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À La Une - Proche-Orient

En Israël, une loi contre le boycott sous le feu des critiques

Ce nouveau texte interdit l'entrée en Israël à toute personne appelant au boycott de l'Etat hébreu.

Des manifestants pro-palestiniens défilent devant l'Hôtel de ville de New York, le 14 juillet 2014. Photo d'archives REUTERS/Lucas Jackson

Des organisations de défense des droits de l'Homme et des groupes d'opposition ont dénoncé mardi une nouvelle loi interdisant l'entrée en Israël à toute personne appelant au boycott de l'Etat hébreu.

Cette loi votée lundi par le Parlement s'inscrit dans une vaste offensive lancée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, contre des ONG de gauche opposées à la colonisation des territoires palestiniens occupés depuis près d'un demi-siècle.

Le mois dernier, les autorités israéliennes ont annoncé qu'elles n'accorderaient plus de visa de travail aux membres étrangers de l'ONG Human Rights Watch (HRW). Le Parlement israélien a adopté l'an dernier une loi contraignant les ONG recevant la majorité de leurs fonds d'institutions gouvernementales étrangères à déclarer leur situation.

Le texte voté lundi vise le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), qui milite en faveur d'un boycott économique, culturel mais aussi scientifique d'Israël jusqu'à la fin de l'occupation des territoires palestiniens.

"Un visa ou un permis de séjour ne sera plus accordé à une personne qui n'est pas un citoyen israélien ou un résident permanent, si elle, l'organisation ou l'organisme dans laquelle elle est active, a lancé publiquement un appel à boycotter l'Etat d'Israël ou s'est engagée à prendre part à ce boycott".

La loi définit le boycott comme une action délibérée en vue "d'empêcher des liens économiques, culturels, ou académiques avec une autre personne ou un organisme uniquement en raison de ses liens avec l'Etat d'Israël, avec l'une de ses institutions ou une zone sous son contrôle".
La mention "zone sous son contrôle" signifie que la loi s'applique aux activistes qui appellent au boycott des produits des colonies israéliennes dans les territoires occupés.

"Cette loi viole clairement la liberté d'expression", a estimé La Paix maintenant, une ONG opposée à la colonisation dans un communiqué.

 

(Pour mémoire : Le boycott d'Israël, une bataille qui gagne du terrain)

 

'Discriminatoire'
BDS s'est activement engagé ces dernières années pour le boycott d'Israël. L'Etat hébreu considère ce mouvement comme une menace stratégique et dénonce ses motivations antisémites, ce que BDS dément.

L'an dernier, Israël a débloqué 32 millions de dollars pour lutter contre ce mouvement.
"Avec cette loi, Israël n'empêchera pas le boycott mais écornera seulement (son) image dans le monde (...)", a ajouté la Paix Maintenant dans un communiqué.

Un des dirigeants de BDS, Omar Barghouti, estime lui aussi qu'avec cette loi "Israël a marqué un but contre son camp. BDS ne va pas arrêter ses activités", a prévenu M. Barghouti.
"Le contrôle des frontières ne devrait pas être utilisé pour contrôler les esprits", a estimé Hagai El-Ad, responsable de B'Tselem une ONG israélienne anti-occupation.

Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a récusé ces critiques. "Cette loi constitue une nouvelle étape dans notre combat contre ceux qui veulent délégitimer Israël en se cachant derrière le discours des droits de l'Homme", a estimé ce ministre dans un discours.

Le député d'opposition de gauche Manuel Trajtenberg estime lui que la meilleure option était d'engager un dialogue constructif avec ce mouvement. "Qu'est-ce que vous proposez, que nous nous réfugions dans un bunker, que nous fermions la porte et jetions la clé", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement.

La Voix juive pour la paix, un groupe américain de défense des droits de l'Homme qui soutient BDS, a comparé le vote de la Knesset au décret révisé signé lundi par le président américain Donald Trump interdisant pendant 90 jours l'entrée des Etats-Unis aux ressortissants de six pays musulmans.
"Israël a ainsi adopté sa propre interdiction discriminatoire (...)", a déploré dans un communiqué une des dirigeantes de cette association Rebecca Vilkomerson.

 

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