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Liban - Environnement

Le Bois des pins est « aux soins intensifs »

L'insecte qui ravage la pinède a été identifié, mais les dégâts sont déjà considérables. Un traitement délicat et ciblé est prévu.

Plus de 500 arbres déjà perdus : ils apparaissent desséchés dans la forêt.

Le Bois des pins est bel et bien malade. C'est ce qu'assure à L'Orient-Le Jour le secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), Mouïn Hamzé. Le CNRS a été appelé par la municipalité de Beyrouth pour diagnostiquer le mal et proposer un remède. « Il faut considérer que le Bois des pins est actuellement aux soins intensifs, explique M. Hamzé. Le fléau nécessite un traitement ciblé et bien programmé, c'est ce que j'ai fait savoir à la municipalité, au mohafez et au bureau du Premier ministre. »

Quelque 500 arbres ont définitivement été perdus et beaucoup d'autres sont touchés. Imad Beydoun, membre du conseil municipal de Beyrouth, assure que le problème est apparu de manière très soudaine en novembre-décembre, et que les premiers traitements tentés par les ingénieurs de la municipalité n'ont pas été efficaces ni suffisants.

 

 

(Pour mémoire)

 

La nature du mal, ce sont les chercheurs du CNRS, Élise Njeim (spécialiste en contrôle biologique) et Nabil Nemer (entomologiste), qui l'expliquent. L'insecte identifié est de la famille des cerambycides : il pénètre à l'intérieur du bois et provoque des ravages en le rongeant de l'intérieur. Quand la concentration d'insectes adultes dans l'arbre devient trop importante, celui-ci se trouve incapable de lutter et se dessèche. Selon les chercheurs, le danger de perdre de grandes parties du bois est bien réel.

 

(Pour mémoire : Le Bois des pins fermé « pour le traitement d'arbres malades »)

 

Les experts estiment qu'il faut traiter le problème urgemment en se fondant sur le cycle de vie de l'insecte. Grosso modo, la période de mai-juin est cruciale parce que c'est à ce moment que les larves passent au stade adulte. « Il s'agira donc de s'en débarrasser pendant leur émergence, sinon il sera trop tard, les insectes adultes se répartiront partout et le phénomène deviendra incontrôlable », affirment-ils.
Le traitement est ciblé et excessivement spécialisé, expliquent Élise Njeim et Nabil Nemer, et il ne s'administre qu'aux arbres à moins de 50 % touchés, car, pour les autres, il est trop tard. Ceux-ci devront être coupés, sciés en menus morceaux et/ou brûlés, hors du site pour éviter tout risque d'incendie. Pour ce qui est du traitement, il s'agira d'injecter directement à l'intérieur du tronc de l'arbre un mélange d'huile (pour attirer l'insecte) et d'insecticide ciblé, par une technique appelée « endothérapie ».

 

 

 (Pour mémoire)

 

Ce traitement est nécessaire mais pas absolument garanti, selon Mouïn Hamzé, sachant qu'il a donné de bons résultats dans d'autres forêts méditerranéennes touchées par le même fléau, à Marseille et Bari, en Italie. « Nous avons demandé qu'un appareil d'endothérapie soit importé au Liban, de préférence accompagné d'un spécialiste de la compagnie qui forme les ingénieurs et les techniciens de la municipalité », souligne-t-il.
Le traitement aux insecticides devra se faire vers le mois de mai. Les experts soulignent que, d'ici là, il faudra nettoyer le parc en enlevant les arbres morts et les branches mortes, et en plaçant des pièges pour les insectes adultes.

 

(Pour mémoire : Bois des Pins : quel avenir pour le poumon vert de Beyrouth ?)

 

« Fermé jusqu'à fin juin au maximum »
Pourquoi cette prolifération d'insectes nuisibles à cette période ? Et au Bois des pins spécifiquement ? Les experts du CNRS s'accordent à dire qu'il est trop tôt pour cerner le problème, sachant que cet insecte existe au Liban. Ils notent cependant l'état de stress dans lequel se trouve la forêt, du fait de la pollution de l'air, de l'activité humaine et de la sécheresse, aggravée par le changement climatique... « Dans de telles circonstances, les arbres deviennent, selon eux, plus vulnérables à pareil fléau. Il faut cependant davantage de recherches scientifiques avant de comprendre l'étendue du problème », ajoutent-ils.
Les experts précisent aussi que les parties touchées ne pourront être reboisées directement. Il faudra auparavant reposer la terre pendant au moins deux ans. Pour sa part, Mouïn Hamzé estime qu'il faut « changer certaines pratiques agricoles, comme interdire l'élagage et nettoyer régulièrement le parc des branches mortes, qui peuvent véhiculer des maladies ».

Cela signifie-t-il que de mauvaises pratiques agricoles seraient à l'origine du problème ? Imad Beydoun, membre du conseil municipal, affirme à L'OLJ « qu'il n'y a jamais eu d'élagage ces dernières années ».
La fermeture du parc durant le traitement est-elle inévitable ? Les habitants de Beyrouth ont perdu confiance... En effet, l'affaire a commencé par une polémique sur la fermeture subite du Bois des pins dimanche. Cette annonce de « traitement d'arbres malades » a provoqué, chez le public libanais, des réminiscences négatives du fait que ce parc leur a longtemps été interdit. L'association Nahnoo avait dénoncé cette absence de communication et exprimé des craintes concernant un éventuel prétexte pour fermer à nouveau le Bois des pins au public. Elle a organisé d'ailleurs une manifestation hier face au siège de la municipalité pour dénoncer le manque de transparence au sujet du Bois des pins, même si son président, Mohammad Ayoub, déclare à L'OLJ se ranger du côté de l'avis scientifique. Il souligne que « si la fermeture est inévitable, il est tout aussi inévitable pour la municipalité d'adopter une stratégie transparente de communication, surtout si son objectif est de protéger les visiteurs »...

« Il faut que les habitants aient confiance en nous, nous sommes obligés de fermer le parc durant la période de traitement, affirme pour sa part Imad Beydoun. Mais ce sera jusqu'à fin juin au maximum, peut-être avant si l'arrivée de la belle saison accélère le cycle de vie de l'insecte. »
Interrogé sur la question, Mouïn Hamzé cite deux facteurs essentiels : d'une part, le risque sur la santé des visiteurs lors de l'administration du pesticide, et, d'autre part, la nécessité de diminuer le stress sur la forêt afin qu'elle lutte mieux. « Notre avis est strictement scientifique, affirme-t-il. Il vaut mieux ne pas laisser la forêt dépérir et attendre qu'elle ait retrouvé son équilibre biologique. »

 

(Pour mémoire : La société civile se mobilise face aux projets de la municipalité de Beyrouth)

 

Une décision pour stopper la construction de l'hôpital de campagne

L'affaire de l'hôpital de campagne en construction sur un lot de terrain du Bois des pins a connu un nouveau rebondissement cette semaine. Ce projet, rejeté par la société civile et contre lequel s'est exprimé le comité des espaces verts de la municipalité de Beyrouth, a fait l'objet, jeudi, d'une décision du conseil municipal de Beyrouth qui en interdit la construction en dur.

Cet hôpital de campagne avait été fourni par les Égyptiens durant la guerre de 2006 et continuait, depuis, d'exister sous forme de dispensaire de distribution de médicaments à l'Université arabe. Une décision de le placer sur un terrain qui devait servir de parking pour le Bois des pins était très controversée depuis le début.
Malgré la décision d'arrêter les travaux sur le chantier de cet hôpital, l'association Nahnoo assure que l'activité s'y poursuivait toujours hier.

 

Pour mémoire

« Le Bois des Pins est à tout le monde »

Une campagne civile dénonce trois empiétements majeurs au Bois des Pins

Le Bois des pins est bel et bien malade. C'est ce qu'assure à L'Orient-Le Jour le secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), Mouïn Hamzé. Le CNRS a été appelé par la municipalité de Beyrouth pour diagnostiquer le mal et proposer un remède. « Il faut considérer que le Bois des pins est actuellement aux soins intensifs, explique M. Hamzé. Le fléau...

commentaires (3)

MINCE LOPIN DE PINS DE CE QU,ETAIT LE BOIS DE PINS DE NOTRE TEMPS ET DE CELUI DE NOS PARENTS !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 18, le 18 mars 2017

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Commentaires (3)

  • MINCE LOPIN DE PINS DE CE QU,ETAIT LE BOIS DE PINS DE NOTRE TEMPS ET DE CELUI DE NOS PARENTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 18, le 18 mars 2017

  • Le traitement c'est une famille de pic-vert ....malgré qu'il a presque disparu de nos forêts ...

    M.V.

    09 h 25, le 18 mars 2017

  • Quelle bonne nouvelle pour notre municipalite, ils pourront couler une dalle en beton et batir un projet a la eden rock de ramlet el bayda

    George Khoury

    07 h 06, le 18 mars 2017

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