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Liban - Décryptage

Les petits pas des FL en direction du Hezbollah...

Tout semble indiquer que l'âge d'or des Forces libanaises sous le commandement de Samir Geagea a commencé. Depuis sa prise du pouvoir au sein de cette formation à la suite d'une confrontation interne sanglante en 1986, le chef des FL a mené la barque de la formation à travers des tempêtes successives et des conflits avec la plupart des autres formations, son principal souci étant alors de maintenir les FL en vie, en dépit des changements politiques et de la modification des rapports de force régionaux. C'est ainsi qu'il avait choisi d'appuyer l'accord de Taëf en 1989, comme le président Élias Hraoui, avant que la situation ne se retourne contre lui et le mène en prison. En 2005, il a rallié le mouvement du 14 Mars, devenant ainsi l'une de ses principales formations et se présentant comme le plus féroce adversaire du 8 Mars et de ses alliés. En dépit (ou à cause) de son rôle-clé au sein de ce mouvement qui a pratiquement tenu les commandes du pays au cours des dernières années, le chef des FL n'était pas reconnu comme un interlocuteur valable par les composantes du camp adverse.

Il a fallu la spectaculaire volte-face du 18 janvier 2016 et l'entente avec le général Michel Aoun et le CPL pour que de nouvelles perspectives s'ouvrent face au chef des FL. Selon des sources proches du Hezbollah, en dépit de ses déclarations virulentes contre ce parti tout au long de l'année écoulée, Samir Geagea avait déjà en tête d'ouvrir une nouvelle page avec les composantes du 8 Mars, et en particulier avec le Hezbollah et le mouvement Amal. Bien entendu, il ne s'agissait probablement pas d'effacer toutes les divergences politiques, mais essentiellement de lever le veto dont il faisait l'objet et qui faisait de lui un candidat improbable à la présidence de la République (même dans six ans) tant qu'il était rejeté par les deux composantes les plus représentatives de la communauté chiite. Depuis l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République et après quelques tentatives de se présenter comme le principal acteur de cette élection (le chef du CPL Gebran Bassil a rapidement rectifié le tir, précisant que le Hezbollah a été le premier et le plus efficace allié dans cette bataille et que les Forces libanaises étaient arrivées en second), le discours de Samir Geagea a commencé à changer, devenant plus conciliant à l'égard du Hezb, et même de l'Iran.

 

(Lire aussi : Geagea : une nouvelle loi électorale mixte pour bientôt)

 

Les sources proches du Hezbollah affirment à cet égard que les FL ont adressé auparavant des messages clairs au parti chiite par le biais de deux canaux distincts : le premier, le CPL, et le second, le président de la Chambre Nabih Berry avec lequel il existe un dialogue parlementaire, pour lui proposer l'ouverture d'une nouvelle page.

Toujours selon les sources précitées, cette demande a fait l'objet d'un dialogue au sein du Hezbollah sur l'opportunité d'amorcer un rapprochement avec les FL. Certaines personnalités y étaient totalement opposées pour des raisons politiques internes et régionales, et d'autres, au contraire, estimaient qu'après tout, le Hezbollah a ouvert un dialogue avec le courant du Futur au plus fort de la crise entre eux, et qu'en fin de compte, il est apparu que les divergences sur les questions régionales n'empêchent pas un dialogue sur les questions internes. Si, en plus, une ouverture en direction des FL peut être utile au CPL, dans le sens de l'apaisement de la rue chrétienne, il n'y a pas vraiment de raison pour continuer à s'y opposer. Finalement, le Hezbollah a choisi d'être plus souple, tout en liant l'ouverture d'un dialogue politique avec les FL de Samir Geagea à plusieurs points : d'abord, le changement de ton à l'égard de l'Iran, sachant que la République islamique considère que les FL sont responsables de la disparition des quatre diplomates iraniens en 1982. Ensuite, la cessation des campagnes médiatiques contre le parti chiite, puis le rapprochement avec le chef des Marada Sleiman Frangié, et enfin une ouverture en direction de l'ancien ministre Fayçal Karamé. À partir de là, le Hezbollah considérera qu'il n'y a plus vraiment de contentieux interne avec les FL, puisque ses principaux alliés qui ont des problèmes avec cette formation ont réussi à les surmonter.

Selon les sources proches du Hezbollah, ces conditions n'ont jamais été transmises officiellement. Mais si l'on observe le mouvement politique des FL, ces dernières semaines, on découvre, précisent les mêmes sources, qu'effectivement, les campagnes médiatiques contre le Hezbollah ont cessé, alors que le chef des FL a accueilli favorablement une visite du président de la République à Téhéran. Il a même envoyé un émissaire (le ministre des Affaires sociales) pour présenter ses condoléances à l'ambassade d'Iran après la mort de Hachemi Rafsandjani. De même, le ministre (FL) de l'Information s'est rendu récemment dans la banlieue sud pour participer à un hommage à Talal Salmane aux côtés des députés Mohammad Raad et Hassan Fadlallah, et s'est rendu vendredi à Bnechii pour briser la glace entre Sleiman Frangié et Samir Geagea. Certains pourront dire que ce sont des démarches tout à fait normales à partir du moment où les FL sont représentées au gouvernement et que leurs ministres ont donc des fonctions nationales. Mais ces fonctions leur permettent aussi d'avancer lentement et sûrement, à petits pas, vers l'ouverture d'une nouvelle page avec le Hezbollah et avec toutes les composantes politiques libanaises...

 

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commentaires (5)

Geagix est assurément intelligent. Il sait à quel moment changer la direction de son gouvernail. Il a eu sa récompense pour avoir rejoint le groupe des résistants en optant pour le phare Aoun, il va chercher plus à présent en ratissant plus large du côté des alliés du hezb résistant.

FRIK-A-FRAK

12 h 22, le 30 janvier 2017

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Commentaires (5)

  • Geagix est assurément intelligent. Il sait à quel moment changer la direction de son gouvernail. Il a eu sa récompense pour avoir rejoint le groupe des résistants en optant pour le phare Aoun, il va chercher plus à présent en ratissant plus large du côté des alliés du hezb résistant.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 22, le 30 janvier 2017

  • Madame que du baratin ... premièrement la situation en 94 a changer vous dites expliquer (ah pardon la propagande ne le permet pas) deuxièmement qui avait commencer à dire que les FL pourraient être un interlocuteur valable et qu'il fait partie du paysage du liban ?!?!? N'est ce pas le Sayyed ... pour finir madame. E pensez pas que le Hakim peut etre dicter ce qu'il doit dire ou ne pas dire J'espère juste etre publier

    Bery tus

    08 h 33, le 30 janvier 2017

  • ""..Mais ces fonctions leur permettent aussi d'avancer lentement et sûrement, à petits pas, vers l'ouverture d'une nouvelle page avec le Hezbollah et avec toutes les composantes politiques libanaises..."" Avec toutes les composantes libanaises ? Personne n’est dupe ! Une nouvelle page avec le Hezbollah, certes, et si celui-ci lui mettra la barre plus haut en imposant une visite à Téhéran par exemple, pour dissiper d’autres malentendus, et des disparitions qui passeront en pertes et profits...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    03 h 37, le 30 janvier 2017

  • Je vous cite : ""...C'est ainsi qu'il avait choisi d'appuyer l'accord de Taëf en 1989, comme le président Élias Hraoui, avant que la situation ne se retourne contre lui et le mène en prison..." Quel raccourci de l’histoire !

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    03 h 28, le 30 janvier 2017

  • Qui a encore en mémoire le texte de Samir Geagea lors de sa déclaration de candidature à la présidence en 2014. Le chef des Ouèttes tendait la main au parti chiite, sachant très bien que celui-ci est désormais incontournable. Geagea creuse son sillon, mais lentement, et tout s’inscrit dans une logique à la quelle, les aounistes ne peuvent plus échapper, celle de soutenir la prochaine candidature de leur "rival" pendant trois décennies.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    03 h 25, le 30 janvier 2017

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