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Lifestyle - This is America

De la cafèt’ à la Cour suprême

Dans ce solennel temple de la justice, tout commence par la cuisine.

Le juge Neil Gorsuch après sa nomination à la Cour suprême, le 31 janvier 2017 à la Maison-Blanche, à Washington. Brendan Smialowski/AFP

Après moult débats et oppositions du Parti démocrate, Neil Gorsuch, candidat de Donald Trump à la Cour suprême, a pu être nommé à ce poste le 3 avril. Cette nomination ayant été confirmée le 7. Mais une autre épreuve l'attendait. Une fois achevé le cérémonial de l'accueil et des félicitations, le nouveau juge Neil Gorsuch a de suite été pris en charge par sa collègue et prédécesseure, la juge Elena Kagen. Son rôle était de l'initier aux us et coutumes de la maison. À commencer par cet axiome : dans ce solennel temple de la justice, tout commence par la cuisine. En effet, le nouveau venu se voit d'abord confier le fonctionnement et la supervision de la cafétéria, charge qu'il doit assumer jusqu'à la nomination d'un prochain membre de la Cour suprême. Elena Kagen a tenu ce rôle durant six ans et Stephen Breyer, le célèbre juge libéral, durant treize ans. À propos de cette tâche, Mme Kagan avait confié, lors d'une causerie informelle : « C'est là un rappel à l'humilité pour chacun d'entre nous. On a tendance à croire que l'on va avoir entre les mains des affaires brûlantes de haut niveau et que l'on est une personne importante puisqu'on vient d'être confirmé à la Cour suprême des États-Unis. » Alors, petit retour aux besognes bassement terre à terre qui consistent d'abord à se rendre chaque mois à la réunion du comité de la cafétéria pour discuter du menu et de la bonne qualité des soupes ou des chocolat chips cookies, et même... ouvrir la porte.

À noter que les juges déjeunent ensemble à la cafétéria quand ils sont en session autour d'un cas précis, une occasion pour eux de signaler qu'un plat est trop salé ou un autre, pas suffisamment. Ici, le menu est conventionnel. On y trouve, entre autres, plats, soupes, sandwiches, burgers, poulets frits, quesadillas et un plat du jour. Récemment, la juge Kagan a fait installer une machine de Frozen Yogurt. Pour être dans l'air du temps, le juge Breyer a, lui, inclus un coin pour le café Starbucks.

 

Rituels et tradition
Néanmoins à la Cour suprême, tout tourne autour de la hiérarchie. Outre la responsabilité de la cafétéria, il incombe au nouveau venu de dresser les procès-verbaux des réunions que les juges tiennent entre eux pour décider des cas à traiter. Et, last, but not least, il doit ouvrir la porte, au cas où quelqu'un s'y présente. Explication de la juge Kagan : « La salle de conférences est un lieu sacro-saint, comportant deux portes. En principe, il n'y a pas de passages pendant les séances de travail. Mais si, pour raison urgente, quelqu'un frappe à la porte, c'est au junior d'aller ouvrir. Même s'il est en pleine discussion, il s'interrompt, fait ce qu'il a à faire, revient et reprend la parole. »

Toujours dans cet esprit, au cours d'une discussion, le président prend la parole en premier, les autres suivront en fonction de leur ancienneté.

Le « bleu » aura une compensation : un grand dîner est organisé en son honneur. Les moindres détails sont mis au point par son prédécesseur. L'an dernier, les deux juges, Ruth Bader Ginsberg et Sonia Sotomayor, avaient également donné une causerie fascinante sur la culture de la nourriture à la Cour suprême, surtout lorsqu'il s'agit d'accueillir un nouveau membre. Mme Sotomayor avait eu droit à une bouteille de vin frappée de son nom et à la performance d'un guitariste espagnol, en clin d'œil à son héritage hispanique.
Imposante, impressionnante et ultime référence, la Cour suprême américaine est loin d'être un carcan, car on a pu voir beaucoup de ses membres déployer publiquement un éventail de talents extrajuridiques, allant de l'art lyrique à la performance sportive, en passant par une belle plume. Sans compter qu'en revêtant la robe noire sacrée, ils auront acquis le savoir-faire nécessaire pour concocter une table savoureuse.

 

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