Les visiteurs du plus grand parc public de Beyrouth, le Bois des pins ou Horch Beyrouth, ont eu une désagréable surprise dimanche. Alors qu'ils s'apprêtaient à passer une partie de leur journée dans le jardin, ils en ont été éconduits avant la fin de l'horaire officiel. Et c'est de cette façon qu'ils ont appris que le bois serait fermé à partir de lundi pour un nécessaire traitement des arbres par des pesticides toxiques afin d'éradiquer un insecte, le Buprestidae (une sorte de coléoptère qui se nourrit de végétaux, une famille essentiellement forestière et tropicale). Ces informations ont été relayées hier dans un communiqué par l'association Nahnoo qui a exprimé sa crainte d'un nouvel épisode de fermeture du bois au public, cet espace vert ayant été longtemps interdit aux visiteurs libanais et ouvert à des heures précises seulement, depuis quelques mois.
Il s'avère, selon Gaby Fernaini, membre du conseil municipal de Beyrouth et président du comité des espaces verts, que 350 arbres sont déjà morts, victimes de cet insecte ravageur. « Nous avons fait appel à un expert français spécialiste de la lutte contre cette espèce d'insecte afin qu'il nous conseille sur les démarches à prendre, explique-t-il à L'OLJ. Nous avons également demandé au Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) d'examiner ce cas, et il vient de remettre son rapport sur la question. »
Selon M. Fernaini, le CNRS recommande la fermeture du bois durant les mois de traitement, d'une part pour administrer l'insecticide de manière efficace, et d'autre part pour protéger les visiteurs d'éventuelles retombées sur leur santé.
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Selon les informations apportées par Nahnoo dans son communiqué, qui cite « des entomologistes consultés », le fléau qui a mené au dessèchement de nombre d'arbres « serait surtout causé par le changement climatique et les longues périodes de sécheresse, et aussi en raison de certaines pratiques sur le terrain liées à l'horaire d'irrigation, des erreurs dans l'élagage, etc., sans compter l'exposition de ces arbres à la pollution de l'air ».
De ce fait, l'association fait assumer à la municipalité de Beyrouth une grande part de responsabilité dans la dégradation de l'état du bois. Elle lui demande par ailleurs « de publier des informations précises sur le délai de fermeture due au traitement, sachant qu'il ne doit pas dépasser le mois de juin ». Elle réclame également « la publication de toutes les informations scientifiques sur le traitement des arbres et de tous les rapports scientifiques qui auraient été soumis à la municipalité et qu'elle aurait approuvés ».
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« Rouvert d'ici à l'été »
Par ailleurs, Nahnoo s'étonne « du fait que la municipalité de Beyrouth n'ait pas jugé bon de prévenir les habitants ni de leur expliquer les raisons de cette mesure, ce qui a conduit à leur humiliation ». L'association déplore également que « la municipalité n'ait pas notifié la population de la nature des insecticides utilisés, afin de la mettre en garde en cas de danger sur la santé ». « Nous mettons la municipalité de Beyrouth en garde contre le fait d'utiliser la maladie des arbres comme prétexte pour construire de nouveaux murs et empêcher l'accès du bois aux habitants », conclut Nahnoo.
Interrogé spécifiquement sur les craintes d'une nouvelle fermeture de longue durée du « poumon de Beyrouth », Gaby Fernaini assure qu'elle sera « temporaire ». « Nous ne pouvons donner une date exacte de la réouverture, parce que cela dépendra du traitement, mais nous pouvons dire que le bois sera rouvert d'ici à l'été, surtout que nous comptons y organiser le festival de Beyrouth cette année », ajoute-t-il.
Le président du comité des espaces verts insiste sur la gravité de la situation et la nécessité d'y remédier au plus tôt. « Une forêt du sud de l'Italie, nommée Salanto, a été frappée par le même fléau, dit-il. En raison du retard dans l'intervention des autorités italiennes, la forêt a été entièrement décimée par l'insecte. Nous ne pouvons prendre ce risque. »
En soirée, la municipalité de Beyrouth a publié un communiqué au sujet de cette affaire.
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