Maintenant qu'un accord a été conclu sur la nouvelle formule électorale à adopter ainsi que sur les délais pour le vote du texte final, il reste à voir quand et dans quelles conditions techniques se dérouleront les prochaines législatives. Prévue depuis que les délais constitutionnels ont déjà largement expiré, la prorogation technique de la législature et sa durée sont devenues le nouvel enjeu sur la scène politique.
Conscient du défi qui l'attend, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, s'est dépêché hier de donner une estimation générale du temps nécessaire pour assurer la formation du personnel chargé de la logistique de l'opération électorale, soit « six à sept mois pour les habiliter à se familiariser avec la nouvelle loi », a-t-il indiqué. M. Machnouk a saisi l'occasion pour rappeler les multiples lacunes des équipes recrutées au niveau du savoir-faire révélées lors des élections municipales, en mai de l'an dernier.
« La nouvelle génération de chefs des bureaux scrutateurs et personnel chargé du dépouillement des voix n'avait pas reçu à l'époque l'entraînement adéquat pour remplir sa mission », commente une source informée. Aujourd'hui, il s'agit également de former ceux qui étaient déjà rodés au système majoritaire auquel va se substituer désormais un nouveau mode de scrutin, la proportionnelle, appliquée à 15 circonscriptions et assortie d'une pléthore de techniques électorales inédites pour le Liban.
Entre le seuil de qualification, le vote préférentiel, les modalités de décompte des voix et des sièges selon le système confessionnel, les techniques envisagées par la nouvelle loi à venir sont complexes et leur mise en exécution laborieuse. D'où la nécessité impérieuse de mettre en place un système informatisé pour les calculs des résultats notamment, une procédure rapidement évoquée hier par le ministre de l'Intérieur. Selon des sources informées, M. Machnouk a déjà transmis au président de la Chambre, Nabih Berry, une étude relative à ce projet, effectuée en coordination avec les Nations unies, dans le cadre du projet PNUD-LEAP, un document qu'il avait remis jeudi au président de la République, Michel Aoun, et qu'il doit encore transmettre au Premier ministre, Saad Hariri. Encore faut-il que le système soit approuvé et son financement trouvé.
(Lire aussi : La loi électorale au centre du prochain Conseil des ministres... « sauf surprise de dernière minute »)
Bulletins préimprimés
Un délai supplémentaire est par ailleurs requis pour la campagne de formation et d'information des électeurs afin de les familiariser avec le nouveau système de vote, un sujet également évoqué par le ministre hier. « Il s'agit de faire parvenir le message à l'ensemble de l'électorat, jusque dans les régions les plus éloignées », commentent ces sources. Le ministère doit également plancher sur une série de réformes promises bien avant le scrutin de 2009 et jamais introduites dans la pratique électorale. Il s'agit notamment des bulletins préimprimés, les mesures à prendre pour faciliter l'accès des personnes à besoins spécifiques aux bureaux de vote, le quota des femmes ainsi que le vote des émigrés qui reste à organiser, un principe qui semble désormais acquis. Autant de réformes promises qui ne sauraient voir le jour en quelques mois.
Il reste enfin la question centrale de la mise en place de la commission de supervision de l'opération électorale dite « indépendante », déjà prévue par la loi de 1960 revue et corrigée actuellement en vigueur, mais dont « la mission n'a pas été concluante durant les élections de 2009 », relèvent les experts.
Censée contrôler le bon déroulement du scrutin et surveiller les dépenses et la communication électorale, cette commission a fait preuve de « conservatisme » et de « timidité », notamment pour ce qui est de « la rigueur dans le contrôle de la clause relative aux dépenses, de la publicité et des campagnes électorales », affirme Saïd Sanadiki, expert au Centre européen d'appui aux élections. Selon lui, la mise sur pied de cette commission doit se faire 3 mois avant la date de l'ouverture des dépôts de candidatures prévue 90 jours avant les élections.
« Outre la désignation des onze membres qui forment la commission, il faudra également compter le temps nécessaire pour le recrutement et la formation des observateurs et des analystes au sein de cette commission qui doivent s'acquitter d'une double tâche, juridique et technique, ainsi que pour la définition de la méthodologie de travail », précise l'expert.
Un long chemin reste ainsi à faire en matière de logistique. Ceci pour dire que l'ambition exprimée hier dans les milieux de la coalition chrétienne (CPL-FL) de voir les élections se tenir d'ici à septembre prochain est des plus irréalistes.
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Quelle formule pour le vote préférentiel et le décompte des voix ?
Maintenant qu'un accord a été conclu sur la nouvelle formule électorale à adopter ainsi que sur les délais pour le vote du texte final, il reste à voir quand et dans quelles conditions techniques se dérouleront les prochaines législatives. Prévue depuis que les délais constitutionnels ont déjà largement expiré, la prorogation technique de la législature et sa durée sont devenues...
commentaires (8)
En donnant la possibilite a ces gaga de faire une etude des projets , - en plus informatise - eh bien ces dits elections inchallah c'est pour 2022... dependant des survivants
aliosha
19 h 37, le 03 juin 2017