'est engagé depuis 1982 et de rejoindre, comme le fils prodigue, le bercail, pour que la « famille libanaise » se reconstitue et vive à nouveau unie, libre, indépendante et souveraine. Il faut aller jusqu'à oser, vu la conjoncture régionale et internationale, proposer à toutes ses composantes locales une mobilisation générale en faveur de la « neutralité permanente » du pays du Cèdre, dont l'un des résultats les plus positifs sur le front interne sera le passage d'un statut d'État confessionnel à celui d'État civil, sans parler de tous les autres avantages politiques, économiques, sociaux et culturels qui en découleront...

 

Après une attente interminable et une mise en scène ubuesque, « l'homme fort et providentiel » du camp chrétien a été élu à la tête de l'État, il y a plus de huit mois. Est-ce que son élection était une victoire démocratique nationale incontestable, ou était-ce plutôt celle du parti de Dieu qui, après multiples tergiversations, a fini par donner son feu vert et faciliter...

commentaires (2)

TOUS LES CHRETIENS, LES SUNNITES ET LES DRUZES SONT CAPABLES... SI UNIS... D,ARRETER LE PROCESSUS TRES DANGEREUX DE LA FAKIHISATION DE NOTRE PAYS ! SINON QU,ILS SE PREPARENT A COURBER L,ECHINE DEVANT LES AYATOLLAHS !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 55, le 12 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • TOUS LES CHRETIENS, LES SUNNITES ET LES DRUZES SONT CAPABLES... SI UNIS... D,ARRETER LE PROCESSUS TRES DANGEREUX DE LA FAKIHISATION DE NOTRE PAYS ! SINON QU,ILS SE PREPARENT A COURBER L,ECHINE DEVANT LES AYATOLLAHS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 55, le 12 septembre 2017

  • esperer mieux apres l'election du president aoun suivant le scenario que tous connaissons ( suite a quoi il ne pouvait qu'avoir pieds et mains lies MALGRE tout son vouloir),etait aussi naif qu'esperer la liberalisation du systeme en syrie apres " l'election" de bachar assad. ce qu'il faudra esperer- comme a ts les coups et malheureusement- C un bouleversment de circonstances INTERNATIONALES qui ns profiterait... car jamais nous libanais n,avons pu ns sortir seuls , ou du moins pour une tte petite periode( mars 2005... elections parlementaires 2005 )

    Gaby SIOUFI

    10 h 08, le 12 septembre 2017

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