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Économie - Éclairage

Politique économique : le « pragmatisme » de Macron déroute les libéraux

Emmanuel Macron avec des employés des chantiers navals STX de Saint-Nazaire, le 1er février 2016. Loïc Venance/AFP

Souvent dépeint par ses détracteurs comme ultralibéral, le président de la République française Emmanuel Macron défend une ligne économique « pragmatique » qui déroute les milieux libéraux dont les espoirs de voir se tourner une nouvelle page en matière de doctrine économique en France s'amenuisent.

« Pincez-moi, une nationalisation ! » titrait hier le quotidien libéral L'Opinion, au lendemain de l'annonce que l'État exerçait son droit de préemption sur les chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) aux dépens de l'italien Fincantieri. « Dans un pays où l'étatisme le dispute au jacobinisme, rien d'étonnant à ce que de La France insoumise au FN, cette "solution nationale" (jamais vue depuis 1981...) soit saluée par la quasi-totalité de la classe politique », ajoute le journal.

Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a en effet salué l'annonce lors d'une conférence de presse. « C'est contraire à la philosophie politique de M. Macron », a-t-il affirmé.

La ligne tenue par le chef de l'État de 39 ans n'est pourtant pas une surprise. En 2015, alors qu'il était ministre de l'Économie, Emmanuel Macron avait publié une tribune dans Le Monde dans laquelle il soulignait que les « réussites industrielles » du pays avaient été rendues possibles « grâce au soutien des pouvoirs publics et à l'énergie entrepreneuriale ». Avant d'ajouter, trois semaines après s'être opposé à la vente de Dailymotion à un groupe hongkongais : « L'économie de marché est un rapport de force sur lequel nous avons les moyens de peser... »

Perçu comme « finance-friendly » à l'inverse de François Hollande, l'arrivée au pouvoir de M. Macron a suscité des attentes dans les cercles libéraux qui voyaient d'un bon œil l'annonce d'un recentrage de l'impôt sur la fortune (ISF) sur l'immobilier et la taxe uniforme de 30 % sur les revenus du capital.
L'annonce début juillet d'un report de la réforme de l'ISF a donc provoqué une déception au sein de la frange libérale des soutiens du chef de l'État, qui, face à la fronde – ainsi qu'à la colère d'une partie de la population et de la gauche sur la réforme de la taxe d'habitation –, a dû opérer une volte-face.

 

(Pour mémoire : Revers de Macron sur le contrôle des investissements chinois)

 

« Pas de totems »
Avec l'élection de M. Macron, « on pensait qu'on allait changer de politique industrielle et en avoir une plus libérale, plus axée sur la recherche et le développement, et en soutien aux nouveaux secteurs. Là, ce qu'on voit c'est qu'on nationalise temporairement », tance l'économiste libéral Nicolas Bouzou. Pendant la campagne, note-t-il, Emmanuel Macron avait dit que « l'État ne pouvait pas tout et qu'il fallait mettre l'accent sur la formation. Avec STX, on se retrouve avec une politique économique qui était celle de Sarkozy, de Hollande : quand on a un problème, on donne de l'argent public, c'est dommage ».

Selon un banquier, le chef de l'État est « beaucoup plus à gauche et plus interventionniste qu'on ne le croit ». « Son intervention sur Renault (en 2015) l'a clairement démontré. On l'avait aussi vu dans le cadre de la consolidation dans les Télécoms face à Martin Bouygues, et cela va sans doute continuer », indiquait ce banquier en avril.

« Emmanuel Macron n'a pas de totem sur les prises de participation à l'intérieur des entreprises, pas plus qu'il n'a de totem sur les cessions de participation à l'intérieur des entreprises, souligne son entourage. Preuve en est, les actions qu'en tant que ministre de l'Économie ou secrétaire général adjoint de l'Élysée il a prises. » « Est-ce que ça veut dire qu'il va y avoir une vague de nationalisation ? Je crois que le ministre de l'Économie a été extrêmement clair à ce sujet, ajoute-t-on. Il y a une stratégie d'un État actionnaire qui est un actionnaire intelligent, qui préserve les intérêts de la France. »

 

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