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Si jeunesse savait...

On les connaissait très râleurs, un peu aigris, pessimistes, excellents dans l'autoflagellation, méfiants, pas friands de success stories. Sauf que les Français viennent de montrer, à leurs compatriotes et au monde entier, qu'il ne faut jamais les étiqueter ; qu'ils sont à la fois ceux qui ont idolâtré Louis XIV et ceux qui ont guillotiné Louis XVI : en accordant 65 % des suffrages à Emmanuel Macron, ils viennent d'asséner un message clair, net et précis d'ouverture, d'espoir, d'espérances aussi, mais surtout d'audace. Cette exacte même audace que le président élu incarne depuis son entrée dans la vie politique française et qu'il va lui falloir, vitalement, pérenniser. Avec une feuille de route résumée en un mot, un seul, encore plus compliqué à mener à bout que les douze travaux d'Hercule réunis : déradicaliser. Dé-ra-di-ca-li-ser.

Déradicaliser, d'abord, la France. Elle est dangereusement plurielle, pratiquement quadripolaire, déchirée, exacerbée par des certitudes/illusions, avec des peuples qui ne se contentent pas de se regarder en chiens de faïence, recourant au contraire, de plus en plus, aux invectives, aux fatwas, aux excommunions, mais aussi, aux mains, ou aux armes.

Déradicaliser, plus en profondeur, les esprits : déradicaliser ces femmes et ces hommes plongés dans une misère souvent insupportable et qui se réfugient dans les extrêmes ; déradicaliser ces femmes et ces hommes persuadés que l'autre, le non-Français, le non-chrétien, le non-hétéronormé, est monstrueux et indésirable ; déradicaliser ces Françaises et ces Français de confession musulmane pour les aider, ou les obliger, à s'intégrer, pour leur redonner confiance dans la France ; déradicaliser tous ceux qui sombrent dans le jihadisme/terrorisme (physique) islamiste ou dans le jihadisme/terrorisme (intellectuel) de l'extrême droite, en pleine expansion, ou des résidus de l'extrême gauche.

Déradicaliser, par conséquent, les mentalités, faire comprendre aux Français qu'il est impensable, et invraisemblable, que leur pays, cinquième économie et première destination touristique mondiales, soit aussi hermétique aux réformes, notamment économiques – des réformes qui devront être intelligentes, dosées, efficaces.

Déradicaliser, ensuite, l'Union européenne, sa perception, ses apparences et ses transparences. Comme pour le reste, réconcilier les Français avec leur double identité, avec cette franco-européanité, avec cette mama seule à même de les protéger, de les renforcer, de stimuler, amplifier, centupler ce génie français auquel Emmanuel Macron a fait allusion après sa victoire. Déradicaliser, dans la foulée, c'est urgent, la mondialisation dans son esprit et dans sa lettre, la dédiaboliser carrément; rappeler que la planète entière est concernée, qu'il en est et qu'il en sera ainsi, qu'il est impossible de s'en débarrasser et que ce qui importe, c'est d'apprivoiser cette mondialisation, d'en tirer la substantifique moelle.

Déradicaliser, tout autant, la vie et la praxis politiques en France. Traduire dans les faits cette historique, cette insensée redistribution des cartes opérée par la présidentielle 2017. Imposer, dans le dialogue, souplement, fermement, une nouvelle, une revigorante façon de faire du et de la politique. Essayer de comprendre pourquoi l'Allemagne, politiquement, a réussi...

Déradicaliser, enfin et surtout, sa propre personne. Oui : Emmanuel Macron est détesté par une frange importante de ses concitoyens. Son ascension stratosphérique et absolument inédite ; les mystères Macron ; les ambiguïtés que le successeur de François Hollande entretient savamment, etc. : le nouveau locataire de l'Élysée, conquérant, optimiste et intuitif comme peu de femmes et d'hommes politiques ont voulu, pu et su l'être, doit impérativement et rapidement réconcilier les Emmanuel Macron qui sont en lui. Réconcilier les impatiences et la puérilité de la Rotonde postpremier tour avec l'hypergravité et l'hypersolennité de son premier discours, magnifique, mais asséné sans la moindre ébauche de sourire à partir de son QG hier. Réconcilier sa flamboyante jeunesse avec l'idée qu'il a probablement de sa nouvelle fonction, capable de le transfigurer bien davantage encore ; ne pas oublier son âge ; se souvenir d'un certain Barack Obama, d'un Schröder, d'un Blair, d'un Trudeau... Et, comme il a réinventé l'amour, apprendre à réinventer également cette manière d'être président de la République : aller sur le terrain, continuer à se salir comme sur le parking de Whirlpool, retrousser ses manches avec les agriculteurs, débattre avec les intermittents du spectacle, se dérothschildiser, se démacroniser un peu, se chiraquiser beaucoup, ne jamais cesser de s'étonner de lui-même. Pour que la France étonne, à nouveau, le monde.

Et de droite et de gauche, ni de droite ni de gauche, Emmanuel Macron était hier l'enfant recueilli à la naissance par un couple hors norme : François Mitterrand et Jacques Chirac. Dans l'hypercentre de Paris hier, adossé à cette pyramide voulue par Mitterrand et agréée par Chirac, l'homme qui aime qu'on l'aime ressemblait étrangement, encore une fois, à John Fitzgerald Kennedy. Qu'il ne finisse pas comme lui.

On les connaissait très râleurs, un peu aigris, pessimistes, excellents dans l'autoflagellation, méfiants, pas friands de success stories. Sauf que les Français viennent de montrer, à leurs compatriotes et au monde entier, qu'il ne faut jamais les étiqueter ; qu'ils sont à la fois ceux qui ont idolâtré Louis XIV et ceux qui ont guillotiné Louis XVI : en accordant 65 % des suffrages à...

commentaires (2)

Eh bien oui si jeunesse savait , Si jeunesse connaissait mieux la langue française , ses poètes , ses philosophes . Si jeunesse connaissait mieux l'histoire de France depuis Vercingetorix a nos jours . Si jeunesse connaissait l'histoire des religions , pour mieux comprendre chacune d'elle et comprendre les ressemblances et les différences de chacune d'elle . Si jeunesse connaissait mieux la culture française , si riche , si fine , si enrichissante Malheureusement rien de tout cela n'est plus enseigne dans les écoles , du moins en profondeur . Les bases de la langue française que sont la grammaire , l'orthographe , et la rédaction , sont négligés . D'où toute une génération de jeunes et de moins jeunes ne savent pas rédiger une lettre , sans commettre une multitudes de fautes d'orthographe et de fautes de français . L'éducation civique a disparu , les jeunes se croient tout permis , ne respectent plus les plus élémentaires règles de la bienséance . Aussi pour tout cela , il faudra une réforme profonde de tout le système éducatif Pour conclure , une tête bien faite est préférable à une tête bien pleine , mais l'une n'empêche pas l'autre . Dr . Loutfi Antaki

antaki loutfi

08 h 25, le 09 mai 2017

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Commentaires (2)

  • Eh bien oui si jeunesse savait , Si jeunesse connaissait mieux la langue française , ses poètes , ses philosophes . Si jeunesse connaissait mieux l'histoire de France depuis Vercingetorix a nos jours . Si jeunesse connaissait l'histoire des religions , pour mieux comprendre chacune d'elle et comprendre les ressemblances et les différences de chacune d'elle . Si jeunesse connaissait mieux la culture française , si riche , si fine , si enrichissante Malheureusement rien de tout cela n'est plus enseigne dans les écoles , du moins en profondeur . Les bases de la langue française que sont la grammaire , l'orthographe , et la rédaction , sont négligés . D'où toute une génération de jeunes et de moins jeunes ne savent pas rédiger une lettre , sans commettre une multitudes de fautes d'orthographe et de fautes de français . L'éducation civique a disparu , les jeunes se croient tout permis , ne respectent plus les plus élémentaires règles de la bienséance . Aussi pour tout cela , il faudra une réforme profonde de tout le système éducatif Pour conclure , une tête bien faite est préférable à une tête bien pleine , mais l'une n'empêche pas l'autre . Dr . Loutfi Antaki

    antaki loutfi

    08 h 25, le 09 mai 2017

  • Pourquoi cette dernière phrase: " qu'il ne finisse pas comme lui" ( John F. Kennedy) ? Monsieur Ziyad Makhoul, n'est-ce pas lui jeter un mauvais sort, à ce pauvre Emmanuel Macron, à la fin d'un article assez élogieux le concernant ? Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 10, le 08 mai 2017

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