Rechercher
Rechercher

À La Une

Une vague de censure touche la presse en ligne en Egypte

Depuis le 24 mai, pas moins de 57 sites sont devenus inaccessibles pour les internautes égyptiens, selon  une organisation non gouvernementale qui recense les fermetures de sites sur Internet.

Des journalistes égyptiens appellent à la libération de leurs collègues arrêtés par les autorités lors d'une manifestation devant le syndicat de la presse, le 28 avril 2016, au Caire. REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

La censure des sites d'opposition s'étend en Egypte alors que le pays se prépare à une élection présidentielle l'an prochain qui devrait voir Abdel Fattah al-Sissi briguer un nouveau mandat face à des rivaux privés de certains moyens de communication.

"Il y a des gens prêts à se porter candidat à la présidence et ils devront faire entendre leur voix sinon ils n'auront aucune chance", note Adel Sabry, rédacteur en chef du site Masr al-Arabia, fermé le mois dernier par les autorités.

Depuis le 24 mai, pas moins de 57 sites sont devenus inaccessibles pour les internautes égyptiens, selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression, une organisation non gouvernementale qui recense les fermetures de sites sur Internet.

Les journalistes estiment que cette campagne de censure dirigée contre eux est un pas supplémentaire vers l'instauration d'un monopole de l'Etat sur la presse.

Les autorités égyptiennes semblent avoir retenu les leçons de la libéralisation menée dans la dernière décennie du règne d'Hosni Moubarak qui avait vu une multiplication des organes de presse privés. C'est cette libéralisation qui, selon les journalistes égyptiens, a contribué à la chute de l'ancien raïs.

Le dernier site en date contraint de fermer est al-Bedaïah, animé par le journaliste Khaled al-Balchi, l'une des rares voix de la dissidence en Egypte. Les membres de la rédaction ont dû faire face à un harcèlement policier pendant des années jusqu'à ce que leurs articles ne soient plus accessibles dimanche.

"Soyons réalistes, les sites égyptiens qui subissent ça doivent compter sur une fermeture de longue durée. Ce n'est pas du court terme", explique Khaled al-Balchi.

Dans son bureau du centre du Caire, les quatre postes de travail sont inoccupés. Les membres de la rédaction ont peur de venir travailler.

 

(Lire aussi : Egypte : promulgation d'une loi controversée sur les ONG)

 


Sujet sensible
Bien qu'aucun chiffres précis ne soit disponible, l'Egypte possède une presse privée active et largement consultée, soit sur papier, soit sur le web, et le public se passionne pour des émissions de débats diffusées en fin de soirée à la télévision.

Les journalistes égyptiens ont appris à composer avec les lignes jaunes à ne pas franchir. Ainsi, exprimer des critiques envers l'armée, le président ou la justice est considéré comme un tabou et une infraction passible de la prison.

Pour Makram Mohamed Ahmed, président du Conseil suprême des médias, nouvelle instance gouvernementale de régulation, la fermeture des sites internet se justifie par leur proximité avec les Frères musulmans et leur "soutien au terrorisme".

La confrérie islamiste est désormais illégale en Egypte après que leur candidat Mohamed Morsi a été renversé par l'armée en juillet 2013. Il était alors le premier président égyptien élu démocratiquement.

Les derniers articles mis en ligne par les journalistes du site al-Bedaïah concernaient le transfert de deux îles inhabitées de la mer Rouge à l'Arabie saoudite, l'un des plus solides soutiens financiers de l'actuel pouvoir égyptien. Ce transfert doit faire l'objet d'un vote du Parlement dans les prochains jours.

Pour M. Balchi et certains de ses confrères, cette vague de censure vise à étouffer le débat sur une question qui, selon des membres de l'opposition, a écorné l'image d'Abdel Fattah al-Sissi. Ce dernier apparaît comme ayant fait preuve de faiblesse sur le sujet très sensible de la souveraineté nationale.

Face à cette dérive, l'Allemagne, premier partenaire commercial de l'Egypte, a appelé au respect des règles de droit et à une plus grande liberté religieuse. "La sécurité seule n'encourage pas une société dynamique et prospère. Nous pensons que la stabilité et la croissance doivent être liées avec une société ouverte, avec un dialogue, avec le droit et le pluralisme religieux", a estimé la ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, qui s'exprimait lundi devant la presse aux côtés du président Sissi à Berlin.

 

Pour mémoire
Dans l'Egypte de Sissi, le pouvoir s'en prend aux sites internet

L'Egypte se dote d'un Conseil suprême de la presse et des médias

Egypte: le président du syndicat de la presse condamné à 2 ans de prison

Egypte: le régime est en "guerre" contre la presse (syndicat)

La censure des sites d'opposition s'étend en Egypte alors que le pays se prépare à une élection présidentielle l'an prochain qui devrait voir Abdel Fattah al-Sissi briguer un nouveau mandat face à des rivaux privés de certains moyens de communication.
"Il y a des gens prêts à se porter candidat à la présidence et ils devront faire entendre leur voix sinon ils n'auront aucune chance",...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut