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À La Une - Proche-Orient

Le Parlement israélien débat d'une loi contestée en faveur des colons

L'OLP voit dans cette législation, qui alarme les défenseurs de la cause palestinienne et la communauté internationale, "une déclaration de guerre".

Des colons israéliens manifestent devant le Parlement israélien, le 30 janvier 2017. AFP / THOMAS COEX

Le Parlement israélien a examiné lundi une loi qui permettrait à Israël de s'approprier des centaines d'hectares de terres palestiniennes en Cisjordanie occupée, sous la pression des colons stimulés par la présidence Trump.

La majorité de droite a approuvé le cadre général de la loi en commission mais l'opposition a obtenu que la commission vote mardi sur chacun des centaines d'amendements qu'elle a présentées. Les députés en séance plénière ne voteront donc pas avant mardi. L'adoption est probable. Cette législation alarme les défenseurs de la cause palestinienne et la communauté internationale. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) y a vu "une déclaration de guerre".

Ce serait la première fois qu'Israël appliquerait la loi civile israélienne en Cisjordanie, non seulement à des individus mais à des terres reconnues comme palestiniennes, a affirmé à l'AFP le professeur de droit Amichai Cohen. Une telle décision renforcerait ceux qui, au sein de la droite israélienne, réclament l'annexion de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et que la nouvelle administration de Donald Trump gonfle d'optimisme, selon les détracteurs du texte.

Environ 2.000 colons ont manifesté devant la Knesset à Jérusalem pour soutenir à la fois la proposition de loi et les 200 à 300 habitants de la colonie d'Amona en Cisjordanie.

 

(Lire aussi : Feu vert final d’Israël à 153 logements de colonisation à Jérusalem-Est)

 

'Parer au harcèlement récurrent'
Le texte, présenté par le lobby pro-colon, vise à éviter des situations comme celle d'Amona, construite sur des terres privées palestiniennes. La justice israélienne a ordonné la démolition d'Amona d'ici au 8 février, provoquant un psychodrame.

Toutes les colonies israéliennes sont illégales au regard du droit international. Une grande partie de la communauté internationale y voit un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens. Israël, au contraire, légitime la colonisation, et distingue entre les colonies que ses autorités ont validées, et celles, dites sauvages, comme Amona.

Pour les colons et ceux qui les soutiennent au nom du refus d'un Etat palestinien ou au nom du droit à construire sur des terres faisant partie selon eux de l'Israël biblique, ces démolitions sont inacceptables. "Israël, le seul pays qui détruit des foyers juifs", proclamait une banderole déployée près de la Knesset.

L'évacuation d'Amona s'annonce comme une âpre bataille et donne lieu à un forcing du lobby pro-colon, qui soumet un Premier ministre fragilisé à une pression intense. La loi "parera au harcèlement récurrent auquel sont soumises les colonies de Judée-Samarie", a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu, employant le nom biblique de la Cisjordanie.

Elle permettra, une fois adoptée, de déclarer terres israéliennes des terrains privés palestiniens sur lesquels des Israéliens auront construit sans autorisation, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés privées, soit parce que l'Etat les aurait laissés faire. Les propriétaires palestiniens seront compensés financièrement ou par d'autres terrains.

 

 

Le spectre de la CPI
La Paix maintenant a dénoncé une "vaste entreprise de maraudage foncier", qui assène "un coup dévastateur" à la possibilité de créer un Etat palestinien coexistant avec Israël, solution de référence internationale au vieux conflit.
La loi reviendra au minimum à légaliser au regard du droit israélien 3.921 unités d'habitation israéliennes, que ce soit dans des colonies "sauvages" ou des colonies reconnues par Israël, a ajouté l'organisation israélienne anti-colonisation. Elle "légalisera" 55 colonies "sauvages", ce qui signifie non seulement qu'elles cesseront d'être provisoires, mais qu'elles pourraient s'étendre. Au minimum, ce sont plus de 800 hectares de terres palestiniennes qui devraient être expropriés, selon elle.

La loi devrait avoir à affronter l'écueil incertain de la Cour suprême israélienne. "Les probabilités que la Cour suprême la rejette sont de 100%", a déclaré le ministre de la Défense Avigdor Lieberman.

Mais une approbation par la Knesset poursuivrait une dynamique enclenchée après l'investiture de Donald Trump qui s'est signalé par des prises de position beaucoup plus favorables à Israël que son prédécesseur Barack Obama.  Depuis son investiture le 20 janvier, Israël a procédé à trois annonces de colonisations.
Malgré ses "réserves" face à l'administration Trump, l'OLP a appelé la Maison Blanche à intervenir et le Conseil de sécurité à "se réunir immédiatement pour arrêter cette folie raciste israélienne".

La gauche israélienne, qui peine à se faire entendre, s'inquiète des répercussions à l'étranger et du risque que la Cour pénale internationale, chargée de juger les crimes de guerre et contre l'humanité, ne finisse par ouvrir une enquête contre Israël.

 

 

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