Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Crise diplomatique

Les tensions s’enveniment entre la Turquie et l’Europe

Nouvelles attaques d'Erdogan, qui s'attire de fermes répliques des Pays-Bas
et de l'Allemagne.

Un photomontage montre la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan. La crise diplomatique actuelle entre Ankara et l’UE est née de l’interdiction de meetings électoraux turcs sur le sol allemand. Odd Andersen et Ozan Kose/AFP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a invoqué hier, sur un ton virulent, les tensions avec l'Europe pour promouvoir le « oui » au référendum d'avril sur ses pouvoirs, s'attirant de fermes répliques des Pays-Bas et de l'Allemagne.
Promettant de « nouvelles mesures » contre La Haye, après une série de sanctions diplomatiques annoncées lundi pour avoir empêché deux ministres turcs d'assister à des meetings de campagne de la diaspora turque, M. Erdogan a dénoncé hier un « terrorisme d'État » et n'a pas hésité à évoquer Srebrenica pour éreinter les Pays-Bas, dont le contingent de Casques bleus n'avait pas réussi à empêcher le massacre qui y a été commis en 1995 par les forces serbes de Bosnie. « Nous connaissons les Pays-Bas et les Néerlandais par le massacre de Srebrenica. Nous savons combien leur moralité (...) a été entamée par les 8 000 Bosniens qui ont été massacrés », a-t-il dit. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a immédiatement réagi, qualifiant ces propos de « falsification nauséabonde de l'histoire ». « Il continue à envenimer la situation, a-t-il ajouté. Nous n'allons pas nous abaisser à ce niveau. C'est totalement inacceptable. »
M. Erdogan, qui a parlé à plusieurs reprises ces derniers jours de pratiques « nazies » ou « fascistes » pour dénoncer le refus des Pays-Bas d'autoriser deux de ses ministres à participer à des meetings de soutien et l'interdiction de tels rassemblements par certaines villes en Allemagne, a affirmé que la meilleure réponse aux « ennemis de la Turquie » serait une victoire du « oui » au référendum du 16 avril. Réagissant aux violentes attaques d'Ankara depuis le début de la crise, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a accusé hier le pouvoir turc de chercher par ses « provocations » contre l'Europe à se poser « en victime » pour peser sur le résultat du référendum. Et dans le sillage de cette crise, l'État-région allemand de Sarre, frontalier de la France, a décidé d'interdire à tout responsable étranger des réunions électorales sur son territoire.

Pas de valeur
M. Erdogan s'en est aussi pris personnellement, dans une interview diffusée lundi soir, à la chancelière Angela Merkel, l'accusant de « soutenir les terroristes », l'Allemagne abritant, selon lui, des militants de la cause kurde et des putschistes présumés impliqués dans le coup d'État avorté du 15 juillet 2016 en Turquie. Hier, Mme Merkel a jugé ces propos « aberrants ». « La chancelière n'a pas l'intention de participer à un concours de provocations », a ajouté son porte-parole, Steffen Seibert.
Hier aussi, le ministère turc des Affaires étrangères a accusé l'Union européenne d'alimenter « la xénophobie et les sentiments antiturcs » pour avoir enjoint à Ankara, la veille, de « s'abstenir de toute déclaration excessive ». Le ministère turc a estimé que la déclaration de l'UE « n'a pas de valeur », regrettant qu'elle ait été adressée à Ankara « et non pas aux pays qui portent la responsabilité de la situation actuelle en violant les conventions diplomatiques », en empêchant la participation de responsables turcs à des meeting électoraux sur leur sol.
« Les mouvements anti-immigration, xénophobes et racistes façonnent d'une manière croissante les politiques européennes. Au lieu d'offrir une perspective différente, les hommes politiques européens succombent à ce populisme raciste et anti-islam qui sape les valeurs démocratiques », a écrit hier le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, dans une tribune de presse reflétant l'état d'esprit actuel d'Ankara. La crise avec les Pays-Bas est survenue quelques jours avant les élections législatives, qui doivent se tenir aujourd'hui et où le parti du député islamophobe Geert Wilders est donné en deuxième place par les sondages. « La décision de ce jour de la Cour de justice européenne sur le voile ne fait que renforcer les courants anti-musulmans et xénophobes », a également écrit M. Kalin, sur Twitter. Il faisait référence à l'arrêt de la cour, rendu hier, estimant qu'une entreprise peut interdire dans son règlement intérieur le port visible de signes religieux, comme le foulard islamique. La cour a rendu son avis dans deux cas, en Belgique et en France, de femmes musulmanes estimant avoir été discriminées au travail, en l'occurrence licenciées, en raison de leur port du voile. In fine, il appartiendra aux plus hauts juges français et belges, qui demandaient son interprétation du droit à la cour basée à Luxembourg, de trancher légalement les litiges.
En dépit de fréquentes frictions, Ankara reste toutefois un partenaire stratégique de l'UE, notamment dans la gestion de l'afflux de migrants vers l'Europe. Mais à la lumière de la crise actuelle, le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, a évoqué lundi un « réexamen » du pacte sur la lutte contre l'immigration conclu il y a un an avec l'UE.

(Source : AFP)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a invoqué hier, sur un ton virulent, les tensions avec l'Europe pour promouvoir le « oui » au référendum d'avril sur ses pouvoirs, s'attirant de fermes répliques des Pays-Bas et de l'Allemagne.Promettant de « nouvelles mesures » contre La Haye, après une série de sanctions diplomatiques annoncées lundi pour avoir empêché deux...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut