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Scan TV - Scan TV

La télévision des bouffons

Toutes les chaînes télévisées libanaises sont désormais dépendantes des histoires scandaleuses ou scabreuses. Elles justifient leur choix par un audimat prétendument gêné en public, mais qui ne cesse d'engraisser à mesure que l'histoire est dégoûtante, humiliante ou simplement inconcevable. Des titres pompeux promettant de découvrir « dans quelques instants » une nouvelle catastrophique, ou la bombe médiatique du siècle, cachent le plus souvent une information inutile et sonnent drôlement creux après une fausse alerte diffusée à grande échelle sur tous les réseaux sociaux.

Les exemples sont légion... Des deuils familiaux, des rencontres anodines et des déclarations vides de célébrités sont transformés en scoop le temps d'un clic et d'une retransmission en direct. Résultat des courses : le téléspectateur se découvre haletant devant une pure... non-information. La retransmission en direct des drames causés par des actes terroristes au Liban ou ailleurs transforme l'événement en un thriller où le sensationnalisme est parachuté là où il ne le faut surtout pas ! Les mensonges se succèdent en direct dans un manque de professionnalisme aberrant et dans la plus grande impunité. Les journalistes et les caméras se déplacent encore une fois dans des foyers pris par surprise et forcés d'accueillir ces loups aux dents bien aiguisées, déguisés en agneaux. Des appels téléphoniques sont effectués en direct pour obtenir de plus amples informations devant une famille éplorée et déboussolée. Les flashes commencent à crépiter avec la première larme versée sans rater aucun détail des crises de nerfs ô combien justifiées.

C'est à se demander où se trouve l'information dans toutes ces transmissions en direct... Que nous ont appris ces fameux journaleux plantés aux côtés des familles sinistrées que certains n'ont pas eu honte d'induire en erreur sur l'état de santé de leur proche tué? Une mascarade en direct sur un fond tragique et des enquêtes sur la vie privée des victimes qui n'aident en rien à comprendre le dénouement malheureux de l'information rapportée. Des hypothèses sont bien souvent lancées à droite et à gauche concernant le déroulement des événements, alors que la police vient juste d'entamer ses propres investigations. Des rumeurs, des potins et des théories de complot circulent en un circuit localement fermé et vicieux qui ne sert qu'à alimenter le fil d'infos par des intox. Tout le monde devient soudainement cousin, proche, voisin, ami intime, collègue des victimes, sans aucune vérification préalable, et participe activement à la propagande soigneusement orchestrée pour meubler des heures de direct. Le pire, c'est les conclusions évidentes et les commentaires frisant la débilité lancés dans des situations pareilles par ces fameux journalistes qui croient affiner ainsi leur enquête – et quelle enquête, qui ressemble d'ailleurs bien plus à un harcèlement et une atteinte à la vie privée des parents des victimes en état de choc.

Tout se fait en grande pompe au Liban, tout se transforme en spectacle, chaque spectacle a ses propres bouffons et les meilleurs passent en direct à la télé.

 

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