Israël a été accusé par l'armée syrienne d'avoir mené jeudi avant l'aube des frappes aériennes contre une infrastructure militaire, faisant deux morts, une attaque ayant pu viser un site utilisé par Damas pour produire des armes chimiques.
En Israël, aucune déclaration officielle n'a été faite sur ces frappes. Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, il a mené plusieurs raids aériens sur ce pays dévasté par la guerre, contre les forces gouvernementales et celles du Hezbollah libanais, qui combat aux côtés du régime de Damas.
"Des avions de guerre israéliens ont tiré à 02h42 (23h42 GMT) des missiles depuis l'espace aérien libanais, ciblant une de nos positions militaires à proximité de Mesyaf, et ont provoqué des dégâts matériels et la mort de deux membres du site", a affirmé l'armée syrienne dans un communiqué. "L'armée syrienne met en garde contre les sérieuses répercussions de tels actes d'agression sur la sécurité et la stabilité de la région", a ajouté le texte.
Selon la chaîne libanaise LBCI, quatre avions militaires israéliens ont été aperçus dans le ciel libanais en tout début de matinée, à 03h38. Ces appareils venaient de la mer et ont survolé les montagnes de la région de Jbeil et de la Békaa.
Le site pris pour cible jeudi, situé au nord de la localité de Mesyaf -entre la ville de Hama (centre) et un port utilisé par la marine russe (Tartous)- serait utilisé par l'Iran, allié du régime, et le Hezbollah.
La frappe a touché un camp d'entraînement et une branche du Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (SSRC).
Le SSRC est un organisme accusé par les Etats-Unis et d'anciens responsables israéliens d'aider à développer du gaz sarin, une arme qui selon l'ONU a été utilisée pour une attaque chimique meurtrière sur la ville syrienne de Khan Cheikhoun le 4 avril.
Damas a dénoncé ces accusations de recours à l'arme chimique à Khan Cheikhoun comme "des fabrications", et l'armée syrienne ne fait pas mention du SSRC dans son communiqué jeudi.
"Répercussions"
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a confirmé que les frappes de jeudi avaient visé le SSRC, sans pour autant pouvoir dire quel type d'armement y était produit.
L'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de sources à travers la Syrie, précise que le site visé était connu pour être utilisé par du personnel militaire iranien -qualifié "d'experts"- et des combattants du Hezbollah.
"Le centre de recherche a certainement été endommagé par les frappes. Un énorme incendie s'est déclaré dans un dépôt d'armes contenant des missiles", a ajouté le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.
Fin juin, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déclaré à propos de l'Iran, ennemi déclaré d'Israël et soutien du Hezbollah, qu il était "en train de transformer la Syrie en camp retranché".
"Il construit des usines de production de missiles en Syrie et au Liban et entend se servir de ces deux pays "avec l'objectif déclaré d'éradiquer Israël", avait-il ajouté.
(Pour mémoire : Israël annonce avoir frappé à nouveau en Syrie)
Message
Un ancien chef des renseignements militaires, Amos Yadlin, a affirmé sur les réseaux sociaux que le site touché produisait "des armes chimiques et des barils explosifs ayant tué des milliers de civils syriens".
Ça n'est pas une opération "de routine" et, si la frappe est l’œuvre d'Israël, il s'agit d'un message pour dire qu'il "ne permettra pas la production d'armes stratégiques" en Syrie.
"Ce serait également un message adressé aux grandes puissances sur les lignes rouges fixées par Israël", a-t-il affirmé.
Enfin, selon M. Yadlin, il est aussi question de prouver que "les systèmes de défense russes déployés en Syrie n'empêchent pas les opérations israéliennes".
Un ex-conseiller à la Sécurité nationale israélienne, Yaakov Amidror, a également avancé qu'il s'agissait d'un important centre de recherche et de développement d'armes notamment chimiques.
"C'est la première fois" qu'une telle "cible est attaquée", a-t-il affirmé à des journalistes.
"Nous n'allons pas laisser l'Iran et le Hezbollah construire des capacités leur permettant d'attaquer Israël depuis la Syrie", a-t-il ajouté, tout en disant s'attendre à une riposte syrienne.
Israël a lancé cette semaine des exercices militaires d'envergure, les plus importants en près de deux ans, simulant un conflit avec le Hezbollah.
Mercredi, des enquêteurs de l'ONU ont indiqué pour la première fois que le gouvernement syrien était responsable de l'attaque chimique menée à Khan Cheikhoun, accusant Damas de "crime de guerre".
Le régime de Bachar el-Assad a assuré à plusieurs reprises avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques, conformément à l'accord conclu en 2013 sous les auspices de la Russie.
Mais, en 2016, deux rapports d'enquêteurs de l'ONU et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avaient conclu que Damas avait mené trois attaques au chlore en 2014 et 2015 dans le nord de la Syrie.
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En Israël, aucune déclaration officielle n'a été faite sur ces frappes. Depuis le début du conflit en Syrie en 2011, il a mené plusieurs raids...
commentaires (8)
Mais quid de systèmes de défense anti-aériennes S-400 ? Ne seraient-ils toujours pas opérationnel ? ça commence à faire beaucoup !
Jean abou Fayez
18 h 31, le 07 septembre 2017