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Économie - Automobile

Renault-Nissan envisagerait un système de bonus cachés pour ses dirigeants

Le PDG Carlos Ghosn et d’autres dirigeants de l’alliance Renault-Nissan pourraient recevoir des millions d’euros de bonus annuels supplémentaires. Archives AFP

Les banquiers de l'alliance Renault-Nissan ont élaboré un projet permettant de verser des millions d'euros de bonus annuels supplémentaires au PDG Carlos Ghosn et à d'autres dirigeants via une société de service créée spécialement pour l'occasion, selon des documents vus par Reuters.

La proposition préliminaire prévoit que Renault, Nissan et maintenant aussi Mitsubishi versent à la société enregistrée aux Pays-Bas une portion des nouvelles synergies dégagées grâce à l'alliance. Celles-ci devraient atteindre 5,5 milliards d'euros (6,16 milliards de dollars) l'an prochain, un nouveau record après 4,3 milliards d'euros en 2016.

Les fonds transférés sous la forme de bonus en numéraire et en titres serviraient à « encourager les dirigeants à poursuivre les opportunités de synergies », selon une présentation d'Ardea Partners, société de banque d'investissement conseillant Carlos Ghosn sur les questions d'intégration accrue de l'alliance.

Le projet de bonus de l'alliance aboutirait à créer une nouvelle strate de rémunération des dirigeants qui échapperait à la supervision des actionnaires. Elle viendrait s'ajouter aux systèmes de bonus existant chez Renault, Nissan et Mitsubishi, dont Nissan a pris l'an dernier une participation de contrôle de 34 %.

Catherine Loubier, porte-parole de l'alliance, a démenti les informations de Reuters : « Cet article n'est pas basé sur une information fournie par l'alliance ou les entreprises qui en sont membres, et aucune décision de cette sorte n'a été prise », a t-elle déclaré sans plus de commentaires. Elle n'a pas répondu aux questions détaillées de Reuters sur la proposition ou sur les relations avec Ardea, qui a aussi refusé de faire un commentaire, tout comme le ministère des Finances.

 

Échapper au contrôle des actionnaires
L'État français, principal actionnaire de Renault avec près de 20 % du capital, s'oppose régulièrement au PDG Carlos Ghosn sur sa rémunération. À l'assemblée générale de 2016, le PDG a sauvé sa rémunération de 7,2 millions d'euros (8 millions de dollars) malgré un vote sanction des actionnaires, dont l'État. En ajoutant le salaire versé par Nissan, la rémunération de Carlos Ghosn atteint 15,6 millions d'euros (17,46 millions de dollars), faisant de lui le troisième patron le mieux payé des dirigeants du CAC 40. Mais après le tollé soulevé suite à l'AG de 2016, le conseil d'administration de Renault a finalement décidé l'été dernier de réduire de 20 % la part variable de la rémunération de Carlos Ghosn.

Les actionnaires de Renault auront à nouveau l'occasion de se prononcer sur la rémunération du PDG demain lors de l'assemblée générale annuelle du groupe. Le « say on pay » reste consultatif sur le montant de rémunération de l'exercice écoulé, mais devient contraignant sur la politique de rémunération à venir.

Selon la présentation du projet, l'alliance verserait 8 % des synergies additionnelles dégagées chaque année, soit l'équivalent de 80 millions d'euros (90 millions de dollars) si l'arrivée de Mitsubishi permet un milliard d'euros de synergies. Un tiers de cette somme serait réservé aux six principaux managers de l'alliance, dont Carlos Ghosn est actuellement président et directeur général. La nouvelle société « NewCo », établie aux Pays-Bas, serait détenue à 100 % par une fondation indépendante, « évitant les sujets de parties apparentées » qui exigeraient une information des actionnaires des constructeurs. Les versements échapperaient aussi aux charges sociales françaises. Selon un mémo daté de début juin et accompagnant la présentation du projet, celui-ci est soutenu par Carlos Ghosn. Il est ajouté dans le mémo : « Le schéma, dans ses détails, est toujours en cours d'élaboration. »

S'il se concrétise, un tel montage risque de susciter les critiques de certains investisseurs déjà préoccupés par les questions de salaire, de gouvernance, et par les inconnues liées à la procédure judiciaire engagée en France contre Renault pour « tromperie sur la qualité et les contrôles » à cause du dépassement des émissions diesel.

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