Samy Khayat et son équipe diffusent le rire dans « Hoppalissa ».
En intitulant le spectacle « Hoppalissa », est-ce encore une nostalgie de l'enfance et du temps passé ?
Le thème de Hoppalissa comporte deux volets : d'une part on s'écrie Allez allez ! Du balai ! Faites sauter la corruption et les comportements irrespectueux ! ; de l'autre, on se met au travail pour faire du Liban un pays moderne et civilisé, à travers le changement des mentalités et une ouverture au monde tous azimuts. On présente donc des jumelages cocasses avec plusieurs pays de la planète qui hisseront notre pays vers le haut, pour en faire un acteur incontournable sur la mappemonde... Oui, Hoppalissa nous ramène à l'enfance quand nos parents nous soulevaient pour nous aider à sauter une marche. C'est une sorte d'onomatopée qui a une musicalité plus agréable à l'oreille que Allez hop ! ou Hop là !. À l'aune du nouveau régime, nous avons besoin de cette stimulation. C'est pour cette raison que je l'ai choisie.
Comment vous mettez-vous en condition pour concevoir un show ?
Tout se construit simultanément : une bousculade d'idées dans la tête. Le thème qui s'impose. La salle de théâtre et la date à retenir. Un casting à entamer et des flashs de fantaisie qui traversent l'esprit. Enfin, l'écriture commence avec ses nuits blanches. Les facéties viendront saupoudrer le tout au fur et à mesure des répétitions. Cinq à six mois sont nécessaires pour monter un spectacle.
Que privilégiez-vous : le rire du geste ou de la parole ?
Les deux. Et pas seulement. La musique, le décor, les costumes et les déguisements, les effets sonores, l'éclairage... Autant d'éléments qui se mélangent et font toute la magie d'un spectacle de comédie.
Les chansons sont très importantes dans votre show. Quid des arrangements et des paroles ?
Je veille moi-même à la composition et au choix des chansons. J'en fais aussi les arrangements musicaux en fonction du scénario. Et c'est toujours Isabelle Issahakian qui me fait l'harmonisation et l'orchestration. Sami Jr pourra alors fignoler le montage et le final tuning.
Vous ne craignez pas de vous répéter ?
En vérité, j'ai des centaines de scénarios écrits qui attendent d'être exploités. Je suis à la recherche d'une tribune ouverte en permanence pour que je puisse dépenser ce trop-plein d'idées. Il est vrai que certains sketches cultes sont toujours réclamés par le public : les fantaisies du téléphone, les comportements sociaux dans les condoléances ou les restaurants, le nombrilisme des Libanais, les accents des locuteurs de diverses nationalités... C'est pour cette raison que j'ai décidé de toujours terminer un nouveau spectacle par un tableau qu'affectionne le public. Cette année, j'ai choisi d'imiter les différents rires exprimés par les gens dans une ambiance festive. Cela dégage les toxines du corps des spectateurs avant de quitter la salle de théâtre.
À quel public vous adressez-vous ?
Sans offense pour Hergé, je revendique un public de 7 à 97 ans (l'augmentation de l'espérance de vie aidant). Ainsi, j'ai toujours à cœur de toucher une audience de toutes catégories et de tous âges, bien qu'on me colle souvent l'étiquette d'un théâtre élitiste, car de facture francophone. Ce qui est flatteur en quelque sorte.
Vous, Samy Khayat, qu'est-ce qui vous fait rire aujourd'hui ?
Moi-même. Quand je fais des farces au téléphone.
*Tous les vendredis, samedis et dimanches, jusqu'à fin mars au théâtre Saint-Sauveur (Badaro). Billets en vente à la librairie Antoine.
Tél. : 01/218078.
Pour mémoire
« Carafe » de Samy Khayat au Monnot
Reprise au Monnot puis one-man-show à Paris pour Samy Khayat
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