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Moyen Orient et Monde - Rapport / EI

« Le même homme m’a violée chaque jour pendant un mois »

Un nouveau document de HRW expose les témoignages de victimes sunnites d'agressions physiques, perpétrées par des jihadistes de l'État islamique en Irak.

Une femme sunnite ayant échappé aux jihadistes de l’État islamique réfugiée dans un centre au sud de Mossoul, le 14 février 2016. Photo Reuters

« Les violences sexuelles contre les femmes musulmanes sunnites vivant sous la férule de l'État islamique sont peu connues », dénonce Lama Fakih, directrice adjointe pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch (HRW). Dans un rapport publié hier, l'organisation a répertorié des témoignages de femmes musulmanes sunnites ayant subi des agressions et des abus sexuels perpétrés par des jihadistes de l'EI en Irak. En revanche, plusieurs recherches recensent les abus sexuels des combattants de l'EI visant les femmes yézidies. Les Yézidis sont une minorité religieuse de la communauté kurdophone mélangeant des éléments de l'islam et du christianisme. Utilisant les agressions sexuelles comme une arme de guerre, les jihadistes ciblent les femmes yézidies, victimes privilégiées de l'EI. « Dans les faits, les viols commis par les jihadistes de l'EI ne concernent pas uniquement certaines communautés spécifiques », confie Lama Fakih à L'Orient-Le Jour.

Le temps d'une journée, des chercheurs de HRW se sont entretenus avec six femmes du centre de réhabilitation de Kirkouk, en Irak. La ville de Kirkouk est contrôlée par les forces kurdes depuis 2014. Le Dr Abdel-Karim Kalyfa, qui gère le centre, rapporte que près de 400 patients y ont été traités en 2016 pour des traumatismes liés à des évènements perpétrés par l'EI. Le centre apporte un soutien psychologique et comportemental aux victimes.

Les femmes interrogées ont réussi à s'enfuir de Hawija, ville au sud de Mossoul et contrôlée par l'EI. Tour à tour, elles racontent leur calvaire. Viols, agressions, meurtres s'enchaînent tout au long de leurs récits. L'une d'entre elles, prénommée Souad et âgée de 21 ans, devait se marier avec son cousin. Lorsqu'il s'engage au sein de l'EI pour aller combattre, elle lui explique avec ses parents que leur mariage est annulé. Un matin, il vient chez eux accompagné de son frère pour demander sa main. Il menace de tuer sa famille si ses parents refusent. Ces derniers acceptent et Souad est forcée de se marier avec lui. Violée, elle tombe enceinte et réussit à s'enfuir avec ses parents pour rejoindre Kirkouk. L'enfant décède quatre jours après sa naissance. Hanan, 26 ans, dévoile aussi les horreurs qu'elle a subies : suite à la mort de son mari, des jihadistes lui imposent de se remarier avec le chef local. Elle refuse et s'ensuit une longue série d'abus sexuels. « Le même homme m'a violée chaque jour pendant un mois (...) devant mes enfants. Ma fille souffre de problèmes mentaux donc elle ne comprend pas vraiment ce qu'elle a vu, mais mon fils en parle souvent. Je ne sais pas quoi faire », déclare-t-elle aux chercheurs.

 

(Lire aussi : Nadia Murad et Lamia Haji Bachar, d'esclaves sexuelles de l'EI à porte-paroles des Yazidis)

 

 

Un manque de moyens
« Il est difficile d'estimer le nombre exact de victimes, observe Lama Fakih. Les femmes ont souvent peur de parler et n'ont pas forcément connaissance des ressources à leur disposition pour les aider à se reconstruire. » Selon le rapport, les victimes d'abus sexuels et leurs familles se retrouvent souvent stigmatisées et choisissent de se taire pour préserver leur réputation. D'autres se retrouvent dans l'interdiction de parler sous la pression de leurs proches. « Les femmes avec lesquelles nous nous sommes entretenues ont choisi volontairement de nous raconter leurs histoires. Elles tenaient à les partager », affirme Lama Fakih.

Si les activités des centres de réhabilitation existants sont efficaces, leurs moyens restent insuffisants. HRW souligne également le manque de structures d'aide psychologique et sociale adéquates pour accompagner ces femmes. « Le problème n'est pas uniquement financier. Il s'avère difficile de trouver des personnes qualifiées pour travailler avec ces femmes mais qui le sont également au niveau linguistique », déplore Lama Fakih. Le rapport de l'ONG observe également que les agences de l'ONU en coopération avec le gouvernement régional du Kurdistan ont des difficultés à apporter des solutions adaptées aux femmes yézidies. À cet égard, HRW appelle à plus de coordination entre le gouvernement irakien, les Kurdes, les institutions des Nations unies et les groupes humanitaires. « Nous n'avons pas pu réaliser un travail sur le long terme avec ces six femmes. Nous allons aussi continuer de travailler avec elles et essayer d'élargir le projet si possible », conclut Lama Fakih.

 

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« Les violences sexuelles contre les femmes musulmanes sunnites vivant sous la férule de l'État islamique sont peu connues », dénonce Lama Fakih, directrice adjointe pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch (HRW). Dans un rapport publié hier, l'organisation a répertorié des témoignages de femmes musulmanes sunnites ayant subi des agressions et des abus sexuels perpétrés par des...

commentaires (2)

DES BETES A FORME HUMAINE...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 08, le 21 février 2017

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Commentaires (2)

  • DES BETES A FORME HUMAINE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 08, le 21 février 2017

  • C'est bizarre ..., que la bien pensante pensée unique ,style Normal 1er et ses réseaux , demande rarement que les auteurs de ces crimes ,soit envoyé devant le TPI...

    M.V.

    07 h 37, le 21 février 2017

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