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Moyen Orient et Monde - France

Le FN « a du mal à prouver qu’il peut gouverner »

La dirigeante du FN, Marine Le Pen, entourée le 21 juin dernier par les députés de son parti, fraîchement élus lors des législatives de juin. Archives Reuters/Charles Platiau

La présidente du Front national, Marine Le Pen, organise depuis hier et jusqu'à aujourd'hui midi un « séminaire de refondation » à huis clos pour engager la transformation du parti après ses échecs à l'élection présidentielle et aux législatives. Le politologue Olivier Rouquan décrypte pour L'Orient-Le Jour les enjeux de ce rassemblement, au cours duquel la dirigeante frontiste devra réaffirmer son autorité dans un contexte de dissensions internes.

 

Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle pris la décision d'organiser ce séminaire de refondation ?
La question de la stratégie électorale et idéologique du Front national s'est posée après les résultats de la présidentielle et des législatives. Le parti a dû faire face à des militants déçus du faible nombre de députés frontistes élus (8) par rapport au résultat enregistré par Marine Le Pen lors du premier tour de l'élection présidentielle (21,4 % des suffrages exprimés). Le parti a du mal à prouver qu'il peut gouverner. Il n'est toujours pas perçu par l'électorat français, mais aussi par une grande partie de ses sympathisants, comme un parti capable de diriger la France. Marine Le Pen poursuit à travers ce séminaire un double objectif : réaffirmer son leadership, tout en montrant qu'elle est capable de réorienter la ligne de son parti. C'est un ajustement du projet. Elle doit poursuivre la « normalisation » du FN engagée il y a plusieurs années, qui vise à ce que le parti ne fasse plus « peur » et puisse parler à tous les Français.

 

(Lire aussi : France : Le Pen confrontée à la "quadrature du cercle" sur l'euro)

 

Quels vont être les termes abordés par les dirigeants frontistes au cours de leurs réunions ?
La position du parti vis-à-vis de l'euro devrait être un thème central. Il s'agira de déterminer si le FN maintient sa volonté d'abandonner cette monnaie. Le vice-président Florian Philippot est catégorique, il le souhaite, alors que Marine Le Pen est désormais beaucoup plus ouverte sur cette question. Les discussions porteront aussi sur les priorités politiques. Les dirigeants vont décider du maintien des questions migratoires et identitaires au cœur du projet frontiste ou l'ouverture à d'autres domaines, comme l'économie. Viendront ensuite les questions « marketing » comme un éventuel changement de nom du parti, qui s'inscrira dans la « normalisation » voulue par Marine Le Pen.
Toutes les décisions prises ce week-end ne seront de toute façon que des propositions sur lesquelles seront consultés les adhérents, probablement en septembre. Mais si le Front national a vraiment la volonté de changer, c'est maintenant que cela doit se faire.

 

Florian Philippot a prévenu qu'il pourrait quitter le parti si le FN renonçait à abandonner l'euro. Quelles seraient les conséquences de son départ pour le Front national ?
Cela serait sans doute un coup dur. Le signe d'une régression du parti, d'un enfermement. Florian Philippot a été un acteur majeur de la « normalisation » du Front national, en lui permettant notamment de se développer sur la scène médiatique. Cependant, je pense que son départ sera plus une perte symbolique qu'électorale. La ligne sociale insufflée par Florian Philippot, qui a permis au parti d'attirer de nouveaux électeurs, n'a plus besoin de lui pour exister au FN. Marine Le Pen l'a adoptée et l'incarne seule désormais. Cet abandon ne sera pas sans conséquences certes, mais il aurait été beaucoup plus coûteux il y a quelques années.

 

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