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À La Une - Conflit

Les jihadistes libyens se réinstallent dans le désert

"Ils travaillent et se déplacent par petits groupes. Ils n'utilisent que deux ou trois véhicules en même temps et roulent de nuit pour éviter d'être repérés".

Un Libyen inspecte le 22 août 2016 à Syrte un bâtiment qui était contrôlé par les jihadistes du groupe Etat islamique, mais qui a été repris par les forces gouvernementales soutenues par l'Onu. Photo d'archives REUTERS/Hani Amara

Les combattants de l'organisation Etat islamique en Libye se sont installés dans le désert et les collines au sud-est de Tripoli après avoir été chassés de Syrte, sur la côte méditerranéenne, déclarent des responsables de la sécurité.

Les jihadistes, qui seraient quelques centaines, cherchent à exploiter les divisions politiques et à semer le chaos en s'attaquant aux lignes électriques ou à l'approvisionnement en eau.

Leurs mouvements sont épiés grâce aux moyens de surveillance aérienne et aux renseignements sur le terrain mais les forces libyennes n'ont pas les capacités de mener des raids aériens comme celui que les Etats-Unis ont effectué le 19 janvier au sud-ouest de Syrte, tuant plus de 80 jihadistes, soulignent les responsables libyens.

La menace jihadiste se concentre au sud de la bande côtière entre Misrata et Tripoli et décrit un arc de direction sud-est entre Bani Walid et le désert au sud de Syrte, déclare Ismail Choukri, chef des renseignements militaires à Misrata.

Un groupe de 60 à 80 jihadistes opère autour de Ghirza, à 170 km à l'ouest de Syrte, un autre, d'une centaine d'éléments, est basé autour de Zalla et du champ pétrolier de Mabrouk, à 300 km environ au sud-est de Syrte. Un troisième groupe serait présent à Al-Ouwaynat, près de la frontière algérienne, dit-il.

Certains de ces combattants étaient basés à Syrte avant la reconquête de la ville par les brigades de Misrata, d'autres sont arrivés de l'est de la Libye d'où ils ont été chassés par d'autres groupes armés.

"Ils travaillent et se déplacent par petits groupes. Ils n'utilisent que deux ou trois véhicules en même temps et roulent de nuit pour éviter d'être repérés", explique Mohamed Gnaidy, un officier des renseignements qui a participé à la campagne de Syrte.

 

(Pour mémoire : Après la défaite de l'EI, craintes d'un conflit généralisé en Libye)

 

Sabotages

Après le raid américain du 19 janvier, les forces libyennes ont diffusé des images montrant les repaires des jihadistes creusés dans le sable, des abris temporaires camouflés par des bâches en plastique et des branchages, des stocks d'armes et des téléphones satellitaires.

"Cette région est très escarpée, c'est difficile pour nos forces", souligne Choukri. "La seule solution est de les éliminer par des frappes aériennes."

Mohamed Gnounou, porte-parole des forces aériennes de Misrata, a déclaré que les jihadistes tués par les Américains étaient surveillés depuis 45 jours. "Cela a confirmé qu'un grand nombre de ces individus préparaient quelque chose de nouveau à cet endroit, et développaient une stratégie en direction de nouvelles régions."

Les jihadistes avaient reçu une aide de la part de villageois et payé certains pour les aider à saboter les lignes d'approvisionnement en eau et en électricité.

"Daech (EI) a détruit plus de 150 km de pylônes électriques dans le Sud, entre Djoufra et Sabha. Ces actes de sabotage alimentent la crise et la frustration en Libye", dit Gnounou.

Les responsables militaires de Misrata déclarent que la vie reprend lentement son cours à Syrte, dont la reconquête s'est achevée en décembre et qui est désormais sécurisée. Ils soutiennent le Gouvernement d'entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, mais se plaignent de son manque de soutien, alors que progressent les forces du général Khalifa Haftar vers l'est et le sud de Syrte.

Haftar, qui ne reconnaît pas le GNA, a affronté les brigades de Misrata en 2014, pendant que l'EI montait en puissance.

"Le soutien que nous obtenons n'est pas égal au risque que nous prenons ni aux sacrifices que nous avons faits", souligne Choukri. "Nous avons besoin que les autorités politiques, que le GNA prenne en charge les étapes suivantes."

 

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