Le candidat de droite à la présidentielle, François Fillon, a présenté hier ses « excuses » aux Français pour avoir embauché sa femme comme aide parlementaire tout en défendant la légalité de son travail, face aux soupçons d'emploi fictif qui ont plombé une campagne qu'il entend relancer. Devant plus de 200 journalistes réunis à son QG de campagne à Paris, l'ex-Premier ministre a assuré que « tous les faits évoqués (étaient) légaux et transparents ».
Le vainqueur de la primaire de la droite de novembre dernier a malgré tout reconnu une « erreur » et a présenté ses « excuses » aux Français. « Il y a des pratiques anciennes dans la vie politique qui ne sont plus acceptables », a-t-il admis. À moins de trois mois du premier tour du scrutin le 23 avril, l'ancien favori des sondages fait face à une pression croissante depuis des révélations de la presse sur les emplois présumés fictifs de son épouse Penelope et de deux de ses enfants, à qui il a payé des salaires comme attachés parlementaires. « Mon épouse a travaillé » et sa rémunération moyenne de 3 677 euros nets mensuels était « parfaitement justifiée », a répété François Fillon.
Accusant de nouveau ses adversaires politiques de gauche d'être à l'origine des révélations le visant, il a insisté sur les fonctions assumées par son épouse dans sa circonscription : courrier, représentation à des événements locaux, traitement de réclamations des électeurs... Il a aussi promis de publier sur internet son patrimoine et l'ensemble des rémunérations perçues par sa femme. Le candidat conservateur a également donné sa version des propos de Penelope Fillon dans un entretien à un journal britannique datant de 2007, et récemment exhumé par une émission de télévision française, dans lequel elle affirme n'avoir « jamais été l'assistante » de son mari. « Elle n'a jamais été ma subordonnée » mais une « compagne de travail », a expliqué François Fillon.
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« Une nouvelle campagne »
« Je suis honnête. Cette accusation m'est tombée dessus comme un coup de tonnerre », a-t-il affirmé, en dénonçant « un lynchage médiatique ». Après avoir chuté dans les sondages à la suite du scandale et face aux doutes de son propre camp, François Fillon s'est aussi montré combatif. « C'est une nouvelle campagne qui commence », a-t-il promis.
Il a répété vouloir aller jusqu'au bout et balayé la perspective d'un plan B à droite. Alors que le nom de l'ancien Premier ministre Alain Juppé circulait pour le remplacer, ce dernier avait déjà lui-même « clairement et définitivement » écarté cette hypothèse hier.
François Fillon se devait d'essayer de convaincre ses propres soutiens au moment où la droite, donnée gagnante à la présidentielle jusqu'à cette affaire, est maintenant confrontée à la perspective d'une élimination dès le premier tour. Selon un sondage publié samedi, son candidat se classe désormais troisième avec 18 % à 20 % des intentions de vote, derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (25 %) et le centriste et ex-ministre de l'Économie Emmanuel Macron (21 % à 22 %), qui a le vent en poupe.
Une autre enquête indique que 68 % des Français ne souhaitent pas que François Fillon maintienne sa candidature à la présidentielle. Le quotidien Le Monde a dévoilé hier de nouveaux éléments d'enquête embarrassants pour François Fillon. Les policiers s'interrogent notamment sur les circonstances de l'élévation à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur – la plus haute décoration française – d'un homme d'affaires qui a par ailleurs salarié Penelope fillon dans une revue. Le patron en question, Marc Ladreit de Lacharrière, a réaffirmé hier que l'emploi de Mme Fillon n'avait « rien de fictif ».
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IL FAUT QU,IL DEGAGE AU PROFIT D,UN AUTRE... ET A TEMPS...
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 50, le 07 février 2017