Cinquante familles syriennes réfugiées dans le jurd de Ersal, comptant près de 400 personnes environ, sont retournées chez elles, samedi dernier, dans le village frontalier de Assal el-Ward, sur le versant syrien de l'Anti-Liban (à l'opposé du village libanais de Tfeil). Encadrés par l'armée libanaise et par les services de renseignements jusqu'à la frontière libano-syrienne, leurs convois d'une trentaine de véhicules civils environ ont emprunté « les routes sinueuses de Aakabet el-Jurd et de Maharrat, mais aussi l'itinéraire de Nahlé et Wadi el-Raayane », précise l'agence al-Markaziya.
« L'opération est le résultat de négociations principalement menées par le Hezbollah, auxquelles l'armée a pris part, affirme à L'Orient-Le Jour le général à la retraite Khalil Hélou. L'objectif du Hezbollah étant de créer une ambiance vivable dans toutes les régions syriennes à majorité sunnites qu'il a investies et qui sont désormais placées sous son hégémonie. » Et ce depuis que le canon s'est tu dans ces régions à proximité de la frontière libanaise. « À Assal el-Ward, certes, mais aussi à Zabadani, Madaya, Qousseir, Flita, Rankous », et dans d'autres villages investis par le Hezbollah qui ont été « évacués par l'opposition syrienne à l'issue de négociations avec le régime syrien ». « Ce qui pourrait encourager davantage de familles réfugiées de Syrie à retourner chez elles », poursuit le général Hélou. Pour ce faire, le parti chiite a donné des garanties, « assurant que les réfugiés qui retourneraient chez eux seraient sous sa protection et ne seraient en aucun cas inquiétés ».
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À plus long terme, l'objectif du Hezbollah est d'encourager les 100 000 réfugiés syriens installés dans les régions allant de Qaa à Baalbeck, et plus particulièrement dans le jurd de Ersal, à retourner chez eux, compte tenu que « la grande majorité de ces réfugiés n'ont pas d'affiliation politique ». « Il considère qu'ils sont présents en trop grand nombre dans la Békaa-Nord » et craint que les poches de réfugiés ne soient « une pépinière de recrutement dans les rangs extrémistes ». « Parmi ces réfugiés, on compte environ 10 000 islamistes extrémistes », observe M. Hélou, à ce propos.
L'expert militaire ajoute que par son initiative, le Hezbollah cherche aussi « à éviter la mise en place dans cette région, par la Turquie et la Russie, d'une zone à tension réduite. La création d'une telle zone qui implique une trêve imposerait la présence d'une force militaire turco-russe, ce qui n'arrange pas le parti chiite », fait-il remarquer. Le front ouest syrien étant désormais calme, des réfugiés des régions frontalières avec le Liban ont donc « accepté de rentrer chez eux, à l'issue de tractations avec le Hezbollah ». Il faut dire aussi que ces réfugiés sont « majoritairement des paysans. Vivant au Liban dans des conditions de grande précarité, ils pourront, une fois chez eux, cultiver à nouveau leurs terres et manger à leur faim ». À la condition, certes, que le calme persiste.
Les propos tenus hier par le membre du directoire du Hezbollah, le cheikh Nabil Qaouq, ne présagent rien de bon. Il a invité le Liban « à aller dans le sens des victoires enregistrées par les deux armées syrienne et irakienne, et à poursuivre la bataille dans le jurd de Ersal et à Ras Baalbeck ».
Pour mémoire
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Laissez ces gens rentrer chez eux sans trop rager ca vaudra mieux pour tout le monde
14 h 25, le 13 juin 2017