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Liban - Terrorisme

L’armée progresse rapidement : plus que 20 km2 à reconquérir

La troupe a pu compter sur un soutien international et local, mais aussi sur des équipements modernes.

En l'espace de quatre jours, l'armée libanaise a repris la quasi-totalité du territoire qui était occupé par les jihadistes du groupe État islamique, dans les hauteurs de Ras Baalbeck et de Qaa.
La direction de l'Orientation de l'institution militaire a annoncé hier qu'une surface de 100 km², sur un total de 120 km² où s'étaient retranchés les éléments de l'EI, a été libérée. Il ne reste plus que 20 km² à prendre, un grand nombre de jihadistes ayant soit péri dans les combats, soit fui en direction de la Syrie, comme l'a précisé hier le brigadier-général Ali Kanso, lors d'une conférence de presse au siège du ministère de la Défense à Yarzé.

L'officier, qui a refusé de dire combien de temps prendrait la reconquête des derniers 20 km2, a précisé que les soldats libanais contrôlent désormais les fronts dans les jurds jusqu'à la frontière libano-syrienne, précisant qu'ils ont détruit la totalité des positions terroristes. Hier, les soldats ont marqué un nouveau succès en réussissant à occuper la colline du Kaff après des combats intenses et ardus qui ont commencé peu après l'aube, « un point des plus stratégiques », devait indiquer l'officier.
Cette progression rapide, inattendue pour beaucoup d'observateurs, est venue prouver une fois de plus les capacités de la troupe, surtout lorsque celle-ci peut compter sur un soutien populaire inconditionnel, ce qui est le cas actuellement, sur des moyens techniques et logistiques, mais aussi sur l'appui de la communauté internationale.

Hier, les membres du Groupe international de soutien au Liban (GIS) ont exprimé leur appui à l'armée libanaise dans un communiqué conjoint (voir par ailleurs). C'est ce qui fera dire au général à la retraite Mounir Hitti, qui s'exprimait sur la MTV, que « l'investissement dans l'armée libanaise a été fructueux », un message explicitement lancé à la communauté internationale, mais plus particulièrement aux États-Unis qui assurent depuis des années formation et équipements à la troupe.

 

(Lire aussi : Aoun : Ensemble face à un ennemi commun)

 

« Ce qui a permis aux officiers chargés de commander cette opération de progresser à un rythme aussi accéléré, ce sont les moyens techniques extrêmement sophistiqués récemment fournis à la troupe », explique à L'Orient-Le Jour un stratège militaire qui a requis l'anonymat, en citant notamment l'utilisation des drones et des avions Cessna qui, selon lui, ont permis aux soldats d'améliorer qualitativement le niveau de surveillance aérienne, leur permettant ainsi de tabler sur la collecte de renseignements préalables au bombardement des objectifs. « L'utilisation de puissants blindés leur a également permis de se protéger des francs-tireurs sur un terrain de bataille assez traître truffé de collines et de vallées », poursuit l'expert.
Il est rejoint par le général à la retraite Khalil Hélou qui vante « la précision des tirs » visant les positions ennemies. Selon l'ancien officier, qui suit dans les moindres détails le déroulement des opérations, c'est la phase dite des « tirs préparatoires » qui a été déterminante dans cette bataille. « L'offensive terrestre a certes commencé le 18 août, mais la voie avait été pavée deux semaines plus tôt par un pilonnage intensif qui a infligé des dégâts et des pertes énormes dans les rangs des jihadistes et occasionné une dégradation rapide de leur capacité militaire », confie-t-il à L'OLJ.

« Une fois l'assaut lancé, les combattants de l'EI étaient déjà épuisés, plusieurs d'entre eux morts, d'autres ont pris la fuite. Par conséquent, la reconquête d'une large partie du territoire a été relativement facile », ajoute le général qui croit également savoir que la tactique de diviser les rangs de Daech en deux parties, l'une au nord, l'autre au sud, adossée à la frontière syrienne, a été également payante.

 

(Lire aussi : Appui unanime des membres du GIS à l'armée, « défenseure du Liban »)

 

« Cartes à l'appui... »
Autre stratégie mise à l'œuvre par la troupe, celle qui consiste à couper la communication entre les jihadistes en concentrant ses tirs sur les lignes de relais. Ces derniers ne pouvaient plus manœuvrer et tendre des embuscades, encore moins recourir aux attentats-suicide. Autant de performances sur le champ de la bataille que le commandement de l'armée « ne manquera pas de révéler au grand jour une fois la bataille terminée », poursuit Khalil Hélou.

Pour nombre d'observateurs, si l'armée a voulu faire preuve jusqu'ici de réserve en matière de communication médiatique tout en assurant un minimum de transparence, c'est pour des raisons tactiques, certes, mais aussi pour se démarquer du style adopté par le Hezbollah dans la bataille du jurd de Ersal, déclenchée le 13 juillet dernier.

C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le commentaire effectué hier par le général Kanso lorsqu'il a indiqué que l'institution militaire refuse de diffuser des images montrant les morts dans les rangs ennemis, le commandement de l'armée étant attaché « au respect du droit international humanitaire ». Il s'agit d'une allusion à peine voilée à l'étalage médiatique macabre effectué par le Hezbollah il y a un mois.
L'attention est aujourd'hui rivée sur la dernière phase de la bataille pour la libération des 20 derniers km2 localisés près de la frontière syrienne, plus précisément dans le secteur de Martabaya, face à Wadi Mira ou sont retranchés les derniers jihadistes.

On le sait déjà : la frontière entre le Liban et la Syrie à ce niveau n'est pas clairement délimitée et les territoires s'enchevêtrent à certains endroits. Cette lacune ne posera vraisemblablement pas de problèmes à la troupe qui ne cesse de rappeler qu'il n'y a pas de coordination avec l'armée syrienne. Celle-ci mène aux côtés du Hezbollah une bataille contre l'EI de l'autre côté de la frontière. « Cartes à l'appui, nous nous arrêterons à la frontière avec la Syrie », a dit le général Kanso.

Interrogé par L'OLJ, une source informée a indiqué que l'armée a effectivement des cartes précises de la frontière, ayant effectué il six ans une délimitation non officielle de la zone. L'institution militaire a créé de manière concomitante trois unités spécialisées pour surveiller les frontières, en prévision de la libération de cette partie du territoire, a ajouté la source.
Plusieurs questions restent cependant en suspens : la première est de savoir combien de jihadistes de l'EI il reste à affronter sur ces 20 km2, l'armée ayant affirmé hier ignorer leur nombre, tout en soulignant que plusieurs d'entre eux ont « déjà péri, d'autres ont fui » en direction de la Syrie. Autre inconnue, et pas des moindres, enfin : le sort des militaires pris en otage par l'EI en 2014.

 

Diaporama

"L'aube des jurds", la bataille de l'armée libanaise contre l'EI, en images

 

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commentaires (6)

Comme quoi le Liban n'a pas besoin de milices armées telles que le Hezbollah, pour se défendre. Au lieu de s'immiscer dans les affaires internes d'un autre pays en aidant militairement un régime syrien qui a perdu toute légitimité et crédibilité, les combattants du Hezb feraient mieux d'intégrer l'armee libanaise et de lui rendre leurs armes.

Tony BASSILA

14 h 17, le 23 août 2017

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Commentaires (6)

  • Comme quoi le Liban n'a pas besoin de milices armées telles que le Hezbollah, pour se défendre. Au lieu de s'immiscer dans les affaires internes d'un autre pays en aidant militairement un régime syrien qui a perdu toute légitimité et crédibilité, les combattants du Hezb feraient mieux d'intégrer l'armee libanaise et de lui rendre leurs armes.

    Tony BASSILA

    14 h 17, le 23 août 2017

  • "...mais plus particulièrement aux États-Unis qui assurent depuis des années formation et équipements à la troupe." Les Etats-Unis qui sont la cible d'attaques continues de la part de l'axe du "refus"(moumana3a: objection, refus, je ne sais pas comment vous traduisez ce terme très spécifique...), et qui a des représentants au sein du gouvernement! Mais nous ne sommes pas à une contradiction près. n'est-ce-pas? C'est le Liban...

    Georges MELKI

    13 h 49, le 23 août 2017

  • "La colonne vertébrale de la nation c'est l'armée". Général de Gaulle, le 8 août 1962. Toute la gloire à nos vaillants soldats. Aujourd'hui est mort le sous-officier Walid Mahmoud Freij, la cinquième victime de la guerre de libération contre DAECH, mort au Champ d'Honneur sur le champ de bataille de la patrie reconnaissante.

    Annie

    12 h 02, le 23 août 2017

  • Merci et beaucoup de reconnaissance à notre Armée Libanaise ! Vous nous prouvez chaque heure que vous n'avez besoin de P E R S O N N E d'autre que vos vaillants soldats pour délivrer notre pays ! Que DIEU vous aide et vous donne la force de continuer votre noble mission Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 07, le 23 août 2017

  • MAGNIFIQUES NOUVELLES. Pour parler de la différence avec le hezb résistant libanais , puisqu'on y est , s'il n'avait pas montré les cadavres des bacteries wahabites manipulées par israel , on se serait demande où sont les morts , en doutant bien que le hezb les aurait caché quelque part . Et pour continuer à parler de cette différence, le jour où l'armée aura les armes qu'il faut Et le consensus mondial pour s'attaquer au manipulateur de ces bactéries wahabites , le veux dire israel , alors on pourra parler d'une véritable armée complète et capable de prendre véritablement les choses en main . EN ATTENDANT LA RÉSISTANCE-ARMÉE-PEUPLE DIT DANS LE DÉSORDRE FERA ENCORE L'AFFAIRE. MERCI DE PUBLIER SANS RANCUNE AUCUNE .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 41, le 23 août 2017

  • ETAT, ARMEE, PEUPLE ! LE TRYPTIQUE DE LA VICTOIRE !

    LA LIBRE EXPRESSION SE DECONNECTE

    09 h 02, le 23 août 2017

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