L'émission de Joe Maalouf, Hawa el-horiyyé, a réussi encore une fois lundi dernier à transgresser toutes les limites imposées par les bonnes mœurs et l'éthique de moins en moins respectée par les médias. Son invité, une coqueluche du public, et mari infidèle autoproclamé et fier de l'être, est venu étendre son linge sale ainsi que celui d'autres couples sur le plateau télévisé.
Le personnage en question a jugé opportun de diffuser des vidéos montrant ses relations extraconjugales, détails crus à l'appui, avec des femmes, toutes mariées par ailleurs, avec une désinvolture alarmante et faisant fi des dommages collatéraux qui s'ensuivront. Mise à part l'affligeante attitude de ce macho et le contexte désolant de ces enregistrements, que vient-il faire à la télévision ? Comment cette personne, qui ne s'est pas privée d'écorcher l'image de mères et la réputation d'hommes, pourtant de simples victimes de son orchestration pornographique, a pu profiter de cette visibilité malsaine à l'échelle nationale ? Quel est l'intérêt d'interviewer ce don Juan et de se présenter comme son complice en informant le public de l'existence de telles vidéos, ouvrant ainsi une fenêtre sur la vie privée de plusieurs familles. Comment ne pas être conscient qu'un tel « scoop médiatique » pourrait écraser en chemin les enfants des couples concernés ? Pour quelles raisons le journaliste a-t-il invité ce maître-chanteur ? Quelle information utile a-t-il pu nous transmettre à part la débauche dans laquelle cet homme s'est délecté en filmant, à leur insu, des femmes qu'il n'est pas de notre ressort de juger et encore moins de condamner : dans cette affaire, l'adultère n'est pas le scandale le plus condamnable. C'est plutôt le fait que les chaînes télévisées soient entraînées dans la médiocrité qui sévit sur les réseaux sociaux, échappant aux contrôles les plus basiques dans le domaine.
(Pour mémoire : Chères MTV et LBCI, on s'en fout !?)
Au lieu que la télévision, omniprésente dans tous les foyers, ne soit le garde-fou des valeurs et des mœurs, ne diffusant que ce qui est bénéfique à la communauté, sans tomber pour autant dans le rôle du moralisateur, elle participe de plus en plus à répandre la médiocrité et la vulgarité et ce qu'il y a de plus fâcheux et dégradant dans la société. Il est temps que les médias se reprennent en main en évitant de faire la concurrence aux réseaux sociaux. La télévision n'est pas Facebook ou WhatsApp ! Elle a un rôle plus noble que ces deux derniers qui sont les grands responsables de la diffusion du voyeurisme et de la culture de la vie-vitrine dans un déni total de la réalité pour notre plus grand malheur. Cette histoire, aussi triste soit-elle, n'aura servi qu'à montrer le mal du siècle : le pouvoir destructeur et de plus en plus ravageur des réseaux sociaux qui s'avèrent être des armes redoutables notamment entre les mains des plus ignorants.
Pour mémoire
La diffusion de la violence faite à un enfant : double agression ou révolte face à l'injustice ?
commentaires (5)
Super emission. Qu'on arrete avec notre hyprocrisie levantine et qu'on regarde la verite nue en face. On pense qu'on a le plus beau pays du monde. Que nos filles sont les premieres de classe. Que nos fils ne savent pas c'est quoi le hashish. Que nos femmes n'ont de desir que quand nous les hommes on en a. Et le mensonge continue. J'applaudi a cette emission qui nous montre que cette societe d'hypocrites est creuse et futile.
George Khoury
10 h 25, le 04 mars 2017