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Liban - Décryptage

Le Premier ministre porte le coup de grâce à l’hypothèse de la prorogation

Après la terrible journée de mercredi, avec le chaos causé par les fermetures des routes par différents groupes de protestataires, la journée d'hier a été marquée par un calme étrange, comme si l'éruption de la veille n'avait pas eu lieu.

Brusquement, la plupart des protestataires ont décidé de suspendre leur action dans la rue, jusqu'à la semaine prochaine, en dépit de quelques mouvements à portée limitée que le mot d'ordre pour une suspension n'a pas dû atteindre. L'éruption soudaine et l'apaisement tout aussi soudain permettent de croire que ces protestations étaient surtout destinées à envoyer des messages politiques dans différentes directions, même si les revendications étaient le reflet de problèmes sociaux réels. Ainsi va le Liban où les couches lésées de la population continuent de servir d'instrument pour les politiciens.

Mercredi donc, il s'agissait de porter un coup au mandat du président Michel Aoun et de neutraliser la menace du chef du CPL et ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil de recourir à la rue pour empêcher une nouvelle prorogation du mandat du Parlement. C'était un peu comme si on cherchait à dire à l'alliance CPL-FL : « Vous menacez de descendre dans la rue, nous pouvons faire de même. Gare aux frictions ! » Entre-temps, ce sont les citoyens qui ont pâti de ces messages codés que s'envoient les différentes parties politiques, faisant oublier que les mouvements revendicatifs sont justifiés en l'absence de plan social clair du gouvernement.

 

(Lire aussi : Après le rebondissement initié par Hariri, la dynamique relancée)

 

Mercredi soir, la situation semblait ainsi explosive... jusqu'à la visite du Premier ministre à Aïn el-Tiné. Saad Hariri a en effet informé le président de la Chambre de son intention de boycotter la séance parlementaire du 15 mai s'il n'y a pas un accord entre les parties politiques sur un nouveau projet de loi électorale. En annonçant officiellement cette position, le Premier ministre a porté le coup de grâce à la possibilité d'une troisième prorogation du mandat du Parlement. Car, en l'absence de son bloc, et bien sûr celle des blocs du Changement et de la Réforme et des FL, la séance destinée à voter en faveur de la proposition de prorogation présentée par le député Nicolas Fattouche ne pourra pas avoir lieu, faute de quorum et surtout faute de respecter le principe de la participation de toutes les composantes nationales du pays.

Selon des sources proches du bloc du Futur, le Premier ministre a été très clair au cours de son entretien avec le président de la Chambre et il lui aurait donc annoncé son intention de boycotter toute séance parlementaire destinée à adopter une énième prorogation, qu'il s'agisse du 15 mai ou d'un autre rendez-vous, jusqu'à la fin de la session ordinaire du Parlement le 31 mai.

Après une journée épuisante pour les Libanais sur les routes, l'annonce n'a pas eu l'effet escompté. Mais politiquement, elle est de la plus haute importance, car elle porte le coup de grâce à l'hypothèse de la prorogation. Il ne reste donc plus que deux scénarios possibles :

 

(Lire aussi : Amal et le Hezbollah cherchent à briser l’alliance chrétienne)

 

1- Les différentes parties parviennent à s'entendre sur un projet de loi, qui, comme l'exige le chef de l'État, répond à deux critères: le respect du consensus qui est à la base du Liban et la représentation équitable. Les parties politiques ont désormais la possibilité de trouver un accord jusqu'au 19 juin. Si cela se produit, il sera encore possible de convoquer une séance parlementaire plénière pour l'adopter avant d'organiser des élections dans les plus brefs délais sur la base de la nouvelle loi.

2- Sinon, à partir du 20 juin, le mandat prorogé du Parlement aura expiré et l'exécutif devra organiser des élections dans les trois prochains mois sur la base de la loi en vigueur. Ce scénario est sans doute le moins souhaitable, sachant que les différentes parties continuent de miser sur la possibilité de trouver un accord sur une réforme électorale, surtout maintenant que la possibilité d'une nouvelle prorogation a été écartée. Au sein de l'exécutif, on se déclare satisfait de ce développement, rappelant qu'après deux prorogations successives, le Parlement actuel n'a plus de lien véritable avec la base électorale. Il est donc impératif de permettre aux électeurs de renouveler leur confiance à leurs représentants. C'est une règle élémentaire en démocratie, et aucune raison valable ne permet à l'heure actuelle de justifier une troisième prorogation.

La décision du Premier ministre de boycotter les séances parlementaires destinées à une nouvelle prorogation s'inscrit donc dans ce cadre et elle montre à quel point les relations entre le chef de l'État et le Premier ministre sont bonnes, les deux hommes montrant à chaque moment important qu'ils sont sur la même longueur d'onde. Un Conseil des ministres devrait ainsi se tenir la semaine prochaine, alors que les discussions au sujet d'une nouvelle loi électorale devraient s'accélérer. La proposition de loi en deux tours du ministre Bassil reste en lice, en attendant ce que pourrait proposer le président de la Chambre.

 

 

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Après la terrible journée de mercredi, avec le chaos causé par les fermetures des routes par différents groupes de protestataires, la journée d'hier a été marquée par un calme étrange, comme si l'éruption de la veille n'avait pas eu lieu.
Brusquement, la plupart des protestataires ont décidé de suspendre leur action dans la rue, jusqu'à la semaine prochaine, en dépit de quelques...

commentaires (2)

Non non non .....oui oui oui. ...... On verra ce qu'on va voir . Lol..

FRIK-A-FRAK

16 h 33, le 28 avril 2017

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Commentaires (2)

  • Non non non .....oui oui oui. ...... On verra ce qu'on va voir . Lol..

    FRIK-A-FRAK

    16 h 33, le 28 avril 2017

  • VOUS CONFIRMEZ LE CHANGEMENT DE LA BOUSSOLE CPL... POUR UNE FOIS... PAS UN OISEAU DE MAUVAIS AUGURE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 58, le 28 avril 2017

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