Le Premier ministre, Saad Hariri, a créé la surprise, samedi, à l'occasion de la fête nationale de l'Annonciation (25 mars), en annonçant qu'en accord avec le président de la République et à la demande des initiateurs de la rencontre « Ensemble autour de Marie », Nagy el-Khoury et le cheikh Mohammad Nokkari, l'État libanais accordera à la rencontre un terrain dans la capitale pour y fonder un centre marial international de dialogue des religions et des cultures, ainsi qu'une petite place (enclose dans celle du Musée) pour y aménager « le jardin de Marie ». L'État, a-t-il ajouté, approuve aussi l'émission d'un timbre commémoratif de la fête de l'Annonciation.
Cette initiative venait d'être sollicitée par les organisateurs de la rencontre, qui s'est tenue comme chaque année en la chapelle de Notre-Dame de Jamhour. Le ministre d'État aux Affaires présidentielles, Pierre Raffoul, qui assistait à la cérémonie, avait saisi la balle au bond et pris contact sur le champ avec le président Aoun, qui a donné sur le champ son accord aux demandes formulées.
Toujours est-il que, par sa présence, le Premier ministre a donné cette année à la cérémonie de l'Annonciation un éclat particulier. Organisée par l'Amicale des anciens élèves de Jamhour et par la rencontre islamo-chrétienne « Ensemble autour de la Vierge Marie », formée d'une trentaine d'associations, de congrégations et de mouvements, la cérémonie ouvre la voie à une nouvelle culture mariale de concorde et de coexistence et s'impose désormais comme « une aventure et une nécessité », selon le mot de l'essayiste Saoud el-Mawla.
Dans son mot d'accueil, Nagy el-Khoury, secrétaire général de l'Amicale des anciens du collège Notre-Dame de Jamhour et co-secrétaire général de la « Rencontre islamo–chrétienne autour de la Vierge Marie », a rappelé qu'à partir du collège de Jamhour, « cette aventure s'est répandue aux quatre coins du pays et a gagné le monde ».
« Le 25 mars est, depuis quatre ans, la fête de la ville de Nazareth (Palestine), a-t-il souligné, et elle s'est étendue à Jérusalem. Elle est désormais célébrée en Tunisie, en Algérie, à Malte, en Pologne, en Belgique, en Italie et en France (à Paris, Pontoise, Toulouse, Verdun et Longpont). »
« Entraidons-nous afin de faire du Liban l'épicentre du dialogue dans le monde entier (...) et en faisant du 25 mars une Journée internationale du dialogue entre les religions et les cultures », a-t-il insisté.
M. Khoury a été suivi du recteur du collège Notre-Dame de Jamhour, le père Charbel Batour s.j., et du cheikh Mohammad Nokkari, co-secrétaire général de la Rencontre et juge auprès du tribunal chérié de Beyrouth. Ce dernier n'a pas manqué de souligner combien aussi bien les chrétiens que les musulmans ont eu à souffrir des exactions commises par « une bande de criminels... qui prétendent (faussement) gouverner au nom de l'islam ».
« L'entente islamo-chrétienne est une réponse à la haine », a-t-il asséné, avant d'exprimer l'espoir de voir octroyer à l'une des places de la capitale le nom de la Vierge Marie, de bâtir sur un terrain consacré par la municipalité de Beyrouth un centre marial de dialogue islamo-chrétien et d'émettre un timbre commémoratif de l'Annonciation.
Le cheikh Nokkari a également souhaité que « le gouvernement, épaulé par ses ambassades et représentants au sein des Nations unies, œuvre à proclamer le 25 mars « Journée mondiale de dialogue entre les religions et les cultures ».
Hariri : Une décision chère à mon cœur
Pour sa part, le président du Conseil a confié aux présents que la décision de créer une fête commune prise par son gouvernement le 18 février 2010 est « l'une des plus chères à mon cœur, non seulement pour ce que représente la Vierge Marie dans le christianisme et dans l'islam, mais parce qu'elle nous rassemble ».
« Si aujourd'hui nous nous sommes réunis autour de la plus merveilleuse des femmes, point de rencontre de nos deux religions, est-il possible que nous, Libanais, ne soyons pas réunis autour du Liban ? s'est interrogé le président du Conseil. Avec le président de la République Michel Aoun et les autres piliers de l'État, nous sommes déterminés au sein du gouvernement à éviter toute division et à tenir le pays à l'abri des tempêtes... En ces moments historiques et décisifs, c'est en restant unis et en privilégiant l'entente, le dialogue et la modération que nous nous protégeons. »
Entamée sur le traditionnel fond sonore de cloches et d'appels du muezzin, la cérémonie a alterné chants religieux chrétiens et musulmans, ainsi que des interventions et témoignages du cheikh Mohammad Haidar (Conseil islamique alaouite), du père Henri Boulad s.j, venu d'Égypte pour l'occasion, du président de la World Union of Jesuit Alumni, Alain Deneef, venu de Belgique, et du cheikh Hatem Daou du Global Forum for Religions and Humanity...
Pour mémoire
La fête de l’Annonciation, par-delà les cultures et les frontières
commentaires (4)
L'écrasante majorité d'hommes,dans les photos, fait presque oublier qu'il s'agit de l'Annonciation à ... nulle autre que MARIE! Où sont donc les femmes?
N. Noon
14 h 57, le 28 mars 2017