Ayman Hariri vend la totalité de ses parts dans Bankmed

Ayman Hariri a cédé la totalité de ses parts dans la holding GroupMed, propriétaire de Bankmed, à OLT Holding, détenu par l'homme d'affaires jordanien Ala al-Khawaja, a annoncé hier la banque dans un communiqué. Ayman Hariri, fils de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, détenait jusque-là 42,24 % du capital. Le reste des parts est actuellement réparti entre son demi-frère et actuel Premier ministre, Saad Hariri, (également 42,24 % du capital) et sa mère Nazek Hariri (15,51 %).

« Le prix de l'acquisition (s'est basé sur) une valorisation totale de GroupMed Holding à 1,267 milliard de dollars », a précisé le communiqué, ce qui correspond à une transaction de 535 millions de dollars. L'annonce officielle de l'acquisition intervient suite à son approbation par la Banque du Liban (BDL), alors que les négociations entre les principaux concernés avaient débuté il y a plus de six mois, confie à L'Orient-Le Jour une source bancaire ayant requis l'anonymat. « La Banque centrale a mis beaucoup de temps à donner son accord car M. al-Khawaja est inconnu du secteur bancaire libanais », commente la source.

Introduction en Bourse en vue ?
« Cet investissement doit être considéré comme le signe d'une confiance inébranlable en Bankmed, mais aussi dans le secteur bancaire libanais, l'économie et la stabilité permanente du Liban », a déclaré M. al-Khawaja, cité dans le communiqué. Un enthousiasme partagé par le président de GroupMed, Mohammed Hariri qui estime que cette transaction constitue « un support additionnel évident à la stratégie de Bankmed sur le long terme, visant à promouvoir davantage de croissance, de performance et d'expansion de ses activités financières, tout en assurant une continuité des valeurs de la banque ».

« Cette acquisition ouvrira la voie à une augmentation et une diversification de la structure de propriété de GroupMed, pouvant aboutir à une introduction en Bourse dans un futur proche », a également affirmé M. al-Khawaja, sans préciser à quelle place boursière celle-ci serait effectuée. Pour rappel, la privatisation de la Bourse de Beyrouth, destinée à la rendre plus attractive, et la création d'une Bourse électronique dédiée aux petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu'aux start-up sont attendues courant 2017, avait assuré fin janvier à L'Orient-Le Jour Firas Safieddine, membre du conseil d'administration de l'Autorité des marchés de capitaux (AMC).

« L'acquisition est rassurante, d'une part car elle témoigne de l'intérêt permanent des investisseurs pour l'achat de parts dans les banques libanaises, et d'autre part car elle s'est déroulée de manière transparente et a été approuvée par la BDL », estime la source bancaire. Interrogé sur les motifs ayant poussé Ayman Hariri à vendre ses parts, la source rappelle que « son frère aîné Bahaa Hariri avait également cédé en 2008, par souci d'indépendance, toutes ses participations dans les entreprises codétenues par les membres de sa famille avant de créer ses propres sociétés ». « Ayman Hariri aurait sans doute pu vendre ses parts à son frère Saad Hariri, si ce dernier n'avait pas des problèmes de liquidités », avance la source bancaire, en référence à la crise financière que traverse Saudi Oger.

Selon son dernier bilan consolidé, les actifs de la Bankmed ont atteint 16,8 milliards de dollars, en hausse de 4,2 % depuis fin 2016, tandis que les dépôts de la clientèle se sont, quant à eux, élevés à 12,2 milliards de dollars, en hausse de 1,2 % depuis fin 2016. Les profits nets consolidés de la Bankmed ont atteint 35,9 millions de dollars au premier trimestre 2017, en hausse de 1,3 % par rapport à la même période un an plus tôt.

Le réseau de la Bankmed est constitué de 67 agences au Liban, une à Chypre, trois en Irak, une au Dubai International Financial Centre (DIFC). Le groupe a également des filiales en Turquie (Turkland Bank, T-Bank), en Arabie saoudite (SaudiMed Investment Company), en Suisse (Bankmed Suisse) et au Liban. Le groupe est par ailleurs actif dans le conseil en placements financiers avec sa filiale MedSecurities et dans la microfinance avec sa filiale Emkan.

Actuellement basé en Égypte, Ala al-Khawaja a réalisé des investissements dans le secteur des télécoms, principalement dans les deux compagnies égyptiennes Global Telecom Holding et Orascom Telecom Media and Technology Holding (NDLR : qui gère Alfa au Liban), détaille le communiqué. Il détient également des biens immobiliers commerciaux et résidentiels en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Royaume-Uni et en France. M. Khawaja a déjà pris part à plusieurs transactions dans le secteur financier, incluant la Société générale, EFG Hermès et l'Egyptian American Bank en Égypte, ainsi que Bank Audi au Liban, ajoute le document.