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Liban - Liban

Déchets ménagers : Que changerait une vision stratégique ?

Le débat sur une stratégie pour le secteur des déchets a fait pour la première fois son entrée au Parlement hier, avec une conférence organisée par les Nations unies.

En matière de gestion des déchets, deux ans après le déclenchement de la grande crise de 2015, le bilan est noir. Ce constat, ce ne sont pas des environnementalistes mais des officiels eux-mêmes qui l'ont dressé hier au cours d'une conférence organisée à la bibliothèque du Parlement par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), en coopération avec la commission parlementaire et le ministère de l'Environnement. « Si les choses se poursuivent comme cela, les décharges seront saturées bien plus vite que prévu, et nous allons vers une nouvelle crise fin 2018 », a martelé le représentant d'Akram Chehayeb, président de la commission parlementaire de l'Environnement.

Même son de cloche dans les propos de Manal Moussallem, représentante du ministre de l'Environnement Tarek el-Khatib, qui a souligné que « le plan gouvernemental de gestion des déchets ne tiendra probablement pas les quatre ans prévus », d'où le fait que, selon elle, « chacun ici présent a la responsabilité de produire une vision stratégique, dans un délai d'un an et demi maximum, afin de prévenir le retour des déchets dans les rues ».

Or dans un contexte aussi grave où la gestion des déchets continue de faire l'objet de plans d'urgence de plus en plus précaires, le cadre législatif est lui aussi réduit à sa plus simple expression : un projet de loi qui, comme l'a rappelé hier le député Simon Abiramia, a été finalisé par la commission de l'Environnement, mais qui n'a toujours pas été adopté par le Parlement... et une stratégie inexistante. « Quel Liban voudriez-vous dans vingt ou trente ans ? » Cette question lancée hier par le représentant du PNUD au Liban, Philippe Lazzarini, avait de quoi interpeller.

 

(Lire aussi : De mystérieuses eaux vertes observées à Jdeidé)

 

 

Relents de corruption
Une proposition de stratégie a donc été présentée hier aux officiels et militants de la société civile par le conseiller du PNUE, Habib Maalouf. Le directeur régional du PNUE, Ayad Abou Meghli, a bien précisé de son côté que les efforts pour mener à l'adoption d'une stratégie sur les déchets se poursuivront via une série de réunions à venir, insistant sur la nécessité de faire en sorte que cet objectif se concrétise, sans traîner indéfiniment en discussions.

Sur la stratégie en tant que telle, Habib Maalouf a défendu la primauté d'une vision stratégique sur l'adoption de lois ou de plans, afin de poser les bases du choix des politiques et d'éviter les erreurs. À titre d'exemple, se diriger vers la décentralisation de la gestion des déchets sans assurer un système centralisé de décision et de surveillance équivaudrait, selon lui, à sombrer dans le chaos.

Il a par ailleurs insisté sur les concepts-clés de la stratégie proposée, notamment celui qui vise à privilégier la réduction des déchets par une réflexion sur nos modes de consommation, et par de possibles mesures telles que des taxes sur les produits générant des déchets dangereux. M. Maalouf a également mis en avant la globalité de la réflexion sur les déchets, et le fait que les solutions doivent tenir compte des différents aspects de la vie économique, de l'écologie, de la santé publique... En gros, pour lui, ce sont les concepts stratégiques qui doivent guider les choix de technologies de traitement, et pas le contraire.

Quant au projet de loi, il a été détaillé par un conseiller du ministère de l'Environnement, Joseph el-Asmar. Celui-ci a rappelé les principes sur lesquels se fonde la loi, notamment la durabilité, la prévention, le respect du voisinage, l'interdiction de l'enfouissement et de l'incinération sauvages... Le projet de loi détaille le cadre institutionnel nécessaire et évoque des solutions aussi bien pour les déchets dangereux que pour les ordures ménagères. Il s'attarde sur les sources de financement, taxes et mesures de motivation, et sur la répartition des responsabilités entre différentes autorités concernées.

Au cours du débat, certaines appréhensions ont été exprimées concernant l'éventuel manque de flexibilité d'une loi portant sur un sujet en constant changement. D'autres remarques concernaient la nécessité de prendre des mesures urgentes en marge du long processus d'adoption d'une stratégie. Quoi qu'il en soit, la stratégie et la loi semblent de lointains objectifs, alors même que plus personne, officiels inclus, ne fait mystère des échecs successifs dont émanent des relents de corruption.

 

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En matière de gestion des déchets, deux ans après le déclenchement de la grande crise de 2015, le bilan est noir. Ce constat, ce ne sont pas des environnementalistes mais des officiels eux-mêmes qui l'ont dressé hier au cours d'une conférence organisée à la bibliothèque du Parlement par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations unies pour...

commentaires (3)

Messieurs les "ministres,responsables et directeurs" concernés depuis 2015 par ce problème des déchets...demandez à nos voisins de l'autre côté de notre frontière au Sud comment ils font pour gérer leurs déchets ! La surface de leur pays fait environ le double du nôtre, avec des collines, des vallons, des villes, villages, des plages publiques propres et bien entretenues! Alors...comment font-ils ??? Sont-ils plus intelligents et capables que nos "responsables" pour prévoir, organiser, et garder leur pays propre ? Je ne suis pas du tout d'accord avec leur occupation de la terre de Palestine...mais au-moins ils savent la préserver et la tenir belle et propre ! Irène Saïd

Irene Said

17 h 47, le 13 avril 2017

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Commentaires (3)

  • Messieurs les "ministres,responsables et directeurs" concernés depuis 2015 par ce problème des déchets...demandez à nos voisins de l'autre côté de notre frontière au Sud comment ils font pour gérer leurs déchets ! La surface de leur pays fait environ le double du nôtre, avec des collines, des vallons, des villes, villages, des plages publiques propres et bien entretenues! Alors...comment font-ils ??? Sont-ils plus intelligents et capables que nos "responsables" pour prévoir, organiser, et garder leur pays propre ? Je ne suis pas du tout d'accord avec leur occupation de la terre de Palestine...mais au-moins ils savent la préserver et la tenir belle et propre ! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 47, le 13 avril 2017

  • Rien que corruptions et scandales. Où est la Cour des comptes de tout cela ? Des déchets, de l'électricité, du vol du sable du littoral et d'ailleurs, du vol de l'argent public, du vol des aides internationales ? L'immense scandale des bateaux producteurs d'électricité... Qui est le responsable du contrat avec les Turcs ? Qui a encaissé les millions de dollars de commissions ? Qui a bénéficié et qui bénéficie toujours de l'importation des moteurs pour la mafia fournisseuse du courant pour les particuliers etc...

    Un Libanais

    16 h 41, le 13 avril 2017

  • Tiens, tiens, on en parle encore du problème des déchets? On le pensait résolu pour de bon! Et la sécurité de l'aviation autour de l'aéroport? Danger écarté pour de bon? L'inconscience et irresponsabilité de la clique politique dépassent l'entendement et la torpeur et soumission des citoyens vous interpelle. Des problèmes existentiels majeurs sont rapportés en catastrophe pour quelques jours pour tomber dans l'oubli au profit d'autres aussi vitaux par la suite, et le cycle infernal n'en finit plus... Pensez-vous qu'on devient blasés, revêtus de la carapace de l'insouciance ?(m'tamsah en Arabe) et advienne que pourra, chacun pour soi, et Dieu pour tous(peut-être pas le même pour tout le monde), finalement!

    Saliba Nouhad

    15 h 17, le 13 avril 2017

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