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Économie - Liban - Conférence

Hydrocarbures offshore : les chantiers qui attendent le gouvernement

Pour plusieurs acteurs du secteur des hydrocarbures offshore, le Liban doit notamment se doter d'une politique énergétique durable, d'infrastructures adéquates et d'une gestion transparente de ses richesses.

« Aucune compagnie pétrolière n’investira dans un pays qui n’est pas transparent et qui n’a pas accès à des marchés », a alerté le président de la LPA, Wissam Chbat (au pupitre). Photo K.O.

Si la nomination du nouveau gouvernement a permis, grâce à l'adoption de plusieurs textes législatifs, de mettre fin à près de quatre ans de blocage du dossier des hydrocarbures offshore, les autorités libanaises doivent encore mettre en place des politiques garantissant une gestion optimale et durable de ces potentielles richesses. Tel est le constat relevé par les acteurs publics et privés qui intervenaient mardi dans le cadre du Forum Oil & Gas organisé par Front Page Communications, à l'École supérieure des affaires.
Pour rappel, le gouvernement a approuvé mercredi le projet de loi sur les dispositions fiscales qui régiront le secteur du gaz et du pétrole offshore. Deux mois plus tôt, il avait adopté deux décrets indispensables au lancement de l'appel d'offres sur l'attribution des licences d'exploration des blocs maritimes, paralysé depuis 2013. Le premier décret définit les coordonnées des dix blocs de concession prévus dans la Zone économique exclusive (ZEE) du Liban et le second inclut le protocole de déroulement de l'appel d'offres et les modalités du contrat-type d'exploration et de production devant lier l'État aux concessionnaires. Cela avait permis au ministre de l'Énergie, César Abi Khalil, d'annoncer le lendemain l'ouverture graduelle de cinq des dix blocs maritimes pour le premier round d'attribution des licences d'exploration et de production. Les compagnies pétrolières (présélectionnées en 2013 ainsi que celles qui le seront avant le 13 avril) auront jusqu'au 15 septembre pour déposer leurs offres.

« Croissance durable »
Or si ces avancées ont été saluées par les intervenants au Forum Oil & Gas, plusieurs d'entre eux ont plaidé pour une série de réformes et d'initiatives devant être lancées par le gouvernement libanais dans ce secteur. Pour Alia Moubayed, directrice des Programmes géo-économiques et stratégiques au sein de l'Institut international pour les études stratégiques, basé à Londres, le Liban devrait élaborer « une politique énergétique à plus long terme, qui garantisse sa sécurité énergétique, le respect de l'environnement et une croissance économique durable ». « Les pays de la zone MENA sont les plus riches en termes de ressources énergétiques mais les pires en terme de performance, selon le Forum économique mondial », a-t-elle mis en garde avant de pointer du doigt « la faible gouvernance, l'absence de stratégies macroéconomique et géopolitique, de discipline fiscale, ainsi que le peu d'attention porté à l'environnement » dans la région.
Le président de l'Autorité de l'énergie (LPA, affiliée au ministère de l'Énergie), Wissam Chbat, a assuré de son côté que le Liban était doté de nombreux atouts, mais que les compagnies pétrolières intéressées demandent plusieurs garanties. « Nous avons un cadre législatif moderne, des régulations concernant toutes les phases de l'exploration à la production, en plus d'une proximité géographique avec de grands marchés », a-t-il affirmé. « Mais aucune compagnie pétrolière n'investira dans un pays qui n'est pas transparent et qui n'a pas accès à des marchés » à l'exportation, a-t-il ensuite alerté. Or l'accessibilité aux marchés extérieurs ne peut être assurée sans infrastructures adéquates. « Nous devons mettre en place des infrastructures à travers des partenariats public-privé et établir une coopération avec les pays voisins à ce propos », a indiqué Nasser Hoteit, membre du conseil d'administration de la LPA. « Cela inclut les infrastructures pour le stockage des hydrocarbures, les oléoducs, les gazoducs... » a-t-il détaillé.

« Stabilisation des richesses »
Enfin, bien que de nombreux observateurs tablent sur « un délai de 5 à 7 ans entre le lancement de l'appel d'offres et le début de la production », de nombreux conférenciers ont soulevé la question d'une gestion transparente et durable des revenus générés par les réserves potentielles en hydrocarbures. « Les revenus pétroliers sont volatils et incertains. Il faut protéger l'économie non pétrolière des revenus pétroliers », a prévenu le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani. Il préconise l'utilisation du fonds souverain devant être créé comme « un outil de stabilisation des richesses créées et d'épargne intergénérationnelle ». « Il faut transformer les richesses produites en actifs financiers qui seront investis sur les marchés internationaux de manière à répartir les risques. Seuls les revenus générés par ces actifs seront injectés dans le budget », a-t-il suggéré. Pour rappel, le Conseil des ministres avait formé début janvier un comité interministériel – présidé par le Premier ministre Saad Hariri et incluant les ministres de l'Énergie, des Finances et de la Planification, pour élaborer – en collaboration avec la LPA – une loi sur la création d'un fonds souverain. Plusieurs responsables politiques plaident pour la création d'un tel fonds, ainsi que d'une société pétrolière nationale, avant le début du processus d'attribution des licences d'exploration.

Si la nomination du nouveau gouvernement a permis, grâce à l'adoption de plusieurs textes législatifs, de mettre fin à près de quatre ans de blocage du dossier des hydrocarbures offshore, les autorités libanaises doivent encore mettre en place des politiques garantissant une gestion optimale et durable de ces potentielles richesses. Tel est le constat relevé par les acteurs publics et...

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