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Culture - Musique

La valse à trois temps de Vassilis Varvaresos

En escale au Liban pour un concert unique à l'Université antonine*, l'artiste de 34 ans qui gravit à toute vitesse (et en sûreté) les échelons de la notoriété et de la gloire se prête à une e-terview. À travers ses réponses, par-delà la naïveté, sa voix n'en perd ni de sa pertinence ni de son charme.

Vassilis Varvaresos, enfant de la Thessalonique et pianiste accompli.

Comment expliquez-vous le déclic pour le piano à cinq ans ?
Il y a deux choses dont je me souviens vivement : dès qu'il y avait un microphone, une scène, une opportunité pour me présenter au public, je la saisissais. Et puis dès qu'il y avait un piano, à n'importe quel endroit, j'étais attiré. Même sans savoir jouer, j'allais taper n'importe quoi sur les touches. Je pense que mes parents ont vu cela et ils se sont dit que peut-être je devais devenir soit comédien, soit pianiste. J'espère avoir fait le bon choix !

Quelle est votre définition du piano ?
Pour moi, le piano est l'instrument le plus métaphysique et transcendant! Parce qu'il montre de manière très pratique que la musique existe au-delà du son. Je suis toujours fasciné par le fait que le piano donne l'impression d'un chant, d'un orchestre, d'une phrase, d'une note, même si, en vérité, on ne peut pas vraiment prolonger un son... En général, notre travail de pianiste finit au moment où le marteau frappe la corde. Et pourtant, le vrai pianiste est celui qui laisse sentir que cette note se poursuit, comme une phrase qui respire... La musique est toujours cachée au-delà du son...

Est-ce votre première visite au Liban ? Que ressentez-vous avant de fouler la terre du pays du Cèdre? Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Oui, c'est ma première visite au Liban. Et je me réjouis de découvrir ce pays et cette ville portée par une histoire énorme. Et apparemment d'une beauté hors normes. Comme je viens de Grèce, j'ai des sentiments très forts pour tous les pays qui font partie du pourtour méditerranéen. C'est comme si la mer définit notre tempérament commun et le soleil définit notre rapport avec le métaphysique et le divin.

Quels sont vos musiciens favoris ?
Il y a tellement de musiciens que j'adore et que je respecte... C'est difficile de répondre. Prenons les pianistes : si je ne devais en garder qu'un ou deux que j'aurais envie d'écouter toute ma vie et, si possible, avec qui je pourrais prendre un verre, ce serait sans doute Horowitz et Rachmaninov. Ce sont deux pianistes qui me touchent infiniment.

Connaissez-vous des compositeurs libanais ?
Je viens de découvrir la musique de Béchara el-Khoury. Je me souviens avoir entendu son Unfinished Journey pour violon et cordes à Paris, merveilleusement interprété par Daniel Hope. Et j'ai été très ému. J'aimerais beaucoup découvrir d'autres compositeurs libanais. Et puis, je trouve que chaque pays a toujours quelque chose de profond à dire avec sa musique.

Quelle est la musique qui vous met de bonne humeur et qui parle à votre cœur ?
La réponse est très rapide, très facile et très banale. Mozart, Mozart et Mozart. Je pense que la musique de Mozart est comme le sourire d'un enfant. Alors c'est un peu plus que la bonne humeur... C'est se rappeler que la vie est vraiment belle.

Quel est votre rêve ? Quelle est votre ambition ?
Quand je serai mort, que les gens se souviennent d'avoir été touchés par ma musique. Et puis que d'autres réalisent que l'amour nous a réunis...

Lisez-vous ? Quel est aujourd'hui votre livre de chevet ?
Je lis tout le temps. Je viens de finir Le pendule de Foucault d'Ecco et je commence À la recherche du temps perdu de Proust. Mais comme je vois que cela va prendre du temps, j'ai entamé parallèlement une biographie de Bach ainsi que La Chartreuse de Parme de Stendhal.

Que jouerez-vous pour le public libanais ? Et pourquoi ce choix ?
Je suis heureux de présenter un programme débordant d'énergie et de fougue. La première partie est entièrement dédiée à la valse, comme danse, transcendance et esprit dionysiaque. Des valses de Chopin, Liszt et bien sûr La Valse de Ravel. Pour la deuxième partie, je voulais remettre un esprit d'introversion et de sincérité : je joue les Scènes d'enfance de Schumann. Je finirai avec ma propre paraphrase de la Guerre des étoiles, au sujet de laquelle je ne vous en dirai pas plus ! Un régal...

Quel conseil donneriez-vous à un apprenti pianiste ?
S'il y a un conseil à donner à un pianiste en herbe, c'est se demander si on peut vivre sans le piano. Si on peut passer un mois sans toucher les touches d'ivoire, on doit alors changer de profession.

*Vassilis Varvaresos donne ce soir un concert de piano en la chapelle Notre-Dame des Semences (Université antonine – Baabda) à 20h précises. Entrée libre.

Le piano, unique partenaire dans la vie

Enfant de la Thessalonique, Vassilis Varvaresos n'a que cinq ans quand l'irréversible éblouissement des touches du clavier lui perce le cœur. À quatorze ans, il est premier prix des jeunes artistes à New York. Méditerranéen dans l'âme et le corps, cet ancien brillant élève de la Julliard School de New York, détenteur du troisième prestigieux prix Enescu et finaliste au concours de piano de Monte-Carlo, est à 34 ans déjà dans la cour des grands.
Ses passages à la Salle Gaveau à Paris, au Carnegie Hall à New York, au Royal Hall de Londres, au Musikverein de Vienne, aux festivals de l'Orangerie et de Nohant l'ont propulsé en concert privé à la Maison-Blanche devant Barack Obama et un public américain de haut rang...
Chambriste très apprécié, ardent défenseur des couleurs de la Grèce avec l'Orchestre national d'Athènes en Chine lors des Jeux olympiques à Pékin, boursier des fondations Or du Rhin, Meyer et Onassis, Vassilis Varvaresos a déjà enregistré un CD avec des œuvres de Chopin, Liszt et Debussy. Et il a accompagné sur platine Le voyage en hiver de Schubert avec le baryton Dimitris Tiliakos. Pour le prochain enregistrement avec la maison Aparté, le jeune pianiste dévoile sa passion pour la valse... en trois temps certes, mais sur des partitions de grands maîtres classiques. C'est ce que les mélomanes libanais savoureront d'ailleurs ce soir, lors d'un récital à Baabda.

Comment expliquez-vous le déclic pour le piano à cinq ans ?Il y a deux choses dont je me souviens vivement : dès qu'il y avait un microphone, une scène, une opportunité pour me présenter au public, je la saisissais. Et puis dès qu'il y avait un piano, à n'importe quel endroit, j'étais attiré. Même sans savoir jouer, j'allais taper n'importe quoi sur les touches. Je pense que mes...

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