Marine Le Pen est arrivée dimanche au Liban où elle prévoit de rencontrer les deux têtes de l'exécutif et soigner sa crédibilité internationale à deux mois du premier tour de la présidentielle française.
La présidente du Front national (extrême droite), dont toute la stratégie consiste à "dédiaboliser" son parti pour apparaître comme une présidente en puissance, n'a encore jamais rencontré publiquement de chef d'Etat en exercice.
À son arrivée, la candidate a plaidé pour un resserrement des liens entre la France et le Liban où elle effectue une visite. "Je viens pour la première fois au Liban(...) Nous avons des liens qui méritent d'être resserrés beaucoup", a déclaré la présidente du FN. Elle dit vouloir "redonner à ces liens historiques, presque familiaux, la solidité qu'ils n'auraient jamais dû perdre."
Lundi, elle doit rencontrer le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri ainsi que le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil. "On va parler francophonie, mais pas seulement, coopération économique, lutte contre le fondamentalisme islamiste", a-t-elle indiqué.
Mme Le Pen a estimé que le Liban pourrait servir de potentielle "puissance d'équilibre" régionale.
"C'est une étape importante", juge-t-on dans son entourage, où on entretient toutefois le flou sur le programme précis de la visite.
Le Liban est devenu un lieu de passage familier pour les candidats soucieux de peaufiner leur stature internationale, à l'image d'Emmanuel Macron qui a précédé Marine Le Pen à la fin du mois de janvier. L'ancien ministre de l'Economie a également eu le droit à des entretiens avec Michel Aoun et Saad Hariri, tous deux arrivés au pouvoir en octobre-novembre.
Normaliser son image
Pour la présidente du parti d'extrême droite, l'enjeu est d'autant plus important qu'elle peine à obtenir des rendez-vous avec de hauts responsables étrangers en dépit de la stratégie qu'elle a déployée depuis 2011 pour normaliser son image, sur la scène nationale comme internationale.
En janvier dernier, elle a eu un entretien d'une heure trente, à Paris, avec le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, lequel a par la suite estimé qu'une élection de Marine Le Pen entraînerait "un retour à la loi de la jungle" en Europe. Et, en juin 2015, elle a vu le Premier ministre égyptien de l'époque, Ibrahim Mahlab, à l'occasion d'un déplacement de quatre jours au Caire.
Mais, lors d'un aller-retour à New York, en janvier dernier, Marine Le Pen n'a rencontré aucun représentant officiel de l'administration de Donald Trump, dont elle fut pourtant l'une des seules responsables politiques, en France, à saluer l'élection en novembre dernier.
En réalité, la candidate frontiste a surtout noué ses liens publics à l'étranger avec des formations européennes d'extrême droite, pour la plupart tenues à la lisière du jeu politique dans leur pays, comme le FN en France. Fin janvier, elle a ainsi participé à Coblence, en Allemagne, à un rendez-vous avec les alliés traditionnels du FN, les Allemands de l'AFD, les Néerlandais du Parti pour la liberté (PVV), les Autrichiens du Parti de la liberté (FPÖ) et la Ligue du Nord italienne.
Marine Le Pen, qui ne fait pas mystère de sa ligne pro-russe, compte par ailleurs sur les récentes victoires de Donald Trump et des partisans du Brexit, au Royaume-Uni, pour casser l'image d'isolement international de son parti. "Ce réveil des peuples est historique, il marque la fin d'un cycle, le vent de l'Histoire a tourné. Il nous portera au sommet", a-t-elle déclaré le 5 février, à Lyon, en conclusion de son premier discours de campagne.
Elle s'est démarquée de la classe politique française en prenant la défense de Bachar el-Assad et appelant à dialoguer avec lui. "Écoutez les Syriens, et vous verrez que ce qu'ils attendent, c'est que Bachar el-Assad gagne cette guerre contre les fondamentalistes islamistes", a-t-elle affirmé au mensuel Causeur début janvier, en référence aux groupes jihadistes comme l'Etat islamique.
Systématiquement donnée en tête du premier tour de la présidentielle, avec environ un quart des intentions de vote, l'eurodéputée est presque toujours donnée battue au second tour dans les sondages, quel que soit son adversaire.
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EN SA QUALITE DE QUOI ?
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 24, le 20 février 2017