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Moyen Orient et Monde - Décryptage

À Astana, Moscou veut être à la fois arbitre et acteur du conflit syrien

Parrainés par la Turquie, les rebelles semblent attendre des Russes qu'ils mettent davantage de pression sur le régime et sur l'Iran.

La première session des négociations entre rebelles et régime syriens, hier à Astana. Kirill Kudryatsev/AFP

Le face-à-face n'a finalement pas eu lieu. Juste avant le début des négociations intersyriennes à Astana, les rebelles ont annoncé leur refus de discuter directement avec les représentants du régime syrien, contrairement à ce qui avait été prévu. En cause : le non- respect du cessez-le-feu par les troupes loyalistes, en particulier dans la région de Wadi Barada. Ce premier couac témoigne des difficultés que les deux parrains des négociations, la Russie et la Turquie, vont devoir gérer s'ils veulent parvenir à un résultat significatif dans la capitale du Kazakhstan.

L'objectif des pourparlers d'Astana a été déjà largement revu à la baisse. Les discussions ne portent que sur des aspects militaires et humanitaires et visent à instaurer un cessez-le-feu de longue durée. Pas question d'aborder les enjeux politiques, qui constituent pourtant le cœur des négociations. Même parvenir à un solide accord de cessez-le feu ne sera pas une tâche facile. Les Russes considèrent que la question de la distinction entre les forces rebelles et les groupes jihadistes n'est pas encore résolue. S'ils ne qualifient plus de « terroristes » tous les groupes armés de l'opposition, les Russes attendent de ces derniers qu'ils rompent complètement leurs liens avec les formations les plus radicales, comme Fateh el-Cham (ex front al-Nosra), exclu de la trêve, voire qu'ils se retournent totalement contre eux, en échange d'une amnistie politique. En attendant, ils justifient la poursuite de leurs bombardements, notamment à Wadi Barada, par une supposée présence des combattants de Fateh el-Cham dans la région.

De leur côté, les rebelles accusent les forces du régime de ne pas respecter le cessez-le-feu instauré le 30 décembre dernier. Ils se méfient particulièrement des Iraniens et des milices chiites et demandent qu'elles soient inscrites sur la liste des groupes terroristes. « Nous sommes d'accord sur le fait que les Russes soient garants (de la trêve), mais pas les Iraniens », a expliqué à l'AFP un membre de la délégation des rebelles.

 

 (Pour mémoire Syrie : avec ou sans les Américains à Astana ?)

 

« Aucune pression sérieuse »
Les membres de l'opposition semblent miser sur les divergences entres Russes et Iraniens, estimant que les premiers sont sincères dans leur volonté de favoriser un processus de paix. « Les Russes ont intérêt à trouver une sortie au conflit parce qu'ils savent qu'il n'y a pas de victoire militaire possible », estime l'opposante syrienne Basma Kodmani à L'Orient-Le Jour. Parrainés par la Turquie, les rebelles semblent attendre des Russes qu'ils mettent davantage de pression sur le régime et sur l'Iran. Mais cela suppose que Moscou ait vraiment la volonté de le faire, ce qui ressemble davantage à un pari qu'à une réalité pour le moment. « Les Russes n'ont exercé aucune pression sérieuse pour interrompre la campagne loyaliste contre la vallée de Barada, en dépit du fait que cette campagne constitue une violation flagrante du cessez-le-feu supposément garanti par ces mêmes Russes, rappelle l'expert sur la Syrie Thomas Pierret. Les Russes et les Iraniens ont la même approche stratégique des négociations, qui visent à neutraliser certains fronts pour permettre de concentrer les efforts militaires sur d'autres fronts jugés prioritaires, comme la périphérie de Damas et l'Est, où les loyalistes doivent désormais faire face aux avancées de l'État islamique (EI) », ajoute-t-il.

 

 (Pour mémoire : Assad appelle les rebelles à rendre les armes contre une amnistie à Astana)

 

Pas de réconciliation
Moscou ne peut pas se permettre un échec à Astana. Ces pourparlers ont notamment pour objectif de mettre en avant son rôle de faiseur de paix sur la scène internationale. Mais ses intentions ne sont pas encore claires : souhaite-t-il instaurer une trêve uniquement pour des raisons tactiques ou parce que c'est un préalable nécessaire à toute solution au conflit ? Les Russes semblent jouer sur les deux tableaux à la fois, endossant dans le même temps le costume d'acteur et d'arbitre du conflit. Mais même s'ils sont en position de force, surtout après la victoire des pro-Assad à Alep, ils vont devoir prouver leurs bonnes intentions s'ils veulent garder la confiance des rebelles et celle de la communauté internationale. « Si les négociations sont un succès, nous sommes pour les négociations. Mais si elles échouent, malheureusement, nous n'aurons pas d'autre choix que de continuer le combat », a déjà prévenu Ossama Abou Zeid, un porte-parole de la délégation des rebelles, interrogé par l'AFP.

L'instauration de la trêve n'est que la première étape. Les parties devront ensuite discuter des questions politiques et trouver un terrain d'entente sera nettement plus difficile, notamment sur la question du sort réservé au président syrien Bachar el-Assad. « Il ne faut plus fonctionner par slogan, ça ne sert à rien. Ce qu'on attend désormais, c'est une négociation qui produit un plan sérieux et qui prépare l'alternative au régime Assad », estime Basma Kodmani, ajoutant que cette « solution politique passe absolument par Genève ». Le plus dur reste encore à faire pour Moscou et Ankara s'ils veulent obtenir un succès diplomatique à Astana. Si les délégations du régime et de l'opposition ne sont même pas encore capables de se réunir dans la même pièce, comment peuvent-elles sérieusement envisager de s'entendre sur un processus de paix ? « Nous n'avons plus confiance dans le régime. Il n'est pas question d'accepter une réconciliation avec le régime Assad », résume à L'Orient-Le Jour Zakaria Malahifji, conseiller politique de la brigade Fustakim, présente à Astana.

 

 

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Le face-à-face n'a finalement pas eu lieu. Juste avant le début des négociations intersyriennes à Astana, les rebelles ont annoncé leur refus de discuter directement avec les représentants du régime syrien, contrairement à ce qui avait été prévu. En cause : le non- respect du cessez-le-feu par les troupes loyalistes, en particulier dans la région de Wadi Barada. Ce premier couac...

commentaires (5)

PRIERE LIRE ET LE CHIMP VEUT ETRE A LA FOIS SINGEMENT CHIMP-SINGE ET CHIMP-JUGE...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 01, le 25 janvier 2017

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Commentaires (5)

  • PRIERE LIRE ET LE CHIMP VEUT ETRE A LA FOIS SINGEMENT CHIMP-SINGE ET CHIMP-JUGE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 01, le 25 janvier 2017

  • Un NAIN, au "niveau" mondial, qui voudrait être et "acteur et arbitre" ! On aura tout vu....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 42, le 24 janvier 2017

  • La raclée de Alep libérée des bactéries wahabites aura au moins fait son petit effet . Il restera juste que ces bactéries signent leur défaite et rentrent dans les rangs . Trump vient de promettre de se joindre aux frappes avec les russes et leurs accessoires. ....2017 une bonne année en perspective .

    FRIK-A-FRAK

    08 h 53, le 24 janvier 2017

  • ET LE CHIMP VEUT ETRE A LA FOIS SINGE ET ACTEUR...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 51, le 24 janvier 2017

  • HAMIYA HRAMIYA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 46, le 24 janvier 2017

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