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K.-O., chaos

C'est moi ou le chaos : la formule n'a pas fini de faire ses preuves. Véritables artistes en la matière auront été les Assad, père et fils, de Syrie. Adepte pourtant de la politique du bord de l'abîme, le premier se sera affirmé comme l'ennemi préféré d'Israël ; il a ainsi préservé, des décennies durant, un calme plat sur les lignes du Golan occupé, dans le même temps qu'il alimentait la résistance sur le front du Liban-Sud. Son fils et successeur a fait encore mieux, s'imposant à la planète entière comme la seule alternative valable aux terroristes de Daech : épouvantail pourtant surgi, comme par prodige, des cachots syriens.

Moi ou personne : plus extrême, bien qu'heureusement non violente, cette variante n'aura pas épargné notre pays, entraînant en effet un long blocage de l'élection présidentielle. Laquelle, d'ailleurs, n'a trouvé son épilogue qu'avec le triomphe du général Michel Aoun. Sans certes aller aussi loin, c'est à l'arme absolue, celle du tout ou rien, que vient de recourir, lui aussi, un François Fillon lourdement plombé, dans sa course à l'Élysée, par l'affaire du Penelopegate, que venaient corser hier de nouvelles révélations du Canard enchaîné.

Les propos qu'a tenus lundi le champion de la droite française auront inspiré des sentiments fort contradictoires. Ainsi, et même assortie d'un aveu de faute, de regrets et plus encore d'excuses, sa confession n'en est pas tout à fait une : il ne démord pas de la parfaite réalité de l'emploi d'assistante assumé par son épouse ; il se borne à mettre en cause une pratique légale funestement ancrée dans les mœurs parlementaires, admettant qu'elle n'est plus désormais tolérée par l'opinion. Il fustige les médias, coupables de s'être associés à son assassinat politique (et qui ont visiblement bénéficié, au départ, de fuites ne pouvant humainement provenir que du parquet financier ou de la police).

Mais pour la victime LR demeurée plusieurs jours K.-O. sous la violence du coup et plus que jamais résolue à livrer bataille, il ne s'agit pas seulement désormais de se gagner la sympathie du public. Comme le montrent les sondages, le doute a inévitablement gagné une partie de ses troupes populaires, à l'exclusion des inconditionnels, convertis d'office. C'est surtout du côté de ses propres lieutenants, de ses généraux même, que François Fillon a entrepris, en réalité, de clarifier les choses. De faire taire ceux des camarades qui, craignant de perdre la présidentielle, demandent publiquement que l'on change de champion. De dissuader, en brandissant la légitimité que lui confère sa victoire à la primaire, ceux de ses pairs qui voudraient bien être champion à la place du champion. De convaincre les uns et les autres qu'à défaut d'un soutien sans faille, sans crises de foi et sans crocs-en-jambe, le désastre est assuré pour l'ensemble de la droite et du centre.

Reste à relever que le chaos dont on agite avec tant d'ardeur le spectre, il est déjà un peu là. Éliminé au premier tour de la primaire, l'ex-président Sarkozy n'en continue pas moins de défrayer la chronique judiciaire, dans l'affaire des fausses factures qui ont terni sa campagne de 2012. Marine Le Pen va être poursuivie pour avoir dépensé en emplois fictifs son enveloppe de parlementaire européenne. Et même si la justice n'a rien à y voir cette fois, Emmanuel Macron, soudain objet de rumeurs d'homosexualité, doit maintenant protester de son engagement marital.

Les boules puantes font boule de neige, dans le tintamarre de toutes les casseroles que charrie cette présidentielle pas comme les autres.

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

 

 

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