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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La contre-révolution de droite des années 80 aux USA (suite)

En 2002, avec mes amis feu Jean Ducruet s.j., Carlo Akatchérian, Ziyad Baroud, feu Samir Kassir, Antoine Courban, Samir et Arlette Khalidy, Joe Bahout, Nada Moghaizel Nasr, Marie-Thérèse Khair Badaoui, Wadih Naja, Boutros Ghanem, Abdo et Hyam Kahi, Jad Habib et quelques autres, nous avons fondé une ONG, Souhatouna lana, dont le but était de sensibiliser le public aux dérives dangereuses de la médecine actuelle. Conscients des mécanismes de ces dérives, nous avons voulu avertir nos concitoyens.

La marchandisation de la santé
Cela débute par une mainmise de la loi du marché sur la médecine : « La logique de la marchandisation de la santé est allée en s'accentuant depuis les années 80, lorsque la notion de santé s'est progressivement transformée en un produit de consommation soumis aux lois de l'offre et de la demande, sur lesquelles le citoyen n'a aucune prise », écrivions-nous alors. Prenons l'exemple du Vioxx, un anti-inflammatoire qui a cessé d'être commercialisé en 2004. Au début des années 2000, les laboratoires Merck le présentent comme l'anti-inflammatoire idéal, capable de traiter arthrose et rhumatismes avec le moins d'effets indésirables possibles, particulièrement sur le plan gastrique. Résultat : selon la Food and Drug Administration (FDA), plus de 25 000 personnes sont mortes aux États-Unis d'infarctus et d'accidents cardio-vasculaires, et le médicament est retiré en 2004, trois à quatre ans après son lancement sur le marché.

Les laboratoires Merck furent accusés d'avoir retenu des informations sur la majoration des risques cardiaques, informations pourtant disponibles dès 2001, soit trois ans avant son retrait. Entre-temps, le laboratoire a engrangé le chiffre de 2 milliards de dollars annuels environ. Si nous regardons comment le Vioxx fut commercialisé, nous voyons des aberrations. Pour lancer le Vioxx, la campagne publicitaire dépasse les limites de l'imaginable. Ainsi, avant son retrait du marché, on voit son nom apparaître sur les murs d'enceinte de l'US Open à Flushing Meadows, 4e tournoi de tennis du grand chelem et regardé par des dizaines de millions de téléspectateurs. Le nom du Vioxx apparaît aux côtés d'autres sponsors comme des grandes banques internationales Merrill Lynch ou Morgan Stanley. La question se pose alors : Comment se fait-il que le nom d'un médicament, et non celui du laboratoire qui le fabrique, figure comme sponsor d'un des tournois de tennis le plus regardé au monde ?

Dans un tournoi de tennis aussi important que Flushing Meadows, l'impact du médicament sur l'esprit des téléspectateurs est incommensurable. Surtout qu'il s'agit d'un anti-inflammatoire. Si la législation américaine en matière de publicité pour les médicaments est particulièrement permissive, il n'en reste pas moins que dans le cas du Vioxx, les laboratoires Merck ont été très loin. C'est à proprement parler un lavage de cerveau. Cela n'aurait pas été possible si la marchandisation de la santé n'était pas en plein essor. Ainsi, les secteurs « marketing » des laboratoires pharmaceutiques ont été abusivement favorisés au détriment de leurs secteurs « recherche ». Il a fallu le scandale du sida en Afrique du Sud en avril 2001 pour que des commissions sénatoriales américaines découvrent cela et poussent les laboratoires à une plus grand visibilité de leurs stratégies commerciales.

Le scandale du sida a éclaté dans le monde entier le 19 avril 2001. En vertu des accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), 39 laboratoires pharmaceutiques ont pu poursuivre en justice l'Afrique du Sud pour lui interdire d'importer des médicaments à bas prix contre le sida? Le 19 avril, les 39 laboratoires ont retiré leur plainte. Un peu partout dans le monde, on a crié victoire. Or c'est le principe même de ces procès qui est en cause : comment est-ce possible que des laboratoires pharmaceutiques dont la puissance financière dépasse de très loin le pouvoir d'achat de beaucoup de pays pauvres puissent intenter un procès à l'Afrique du Sud pour importation de médicaments génériques dans la lutte contre le sida ? Comme nous le verrons dans la prochaine tribune, la marchandisation de la santé battait son plein.

 

 

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