Peter Keuchguerian : Je me mets en danger, je n’ai aucun problème à me moquer de moi

Comment devenir humoriste? Un parcours atypique
Conteur du quotidien, comique de stand-up, mais également étudiant en architecture à l'ALBA, Peter Keuchguerian surprend par sa maturité d'esprit et son naturel. Rendez-vous dans un café du côté de Gemmayzé. Un endroit où il a ses habitudes pour travailler, confie-t-il à L'Orient-Le Jour. Il faut dire que le jeune homme est un bosseur.

Du haut de ses 21 ans, il a déjà assuré la première partie du spectacle de Michel Drucker au Casino du Liban en mars dernier et s'est régulièrement produit sur scène en français, sa langue de prédilection. De fait, ses modèles viennent de l'autre rive de la Méditerranée : Jamel Debbouze, Gad Elmaleh ou encore Florence Foresti ont rythmé son enfance et adolescence.

Le déclic ? Le spectacle L'Autre c'est moi de Gad Elmaleh est une véritable révélation pour le jeune garçon d'alors. Une seule idée l'anime désormais : faire rire. Il privilégie rapidement l'expérience collective, car « le but c'est le public, le live ». Très attaché à l'instantanéité de ses performances, il précise : « Je ne sais pas si je pourrai faire autant rire avec une caméra. » Pas de YouTube en vue donc, mais une réelle obsession pour les planches. Autodidacte, il n'a jamais pris de cours de théâtre. Il a tout appris par lui-même à force de lecture et en assistant aux shows de ses modèles, toujours à l'affût des nouvelles représentations.

La sincérité comme enjeu scénique
Il n'y a pas de jeu, pas de faux-semblant, pas de personnage, Peter Keuchguerian se livre sur scène tel qu'il est et manie l'autodérision avec aisance : « Je me mets en danger. Je n'ai aucun problème à me moquer de moi. » Il regrette cependant une faible culture du stand-up au Liban et espère que cette scène artistique se développera dans les années à venir. Mais l'artiste est déterminé : il sait où il va et comment il va le faire. En chroniquant la vie de monsieur Tout-le-monde, il observe avec minutie le potentiel absurde de l'ordinaire. Aussi, « aucune différence entre le moi sur scène et le moi dans la vie », même si chaque sketch est préparé et recherché. Son public est relativement jeune, entre 15 et 30 ans, mais a tendance à s'élargir « de 8 à 99 ans ». L'humour est donc accessible à tous à condition de « ne jamais se prendre au sérieux » et de « rire de tout ».

Un humoriste singulier : la francophonie au cœur
Sa jeunesse lui permet de se projeter loin dans l'avenir. À la question « comment vous voyez-vous dans cinq ans ? » l'artiste hésite un instant puis sourit, « c'est drôle, je pensais à ça il y a quelques jours... J'aimerais vraiment conquérir le public libanais ». Un challenge de taille, précise-t-il, car l'usage de la langue française restreint son public. Mais le comique n'en démord pas : « Ce ne serait pas moi sur scène, en anglais ou en arabe. » Le jeune homme est ainsi sincèrement attaché au français et le revendique. « Je pense en français. Même pour le foot, je vis avec l'équipe de France. » Dans dix ans ? Il rêve de Paris, « pourquoi pas? ». Dans vingt ans ? « Le cinéma m'intéresse... » De vrais projets sont ainsi à venir pour ce passionné du genre, ambitieux sur le long terme.

Son prochain stand-up, Peter Keuchguerian fait son pestacle aura lieu les 8 et 12 juillet au Métro al-Madina. Il a réuni le meilleur de ses sketchs en un spectacle et promet de « tout donner sur scène » pour un résultat « très explosif ». Rendez-vous donc pour découvrir ce talent à suivre...

Métro al-Madina
Samedi 8 et mercredi 12 juillet 2017.
Portes ouvertes à 21h.
Le spectacle commence à 21h30. Billets à la Librairie Antoine et au Métro.