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Santé - Maladies infectieuses

Le tétanos en voie de disparition au Liban

La maladie, qui s'attaque au système nerveux, est en passe d'être éradiquée grâce à un système de vaccination performant et une vigilance quotidienne des autorités sanitaires.

Pour rester immunisé contre le tétanos, un rappel du vaccin antitétanique doit être effectué toutes les décennies après l’âge de 25 ans. Au Liban, celui-ci n’est pas effectué de manière régulière. Photo Bigstock

Calamité monstrueuse, spectacle désagréable, mal irrémédiable... Dès l'Antiquité, les qualificatifs péjoratifs se succédaient pour décrire le tétanos, maladie infectieuse grave qui s'attaque au système nerveux et provoque de lourdes contractions musculaires.
Quatre mille ans plus tard, ce fléau a perdu de sa superbe. Il continue à tuer près de 500 000 personnes par an dans le monde, mais il est progressivement éradiqué des pays développés. Le Liban, grâce à un système de vaccination efficace et une prévention continuelle des autorités sanitaires, fait partie des bons élèves.

Seulement deux cas en 2016
« Le tétanos est quasiment devenu inexistant au Liban », indique le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2016, seuls deux cas ont été recensés sur le territoire libanais. Trois l'avaient été en 2015, contre... zéro en 2014. « Ces bons résultats s'expliquent par un système de vaccination très efficace », souligne-t-il. Depuis 1993, le ministère de la Santé et la Société libanaise de pédiatrie ont grandement renforcé le protocole de prévention. Le calendrier de vaccination antitétanique recommandé par l'Organisation mondiale de la santé impose cinq rappels à l'enfant entre sa naissance et ses 15 ans. Au Liban, six doses sont administrées durant les onze premières années : à deux, quatre, six et dix-huit mois, puis à 5 et 10 ans. « Chaque pays décide d'appliquer le programme qu'il souhaite, précise le Dr Philippe Chédid, pédiatre. Au Liban, la majorité des pédiatres suivent plutôt le système américain. »
L'accessibilité des familles au vaccin est un facteur déterminant dans la lutte contre le tétanos. Si celui-ci n'est pas effectué chez le pédiatre, les centres de soins de santé primaire relevant du ministère de la Santé s'en chargent. « Seul un très faible nombre de villages reculés, en zones périphériques, rencontrent des difficultés, précise le Dr Mokhbat. L'an dernier, les deux cas ont été enregistrés dans la Békaa et un village isolé du Sud. » Le renforcement de l'hygiène dans les cliniques joue lui aussi un rôle très important. Depuis près de dix ans, aucun cas de tétanos néonatal n'a été enregistré au Liban. « Un gros travail a été réalisé à ce niveau-là, confie-t-il. Sachant que la plus grande majorité des accouchements ont lieu dans ces établissements, on ne peut que s'en réjouir. »

Soigner les plaies
Bien engagé, le combat contre le tétanos n'est cependant pas gagné. Les rappels nécessaires à l'âge adulte – toutes les décennies après 25 ans – ne sont pas constamment effectués. « Malheureusement, il arrive que certaines personnes vaccinées perdent leur état immunitaire et redeviennent donc vulnérables », confie Jacques Mokhbat. Pour pallier cette défaillance, des mesures se sont développées au Liban. Elles concernent notamment le traitement des plaies, par lesquelles s'introduisent les spores tétaniques. « Quand un patient va chez le médecin pour une plaie, on la nettoie bien et on lui administre le sérum antitétanique, lui demandant de revenir pour prendre son rappel du vaccin un mois plus tard », indique Philippe Chédid.
Cette mesure est destinée à lutter contre l'opportunisme du tétanos. Cette affection est provoquée par une toxine nerveuse produite par la bactérie Clostridium tetani, de la même famille que celle de la gangrène et du botulisme. « La bactérie est partout, dans la terre, dans la poussière, mais aussi peut-être sur mon bureau, là ! » dit Jacques Mokhbat. Les Clostridia sont anaérobies, c'est-à-dire qu'elles se développent mieux dans les milieux privés d'oxygène. « Les plaies causées par un écrasement des tissus et les blessures profondes par perforation sont des milieux propices au développement du tétanos, poursuit-il. C'est pour cela, bien que toute blessure doit être considérée sérieusement, que certaines sont plus prédisposées à favoriser le développement du bacille tétanique. »

En cas de contamination, le tétanos est facilement détectable. Le patient présente tout d'abord un trismus, une contraction continue de la mâchoire, qui s'étend ensuite à la nuque et dans le dos. Le tableau clinique se complète avec des contractures persistantes et des spasmes épisodiques douloureux et violents. Le médecin lui administre alors l'antitoxine antitétanique, mais aussi des relaxants pour faire face aux contractions musculaires générées par la maladie, ainsi que des antibiotiques pour limiter la maladie. Les mesures de soins sont essentielles pour contrôler les complications de la maladie : contrôle des voies respiratoires et ventilation mécanique si besoin, prévention des phlébites et des escarres, soutien nutritionnel.
Le virus reste dans 30 % des cas mortel. « Ce n'est pas lui qui tue, mais les complications qu'il entraîne, précise Jacques Mokhbat. Les contractions musculaires peuvent provoquer des fractures de la colonne vertébrale, mais aussi plonger le patient dans une grande incapacité respiratoire. » Le faible nombre de cas présents sur son sol devrait permettre au Liban de respirer.

 

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