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Guignols et bouillabaisse

À force de parler des nôtres, on a fini par oublier les guignols de Aïn el-Héloué. Ça tombe bien, voilà que la nouvelle bouillabaisse palestinienne nous ramène le bon souvenir des jours heureux, où, de Amman à Beyrouth, les agités du keffieh fabriquaient des ruines en série, envoyant au casse-pipe plus de Jordaniens, de Libanais et de Palestiniens qu'ils n'ont dézingué d'Israéliens.

Il est quand même fascinant de constater la propension de ces turlupins de la gâchette à transformer en deux tours de cuiller à pot leur biotope en poubelle à ciel ouvert, mettant aux prises les modérés et les barbus, les colombes et les faucons, et ces derniers avec les vrais. C'est ce qu'on appelle en langage journalistique les « parties », ainsi désignées pudiquement sous ce label sexuel.

Surprise : la star de l'épisode du moment est une B.B. locale. En fait, c'est un mec qui se fait appeler Bilal Badr. Et Mister Bilal a fait un songe. Une vision divine lui aurait commandé de faire un carton sur tout ce qui bouge à Aïn el-Héloué. Dans un milieu où la religion tient lieu de fonds de commerce, ce genre de révélation vaut tous les diplômes. Et en plus, il a le sens du bizness, le raton laveur. Pour sauver les parts de marché de ses allumés, il n'a pas trouvé mieux que de prélever une taxe en échange d'un calme dispensé au compte-gouttes. C'est ce qui explique sans doute la flopée de cessez-le-feu sans cesse renouvelés et qui, s'ils étaient édités et reliés plein cuir, feraient s'écrouler les étagères de la Bibliothèque nationale. Bref, c'est un excité comme on les aime, un rigolo au dernier degré.

Mais pour jouer, faut avoir les coudées franches et le disjoncté se trouva fort dépourvu quand le Fateh fut revenu. Si fait qu'on ne pige plus rien à ce qui se trame dans la favela palestinienne. D'affirmations en mises au point et de mises au point en rectificatifs, les communiqués sont aussi fumeux que la rue palestinienne est fumante. Aux dernières nouvelles, le sieur Bilal dément avec la dernière énergie que le soleil d'été brille sur Saïda. Mais il a aussitôt avoué avoir menti en disant qu'il démentait et que, de ce fait, il n'avait ni menti ni démenti. Ça ne mange pas de pain, mais ça distraira pendant quelque temps les médias qui pourront diffuser le scoop dans les chaumières.

Décidément, Aïn el-Héloué est à classer dans le patrimoine mondial de l'art de vivre... ou de mourir.

gabynasr@lorientlejour.com

À force de parler des nôtres, on a fini par oublier les guignols de Aïn el-Héloué. Ça tombe bien, voilà que la nouvelle bouillabaisse palestinienne nous ramène le bon souvenir des jours heureux, où, de Amman à Beyrouth, les agités du keffieh fabriquaient des ruines en série, envoyant au casse-pipe plus de Jordaniens, de Libanais et de Palestiniens qu'ils n'ont dézingué...

commentaires (6)

A chaue re-lecture de ce merveilleux billet d'aujourd'hui, je découvre une nouvelle idée marrante. Vous surpassez tous les autres que je connais en drôlerie, merci Monsieur Gaby Nasr de réussir chaque vendredi à nous faire rire ! Irène Saïd

Irene Said

14 h 57, le 25 août 2017

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • A chaue re-lecture de ce merveilleux billet d'aujourd'hui, je découvre une nouvelle idée marrante. Vous surpassez tous les autres que je connais en drôlerie, merci Monsieur Gaby Nasr de réussir chaque vendredi à nous faire rire ! Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 57, le 25 août 2017

  • trop drôle ! du grand Gaby

    Lebinlon

    13 h 08, le 25 août 2017

  • Jadis on disait "Voir Naples et mourir". Aujourd'hui, nous disons "Lire Gaby Nasr et mourir de rire".

    Un Libanais

    10 h 52, le 25 août 2017

  • Et dire que certains maintiennent la guerre avec un voisin sous couvert de défendre la PALESTINE

    yves kerlidou

    09 h 18, le 25 août 2017

  • L,ART DE S,ENTRETUER POUR QUE VIVE L,ENNEMI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 41, le 25 août 2017

  • Perspicace et vrai... Allah yisseiid...

    Wlek Sanferlou

    05 h 15, le 25 août 2017

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