Il décoffre ses pensées telles quelles, n'enveloppe rien, c'est sa bienséance à lui. Et puis il passe à l'acte, aussitôt dit, aussitôt fait, au moins c'est cash. Il n'a rien à cacher. Les cachotiers sont des gens qui ont peur. De quoi aurait-il peur ? Il est l'homme le plus puissant du monde, et ceux à qui ça ne plaît pas, il ne les retient pas. De ce siècle, il est le cauchemar devenu réalité. Sa moue de vieil enfant gâté, sa gouaille, ses costumes mal coupés, déformés aux genoux et aux coudes, sa cravate de traviole mais qui insiste à être rouge, tout cela fait partie du personnage. Il n'y changera rien. Il n'a pas à suivre la mode, il la fait ; mieux : il l'est, pour paraphraser Coco Chanel. Et ce n'est pas une simple question vestimentaire. Il ouvre une ère que les grincheux qualifieront de vulgaire, mais il faut croire qu'ils ne sont pas de notre époque, les nostalgiques des entrechats diplomatiques et des formules enguirlandées. Mitterrand voulait qu'on donne du temps au temps. Trump préfère lui en prendre, c'est plus viril.
Et puis non, il n'ouvre rien du tout. Tout était là, depuis longtemps déjà. De l'Amérique dont on ne veut voir que le génie, les grandes universités, les entreprises pionnières, les tapis rouges, l'abondance, les opportunités, les films qui suintent les bons sentiments, il invite à la Maison-Blanche la noirceur, l'ignorance qui engendre la peur qui engendre la haine. Le Grand Satan si cher à la rue arabe a enfin un visage et il est d'une navrante banalité. Donald Trump est le voisin qui a une voiture plus grosse que la tienne, une femme plus belle que la tienne, une pelouse plus verte que la tienne, des vacances plus loin que les tiennes, et toc. Là est toute sa grandeur : dans la fragilité de l'autre ; et il ne va pas se priver d'en faire étalage. « Restituer sa grandeur à l'Amérique » ne se lit pas autrement, du moins dans cette introduction que sont les premiers décrets antimigrants. Il n'y a qu'à choisir les plus désemparés, ceux qui n'ont presque plus de pays, ceux qui sont prêts à jouer leur va-tout pour contrer leur destin. Leur claquer la frontière au nez sans crier gare. Ce qui est grand est après tout inaccessible. Dont acte.
On est en droit de s'inquiéter de la suite. Par quoi, sur quoi ou sur qui devra encore passer la grandeur de l'Amérique ? Et pourquoi nous ignore-t-elle, nous autres Libanais, avec notre passeport qui ne mène pas bien loin ? Sommes-nous si invisibles à l'œil nu, sur la carte du monde ? Ou au contraire, comme nos autorités veulent bien le croire, avons-nous enfin mérité les galons des premiers de classe dans la lutte antiterroriste ? Du reste, il me plaît, Donald Trump. Rien ne pouvait arriver de plus sain à cette planète déboussolée. Sa radicalité sert de révélateur et crève bien des abcès. Il dit très-très haut ce que d'autres osent à peine penser tout bas. Ceux qui se plaignent de la présence des migrants sont-ils vraiment prêts à assumer des actions extrêmes de la part de leur gouvernement pour les tenir à distance? Les premières mesures adoptées les incitent déjà à évaluer leur niveau de tolérance. Plus les futures démarches seront brutales, plus les camps seront clairs et mieux nous connaîtrons le mal qui ronge notre génération. Peut-être pourrons-nous enfin le soigner.
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commentaires (10)
Dans son Ultime allocution Barack Obama a affirmé que l'avènement de Donald Trump était bien plus une virgule, qu' un point final dans la longue marche du progrès des Etats Unis. Pour la République islamique d'Iran, le nouveaux président Haut en Couleur vient de passer de point d'interrogation à point d'exclamation. On est loin de la mansuétude, et de la tolérance envers un état qui réitère son appel continuel à la haine envers l'Amérique . Cette interdiction d'entrée des iraniens sur le territoire American contraste avec celle des autres état sanctionnés . On a ici un terrorisme d'état et non une vacance de ce dernier qui génère des groupuscules obscurantistes. Le régime des mollah très isolé s'interroge et ne trouve à son échelle aucune parade pour cette sanction et les nouvelles à venir. Pour La citadelle Europe L'heure est à la cohésion. Après la brèche du Brexit, il est nécessaire de consolider les fondations en écoutant la voix des peuples. Aussi il n'est pas souhaitable de s'aliéner cette puissance prométhéenne . Dans sa vision Donald Trump, pour contrer la montée en puissance de l'Empire du milieu , souhaite voir émerger une coalition "Occident" judéo-chrétienne qui inclurait l'Europe et la Russie. Pour l' Europe Il sera nécessaire de faire bloc, et parler d'une seule voix en s'appuyant sur les intérêts communs , le passé historique, et les valeurs civilisationnelles.
ANDRE HALLAK
23 h 16, le 04 février 2017