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Liban - Crise

Le maintien de la loi de 1960, un épouvantail brandi par Aoun, selon le CPL et les FL

Adwan, reçu par Hariri, promet une intensification des contacts pour parvenir à une nouvelle formule électorale.

Le dossier de la loi électorale a été au centre d’un entretien entre le Premier ministre, Saad Hariri, et le député FL, Georges Adwan, hier, au Sérail. Photo ANI

La déclaration, mardi, du président Michel Aoun, selon laquelle l'organisation des législatives sur base de la loi de 1960 est envisageable, faute d'entente sur un nouveau texte, a suscité un vif émoi dans les milieux politiques, notamment ceux favorables à la proportionnelle, et donné libre cours aux spéculations sur les scénarios à venir.

Si le Hezbollah s'est gardé hier de tout commentaire à ce sujet, par le biais de ses députés, habituellement loquaces sur la question, d'autres composantes du 8 Mars se sont empressées d'opposer un non tonitruant à un maintien de la loi de 1960. C'est le cas notamment du PSNS d'Ali Kanso, et, surtout, du leader des Marada, Sleiman Frangié, et du chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslan, reçu à Bnechaï. M. Arslan a fait état d'une concordance de vues avec son hôte sur le refus de cette loi. « Nous sommes pour la proportionnelle intégrale qui garantit les droits et le poids politique de tous », a souligné M. Arslan, en houspillant la loi de 1960 « qui favorise les divisions ». « Si cette proposition avait été avancée il y a quatre mois, nous aurions pu la tolérer », a-t-il ajouté.

Abondant dans le même sens, Sleiman Frangié a indirectement critiqué le CPL pour ce qu'il a appelé ses revirements de position : « Nous devons nous entendre une fois pour toutes sur ce qu'est l'intérêt des chrétiens. » « Comment se fait-il que ce sur quoi nous nous étions entendus à Bkerké, en présence de tous les pôles chrétiens, notamment maronites, et qui était à l'époque dans l'intérêt des chrétiens, ne l'est plus aujourd'hui ? » s'est interrogé M. Frangié. « Nous voulons savoir pourquoi la proportionnelle était dans l'intérêt des chrétiens il y a deux ans et ne l'est plus actuellement. Mentions-nous à l'époque ou aujourd'hui ? » a-t-il insisté.

Dans les milieux proches de Aïn el-Tiné, on n'a pas non plus commenté ouvertement les propos présidentiels, mais de sources proches du président de la Chambre, Nabih Berry, citées par l'agence al-Markaziya, on ne cache pas son mécontentement face à l'échec des pourparlers autour de la loi électorale, en l'attribuant en quelque sorte au CPL « qui insiste sur des formules confessionnelles de nature à améliorer sa représentation et marginaliser ses adversaires », et en lui reprochant de s'être « retourné contre la proportionnelle qu'il défendait ». Et si, de mêmes sources, on s'attend à ce que la réunion parlementaire du 29 mai donne le coup d'envoi du processus constitutionnel qui devrait déboucher sur l'organisation des élections en septembre, dans les milieux proches du CPL on estime que rien ne sera décidé à ce sujet avant le 20 juin, date à laquelle le mandat de la Chambre expirera. Dans les milieux du CPL et des Forces libanaises, on situe les propos du chef de l'État dans le cadre de manœuvres visant surtout à pousser les forces politiques, qui ont dans leur ensemble diabolisé la loi de 1960, à redoubler d'efforts pour parvenir à une formule électorale consensuelle.

On souligne aussi que les deux formations chrétiennes insistent toujours pour que les prochaines législatives aient lieu sur base d'une nouvelle loi électorale. Ce qui a poussé hier le député Ibrahim Kanaan à affirmer qu'une nouvelle loi électorale sera adoptée avant l'expiration du mandat du Parlement, le 19 juin. « Le temps qu'il nous reste demande volonté et persévérance afin de parvenir à un résultat positif et d'éviter les hypothèses négatives », a-t-il écrit sur Twitter, en allusion à la loi de 1960.

C'est un peu le même esprit de la déclaration faite par le député FL, Georges Adwan, au terme d'un entretien hier dans l'après-midi avec le chef du gouvernement, Saad Hariri. Il a répété que la loi de 1960 restera toujours le dernier recours, « que nul ne souhaite », mais que d'ici au 20 juin les contacts s'intensifieront « dès ce soir » (hier) pour essayer de parvenir à un consensus autour de la loi électorale. « Le président a essayé hier (lundi) de pousser tout le monde à dégager une nouvelle formule électorale, a déclaré M. Adwan. Nous sommes d'accord avec le courant du Futur et le Premier ministre sur le fait que nous ne voulons ni une prolongation du mandat de la Chambre, ni un vide constitutionnel, ni la loi de 1960. Nous allons essayer d'aplanir tous les obstacles. Nous ne reculerons devant rien. Nous sommes très près de parvenir à une nouvelle loi électorale, d'autant que la majorité écrasante (des forces politiques) s'est prononcée en faveur de la proportionnelle », a soutenu le parlementaire FL, avant d'ajouter : « Il ne nous reste plus qu'à en établir les règles et les garde-fous pour une représentation juste et authentique » des élections. Sauf que c'est sur ces deux points que « la majorité écrasante » dont fait état M. Adwan n'arrive pas à s'entendre.

L'ancien président Michel Sleiman a déploré à ce propos l'incapacité des autorités à approuver la loi transmise sous son mandat au Parlement (la loi Mikati prévoyant la proportionnelle sur base de 13 circonscriptions), en écrivant sur son compte Twiter que « les Libanais ont aujourd'hui peur pour la démocratie ». Pour sa part, l'ancien ministre, Farès Boueiz, estimait que le maintien de la loi de 1960 sera « un coup porté au régime par le régime ».

 

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