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À La Une - diplomatie

La justice grecque refuse d'extrader huit militaires turcs

Ankara promet de procéder à une "évaluation exhaustive" de l'impact de cette décision de justice sur ses relations avec Athènes.

Les huit officiers turcs escortés par la police grecque, lors de leur arrivée au siège de la Cour suprême grecque, le 27 janvier 2017. Photo AFP / LOUISA GOULIAMAKI

La cour suprême grecque a refusé jeudi l'extradition en Turquie des huit militaires turcs, accusés par Ankara d'avoir participé au putsch manqué du 15 juillet, s'attirant le mécontentement teinté de menaces de la Turquie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a en effet promptement réagi à la nouvelle, assurant qu'Ankara allait procéder à une "évaluation exhaustive" de l'impact de cette décision de justice sur ses relations avec Athènes, "bilatérales" et en matière de "coopération dans la lutte contre le terrorisme".
Il s'agit d'une décision que "nous percevons comme motivée par des considérations politiques", a indiqué le ministère.

Dans la foulée de ce jugement, la Turquie a également émis un mandat d'arrêt contre les huit hommes, et une nouvelle demande d'extradition.
Une décision qui n'a pas ému Me Christos Mylonopoulos, un des avocats du groupe, qui a estimé que ces mesures ne visaient que les pays où les militaires turcs pourraient vouloir désormais se rendre, mais que l'affaire était close pour la Grèce.

Les militaires, quatre capitaines, deux commandants et deux sergents, étaient en détention provisoire depuis leur atterrissage en hélicoptère au nord-est de la Grèce, près de la frontière gréco-turque, le 16 juillet, au lendemain du coup d'Etat manqué en Turquie.
La cour suprême a suivi les réquisitions du parquet, qui s'était prononcé contre l'extradition il y a dix jours, en soulignant l'absence de garanties en Turquie pour un procès juste et équitable, selon une source judiciaire.
"Indépendamment de leur culpabilité (présumée), leur extradition n'est pas autorisée car leur droits sont en danger" en Turquie, a statué la cour. Le président a mis en avant le risque de "torture".

L'affaire est embarrassante pour Athènes qui a depuis longtemps des relations délicates avec la Turquie, mais sur le sérieux de laquelle la Grèce compte pour endiguer le flux migratoire en mer Egée, notamment via l'accord UE-Turquie signé en mars.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait été l'un des premiers leaders européens à faire part de son soutien "au gouvernement démocratiquement élu" de Turquie, le 15 juillet lors du putsch manqué.
Mais Athènes s'est par la suite inquiétée du durcissement du régime turc, y compris sur les différends bilatéraux traditionnels de souveraineté en mer Egée.

 

(Pour mémoire : Un mois après le coup d'État, la Turquie transformée)

 

"Victoire"
Le ministre grec de la Justice Stavros Kontonis, qui en cas de jugement en faveur de l'extradition, aurait eu le dernier mot sur l'application ou non de la décision, a voulu se maintenir à distance de l'affaire ces derniers jours.
"Toute décision de justice sera respectée", avait-il indiqué mercredi aux médias.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), qui a mis en garde récemment contre l'extradition des officiers, a salué la décision, la qualifiant de "victoire".
"Ce n'était pas une question de relations bilatérales mais de justice", a tweeté son président, le Grec Dimitris Christopoulos.

Des centaines d'autres militaires turcs se sont réfugiés dans des pays européens après le putsch manqué en Turquie et la purge décrétée contre les opposants de Recep Tayyip Erdogan.
En première instance, le tribunal d'Athènes chargé des extraditions l'avait refusée pour cinq des huit militaires, mais l'avait avalisée pour trois.

Les huit militaires turcs ont démenti à plusieurs reprises toute implication dans la tentative de coup d'Etat et affirmé qu'ils avaient décidé de fuir par peur des représailles contre des militaires lors de la reprise en main de la situation par le gouvernement turc.
Ils avaient demandé l'asile en Grèce mais leur demande est toujours en cours d'examen en appel, les autorités grecques l'ayant rejetée en première instance.

La cour suprême a ordonné jeudi leur libération au titre de l'extradition, mais ils restent provisoirement détenus en attendant l'issue de leur demande d'asile, selon leurs avocats.
Lors de la publication du jugement par la cour suprême, les huit officiers, souriants, se sont dits "satisfaits" et sont fait prendre en photo avec leurs avocats, a constaté une journaliste de l'AFP sur place.

 

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