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Lifestyle - This is America

Le lion de Theodore Roosevelt, roi du musée

« Je n'aime pas jouer les bouchers, mon seul intérêt est celui d'un naturaliste », avait dit le 26e président des États-Unis.

« Objects of Wonder » expose le lion chassé il y a cent ans et requinqué par un maître de la taxidermie. (The Collections of the National Museum of Natural History)

Aux Objects of Wonder, titre d'une exposition organisée par le Musée national d'histoire naturelle du Smithsonian, les plus importants spécimens qui éclairent sur la culture de l'homme et de mère nature sont fièrement exposés. Ces objets font partie de l'immense collection du musée, qui en compte 145 millions, devenus d'incontournables sources de connaissance pour les scientifiques à travers le monde. L'un des clous de l'exposition est le lion de Theodore Roosevelt, qui avait été empaillé il y a un siècle et qui vient de subir une cure de rafraîchissement.
Cette toilette a été effectuée sous la supervision du taxidermiste du musée, Ron Harvey, qui maîtrise l'art de donner l'apparence de vivants à des animaux morts. Il explique que son travail a consisté « à préserver et allonger la vie de ce corps qui n'a pas encore révélé tous ses secrets ». Au-delà de l'esthétique, il a pour objectif d'en conserver et raviver les caractéristiques originelles pour faciliter les recherches des scientifiques. C'est d'ailleurs à leur intention que le 26e président des États-Unis, Theodore Roosevelt, avait été chasser ce lion. Une fois achevé son mandat, en 1909, il avait entrepris un voyage en Afrique pour ramener, à la demande de la Smithsonian Institution, des spécimens de la faune et de la flore de ce continent. Mission qu'il avait acceptée avec grand enthousiasme car, enfant, il rêvait déjà de devenir naturaliste. Surtout qu'il s'agissait de ramener des peaux de bête pour être empaillées, mais surtout des fossiles, des plantes, des insectes et des informations sur l'habitat. Le tout méticuleusement documenté. Il avait précisé à ce sujet : « Je n'aime pas jouer les bouchers, mon seul intérêt est celui d'un naturaliste. » Selon l'un de ses biographes, il avait pressenti le danger qui menaçait l'environnement et les espèces, avec l'installation, partout, de voies ferrées, causant une déforestation rapide. Toujours selon son biographe, le président savait déjà que dans cent ans, « l'Afrique de l'Est ressemblerait à l'Amérique de l'Ouest ».

Seringues d'air humide
Theodore Roosevelt avait entrepris son expédition en Afrique en mission de conservation. Faisant fi de ses détracteurs qui voyaient en lui un chasseur de trophées, il avait écrit : « Je pourrai être condamné si le Musée national d'histoire naturelle et des instituts zoologiques doivent l'être. » Difficile de pousser plus loin les critiques. Il avait ramené de ses expéditions 23 000 espèces et en avait documenté plusieurs autres, inconnues encore. Un spécialiste des mammifères du Smithsonian, Charles Handley, décédé en 2000, avait qualifié cette collection comme étant « jusqu'à présent la plus complète sur la faune et la flore africaines jamais réalisée en une seule expédition ». Dans ce lot, figurent le lion exposé et trois autres, dévoilés au public pour la première fois à l'inauguration du musée en 1910. Ils avaient été placés dans un dépôt en 1990 lors du réaménagement du hall des mammifères.
Si le lion de Roosevelt a retrouvé son titre et sa place dans l'actuelle exposition tant d'années plus tard, c'est parce qu'il demeure une référence pour les gens de sciences. Des revues spécialisées lui ont récemment consacré des études, car il reste un témoin essentiel des progrès réalisés en matière de taxidermie. Ainsi, à l'étonnement général, son pelage a repris de la vie et une certaine brillance : le conservateur en chef lui avait moussé les poils à l'aide de seringues injectant de l'air humide. Ce dernier a intentionnellement conservé les yeux en verre de l'animal, placés auparavant, pour suggérer son impressionnant passé. À quelqu'un qui faisait remarquer que ce regard était quelque peu nébuleux, il a répondu avec humour : « Croyez-moi, si vous voyez Teddy pointant son puissant fusil vers vous, vous ne serez pas content ! »

Aux Objects of Wonder, titre d'une exposition organisée par le Musée national d'histoire naturelle du Smithsonian, les plus importants spécimens qui éclairent sur la culture de l'homme et de mère nature sont fièrement exposés. Ces objets font partie de l'immense collection du musée, qui en compte 145 millions, devenus d'incontournables sources de connaissance pour les...

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