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À La Une - crise diplomatique

Turquie-UE : simple prise de bec ou rupture?

"De telles tensions laissent des traces et donnent l'impression que la Turquie et l'Europe ne partagent plus vraiment de destin commun", explique Ilter Turan, professeur de sciences politiques à l'Université Bilgi d'Istanbul.

Des policiers turcs déployés devant l'ambassade des Pays-Bas à Ankara, le 14 mars 2017. AFP / ADEM ALTAN

La crise entre Ankara et des pays de l'Union européenne au sujet de meetings de soutien au président Recep Tayyip Erdogan risque d'endommager durablement leurs relations et rendre encore plus hypothétique une adhésion de la Turquie à l'UE, selon des analystes. Une fois que les salves de critiques entre la Turquie et l'Europe se seront apaisées, les deux parties se trouveront à un tournant historique où elles devront décider de la nature de leur alliance.

La Turquie est un membre-clé de l'Otan et a fait de l'adhésion à l'Union européenne l'un de ses objectifs stratégiques depuis les années 1960, mais les dissensions entre Bruxelles et Ankara ont été nombreuses ces dernières années, particulièrement sur la question des droits de l'Homme. Mais aucune de ces brouilles n'a atteint le niveau d'acrimonie actuel. M. Erdogan est allé jusqu'à accuser les Pays-Bas et l'Allemagne de se comporter comme des "nazis" en interdisant la tenue de meetings par ses ministres en vue du référendum du 16 avril sur le renforcement controversé de ses pouvoirs.

"De telles tensions laissent des traces et donnent l'impression que la Turquie et l'Europe ne partagent plus vraiment de destin commun", explique à l'AFP Ilter Turan, professeur de sciences politiques à l'Université Bilgi d'Istanbul.
La crise se déroule alors que M. Erdogan cherche à séduire l'électorat nationaliste pour faire pencher la balance en sa faveur dans un scrutin qui s'annonce serré.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a opté pour une ligne dure dans cette crise à l'approche des législatives de mercredi lors desquelles son parti doit affronter l'extrême droite populiste de Geert Wilders, ouvertement anti-islam.
Angela Merkel se dirige aussi vers des élections en septembre, tandis qu'en France la candidate du Front national (extrême droite) Marine Le Pen caracole en tête des sondages pour le premier tour de la présidentielle en avril.
Les experts considèrent qu'une fois retombés les excès liés à ces élections, l'heure sera au pragmatisme.

(Lire aussi : "Vous n'êtes pas le bienvenu ici!" : le plus gros quotidien allemand attaque Erdogan en Une)

 

"Hypocrisie"
La Turquie, dont l'économie s'est essoufflée ces derniers mois après la croissance enregistrée pendant les premières années au pouvoir de M. Erdogan, pourra difficilement se passer de son partenaire commercial européen.
De l'avis d'Ilter Turan, la crise actuelle ne devrait pas conduire à une rupture totale. Quand la rhétorique électorale aura pris fin "les deux parties s'efforceront de normaliser leurs relations".

Reste que les échanges des dernières semaines ont mis en doute la viabilité du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE, que certains analystes appellent déjà à remplacer par un accord de partenariat plus réaliste.
Outre les divergences politiques et la dernière querelle, ce processus est menacé par l'éventuelle restauration de la peine de mort en Turquie envisagée par M. Erdogan et qui mettrait fin automatiquement à la quête turque de rejoindre l'UE. Devant l'impasse de ce processus, la Turquie a renoué des relations solides avec la Russie, après une crise provoquée en novembre 2015 par la destruction par Ankara d'un avion de combat russe survolant la frontière syro-turque.

"Toutes les parties bénéficieraient de relations effectives entre la Turquie et l'UE mais il y a peu de chance que cette relation cruciale s'améliore dans un futur proche", estime le centre de réflexion Soufan Group, basé aux Etats-Unis, dans une note publiée lundi.
Les autorités turques affirment en effet que la prospérité économique de la Turquie et la montée de son influence depuis l'arrivée de M. Erdogan au pouvoir n'ont pas été favorablement accueillies en Europe, et que le pays est prêt à poursuivre son développement comme il l'entend.
"La croissance de la Turquie est un espoir pour certains mais elle est devenue un cauchemar pour d'autres, comme les Pays-Bas ou l'Allemagne", a ainsi affirmé récemment le président turc, qui s'efforce de renforcer ses relations avec les pays africains, ainsi qu'avec un Royaume-Uni se dirigeant vers le Brexit.

Selon Marc Pierini, professeur invité à Carnegie Europe, il n'y a "pas d'issue" à court terme à cette crise car M. Erdogan fait feu de tout bois pour séduire l'électorat nationaliste en vue du référendum.
"A moyen terme, on peut espérer que la fièvre tombera", dit-il. "Mais des ponts ont été brûlés au niveau personnel: le terme +nazi+ est la pire des vexations à utiliser sur la scène politique européenne".

 

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commentaires (2)

Poser la question est une forme d'angoisse européenne. Croyez le pas les européens ont bcp plus besoin de erdo que l'inverse. Mais ils ne pourront avoir le erdo qu'ils désirent et manipulent que si on lui donne ce qu'il cherche. Il veut l'Europe à ses bottes. Juste retournement de situation. POUTINE TU ES GÉNIAL. HAHAHAHA. .

FRIK-A-FRAK

14 h 16, le 15 mars 2017

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Commentaires (2)

  • Poser la question est une forme d'angoisse européenne. Croyez le pas les européens ont bcp plus besoin de erdo que l'inverse. Mais ils ne pourront avoir le erdo qu'ils désirent et manipulent que si on lui donne ce qu'il cherche. Il veut l'Europe à ses bottes. Juste retournement de situation. POUTINE TU ES GÉNIAL. HAHAHAHA. .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 16, le 15 mars 2017

  • Mais vous n'avez pas mis le doigt sur la plaie! Pourquoi les européens ne peuvent pas sentir le Mr Erdogan? Parti pour être le champion de la démocratie turque il y a 15 ans, il est devenu un dictateur, en plus islamiste avéré, authoritaire, arrogant, qui ne tolère pas d'opposition et qui rêve de la grandeur de l'empire Ottoman d'antan: il veut redevenir un Sultan aux pouvoirs absolus à travers ce référendum inique qui a interpelé les Européens et leurs valeurs démocratiques et séculaires et qui font face à cette montée d'islamophobie et d'extrémisme de droite dans leurs rangs. Je pense plus à une rupture avec l'Europe si Mr. Erdogan persiste dans cette arrogance... mais les turcs ont besoin de l'Europe.

    Saliba Nouhad

    14 h 07, le 15 mars 2017

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