Rechercher
Rechercher

Bouillabaisse et keffieh

À force de parler des disjonctés de tous poils et barbes de Ersal jusqu'à l'Irak, en passant par la Syrie, on a fini par oublier les primo-guignols parmi nos invités. Ça tombe bien, voilà que la bouillabaisse de Aïn el-Héloué nous ramène le bon vieux souvenir de Yasser Arafat et de ses rigolos de la gâchette.

Quelle formidable machine à remonter le temps que cette favela et ses agités du keffieh! Quelques pauvres hères assassinés et l'on replonge fissa dans la chienlit des années 70-80 : l'attardé mental qui tire, l'enturbanné qui le cache dans sa chemise de nuit, la noria des patibulaires armés qui grenouillent au milieu des torchis... et les myriades de groupuscules, de dissidents de groupuscules, de mutins de dissidents, de réfractaires aux mutins et autres électrons libres. Bref, un microcosme du futur État palestinien que les pays arabes tentent de vendre depuis des décennies à la communauté internationale.

Expérience de laboratoire : tu places trois Palestiniens dans un bocal, tu comptes jusqu'à un, quinze sectes dissidentes se mettent à pigeonner. Tout cela sous le regard torve des gouvernements libanais successifs qui, pour se faire livrer un trucideur recherché, ne trouvent pas mieux que de sous-traiter régulièrement leur boulot auprès d'un komintern d'ahuris, fichés comme de dangereux terroristes internationaux et pompeusement affublés du titre de Comité conjoint de sécurité. Définitivement, le paysage bucolique de Aïn el-Héloué est à classer dans le patrimoine mondial de l'art de vivre.

Le plus tordant, c'est quand nos politiques maison brandissent le cliché du « droit au retour ». Que ceux qui voient les Palestiniens rentrant chez eux lèvent le doigt. Et d'ailleurs, le vieux Mahmoud Abbas en voudrait-il, du fond de sa voie de garage ?

Finalement, les véritables cocus de toute cette histoire restent ces femmes, ces enfants, ces vieillards... Chairs à canon hachées menu par les roquettes et les balles, et à qui l'on débite des âneries en tranches face à une cause juste, mais dévoyée depuis lurette dans les querelles de caniveau.

Pour le plus grand bonheur des chefs arabes, installés pour en faire commerce et se goinfrer.

gabynasr@lorientlejour.com

À force de parler des disjonctés de tous poils et barbes de Ersal jusqu'à l'Irak, en passant par la Syrie, on a fini par oublier les primo-guignols parmi nos invités. Ça tombe bien, voilà que la bouillabaisse de Aïn el-Héloué nous ramène le bon vieux souvenir de Yasser Arafat et de ses rigolos de la gâchette.
Quelle formidable machine à remonter le temps que cette favela et ses...

commentaires (5)

"Finalement, les véritables cocus de toute cette histoire restent ces femmes, ces enfants, ces vieillards... Chairs à canon hachées menu par les roquettes et les balles, et à qui l'on débite des âneries en tranches face à une cause juste, mais dévoyée depuis lurette dans les querelles de caniveau.... Pour le plus grand bonheur des chefs arabes, installés pour en faire commerce et se goinfrer." ! Superbe Gaby NASR.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 54, le 03 mars 2017

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • "Finalement, les véritables cocus de toute cette histoire restent ces femmes, ces enfants, ces vieillards... Chairs à canon hachées menu par les roquettes et les balles, et à qui l'on débite des âneries en tranches face à une cause juste, mais dévoyée depuis lurette dans les querelles de caniveau.... Pour le plus grand bonheur des chefs arabes, installés pour en faire commerce et se goinfrer." ! Superbe Gaby NASR.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 54, le 03 mars 2017

  • J'ai eu au ptit dej , du Knefeh bjebenn . Aussi succulent que le Keffieh bouilla-baisse ton froc .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 42, le 03 mars 2017

  • Bonjour M. Gaby Nasr ,bravo ! c'est clair en plus je n'ai jamais vu ,sur un menu de resto ,un plat qui s'appelle Keffieh ...par contre une de mes amies ,demande où est Monsieur Boullia...? :-)

    M.V.

    09 h 54, le 03 mars 2017

  • Pauvre Liban...

    Soeur Yvette

    08 h 57, le 03 mars 2017

  • VOUS NOUS FAITES RIRE GABY NASR AVEC VOTRE STYLE PARTICULIER... MAIS DE BON COEUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 19, le 03 mars 2017

Retour en haut