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Économie - Israël

Des groupes français accusés de financer indirectement la colonisation

La colonie israélienne d’Asael, au sud d’Hébron. Hazem Bader/AFP

Cinq groupes français – AXA, BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole et Société générale – détiennent des parts dans des banques et entreprises israéliennes ayant financé la colonisation des territoires palestiniens, a affirmé hier dans un rapport la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).
Avec ces participations, qui dépassent rarement le point de pourcentage, les cinq groupes français « contribuent indirectement au maintien et au développement » des colonies, selon l'étude intitulée « Les liaisons dangereuses des banques françaises avec la colonisation israélienne ». Les banques israéliennes, qui financent les constructions dans les territoires palestiniens, sont un « outil essentiel de la politique de colonisation », souligne le rapport. Il en va de même des entreprises israéliennes « qui fournissent des services vitaux au maintien et au développement des colonies », tels que « la construction d'habitations ou d'usines, la connexion aux réseaux téléphoniques, ou encore l'aménagement en équipements de surveillance ».
En 2013 déjà, une mission indépendante de l'ONU avait dénoncé le rôle des banques et entreprises israéliennes dans la colonisation et, par conséquent, dans les violations des droits de l'homme.
Considérant comme illégales toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 23 décembre 2016 la résolution 2334, condamnant la colonisation israélienne.
Les banques et assurances françaises concernées ont par ailleurs adhéré aux principes de la communauté internationale relatifs à la colonisation et au respect des droits humains. Pour autant, ces groupes continuent leurs activités et contribuent ainsi « à perpétuer une situation qui porte atteinte au droit à l'autodétermination et aux droits fondamentaux de la population civile palestinienne, notamment par l'exploitation des ressources naturelles, la destruction des biens privés et de l'aide humanitaire, le déplacement forcé de civils et les restrictions de mouvement et d'accès aux besoins et services essentiels », souligne le rapport.

Silence de Paris
Sollicitées par l'AFP, BNP Paribas et BPCE n'ont pas souhaité commenter ce rapport. De son côté, AXA précise que « les investissements en question représentent une part infime de (ses) actifs sous gestion » et avoir fait étudier ce dossier en 2016 par son comité d'investissement responsable qui n'avait pas trouvé matière à le remettre en cause. Dans un courrier du Crédit agricole cité par le journal Le Monde, la banque déclare pour sa part que sa filiale Amundi avait « mis en place des règles d'exclusion et de sélection stricte des émetteurs » et « a considéré que le secteur bancaire israélien n'intervenait pas dans la colonisation des territoires palestiniens ». La Société générale a, elle, déclaré au Monde ne pas avoir de « participation pour compte propre dans des entités du secteur bancaire israélien » et a précisé que « le groupe offre par ailleurs des fonds (titres détenus par nos clients), dont certains peuvent inclure, pour de faibles expositions, des titres israéliens ».
Le rapport pointe aussi le fait que BNP Paribas, Société générale, LCL (filiale du groupe Crédit agricole) et Natixis (filiale du groupe BPCE) ont accordé 288 millions d'euros (312,5 millions de dollars) sur la période 2004-2020 à l'entreprise publique Israel Electric Corporation (IEC) pour l'extension de deux centrales au gaz, alors que l'IEC fournit de l'électricité aux colonies en Cisjordanie.
Chargée de ces extensions, l'implication directe d'Alstom, dont la France est actionnaire, dans les colonies est également « problématique », selon le communiqué de la FIDH. Elle dénonce ainsi la responsabilité et le silence de Paris, qui « soutient la politique européenne de "différenciation" territoriale entre Israël et ses colonies », mais qui en laissant ces groupes financer les banques et entreprises israéliennes actives dans la colonisation, la « soutient indirectement. »
« On veut que les entreprises françaises retirent leur argent des sociétés israéliennes ayant à voir avec les colonies », comme le stipulent des « recommandations » du ministère des Affaires étrangères publiées en 2014, a expliqué Didier Fagart, de l'association France Palestine Solidarité, coauteure du rapport.
Des fonds de pension néerlandais et luxembourgeois se sont désengagés ces dernières années des cinq banques israéliennes avec lesquelles les banques françaises ont des liens, pour leur implication dans la colonisation.
« L'OLJ » avec agences

Cinq groupes français – AXA, BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole et Société générale – détiennent des parts dans des banques et entreprises israéliennes ayant financé la colonisation des territoires palestiniens, a affirmé hier dans un rapport la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).Avec ces participations, qui dépassent rarement le point de...

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Bravo à la FIDH d'adopter avec courage la politique du Name and shame n'hésitant pas à citer des noms pour pointer du doigt des pratiques condamnables.

Marionet

09 h 00, le 30 mars 2017

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Commentaires (1)

  • Bravo à la FIDH d'adopter avec courage la politique du Name and shame n'hésitant pas à citer des noms pour pointer du doigt des pratiques condamnables.

    Marionet

    09 h 00, le 30 mars 2017

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