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Liban - Partis

Samy Gemayel : Le club politique fermé étouffe les voix libres des opposants

Dory Chamoun et Samy Gemayel, une relation d’amitié et de militantisme qui remonte aux temps de la lutte contre l’occupation syrienne. Photo d’archives

Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a déploré hier que la classe politique au pouvoir tente de soumettre les Libanais, estimant que la voix de l'opposition ne pourra se faire entendre qu'à travers une nouvelle loi électorale.

M. Gemayel a tenu des propos en ce sens, dans une déclaration à l'issue d'une visite au chef du Parti national libéral (PNL), le député Dory Chamoun, au siège central du PNL, à Sodeco. M. Gemayel a mis en garde dans ce cadre contre « le club politique fermé qui veut étouffer les voix libres et réformatrices ». Il a prôné à ce propos « un contrôle de la vie politique et de l'action du gouvernement par une opposition issue d'un scrutin organisé sur base d'une nouvelle loi électorale ».

Le chef des Kataëb a exprimé dans ce cadre ses appréhensions quant au maintien de la loi de 1960. « Nous percevons le fait qu'il se conclut un marché, dont l'une des clauses serait de rester sous la loi électorale actuelle », a déploré M. Gemayel, qui accuse les responsables de « se contenter de lancer des slogans et de jeter de la poudre aux yeux ». Il a affirmé qu'en réalité, ces responsables ne sont pas intéressés à débattre d'une nouvelle loi. « Alors que le gouvernement était sensé faire prévaloir le vote du budget et de la loi électorale, il s'avère que c'est le gaz qui constitue sa priorité », a-t-il noté, s'étonnant qu'« un mois après la formation du cabinet, la loi électorale n'est pas au menu de la table du Conseil des ministres, pas plus que le Parlement se réunit pour des discussions en ce sens ».

 

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« La mafia politique »
Le chef des Kataëb a appelé dans ce cadre à « présenter les projets de loi lors de la première séance législative de la Chambre des députés », rappelant qu'« il y a un mécanisme constitutionnel pour voter les lois, à savoir les inscrire à l'ordre du jour du Parlement et en choisir une selon les règles ».

« Il y a dix-sept lois au Parlement », a poursuivi M. Gemayel, réclamant que « soit adoptée celle qui obtiendra la majorité des voix », à moins que, a-t-il ajouté, « la mafia politique entende poursuivre la mainmise sur les Libanais, leurs capitaux et leur avenir ». S'adressant à M. Chamoun, le chef des Kataëb lui a assuré que son parti « restera à vos côtés et poursuivra le chemin avec vous qui êtes le père de ceux qui croient en la souveraineté et l'indépendance du pays ».

Le chef du PNL, Dory Chamoun, a, pour sa part, évoqué la loi électorale et les élections législatives, formulant le souhait que le nouveau gouvernement « se consacre à l'échéance électorale, afin que celle-ci se déroule à la date prévue, quel que soit le mode de scrutin qui sera adopté ».

 

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Chamoun : « Nous ne savons pas sur quel pied danser »
Interrogé par L'Orient-Le jour sur la portée de sa réunion avec le chef des Kataëb, M. Chamoun a affirmé qu' « outre le tour d'horizon des derniers développements sur la scène locale, notamment l'action du nouveau gouvernement et la visite du président Michel Aoun en Arabie saoudite, les discussions ont été axées sur les prochaines élections ».

« Ne sachant pas quel système électoral sera retenu, nous ne savons pas sur quel pied danser », confie le leader du PNL à L'OLJ, appelant les partis politiques à « se réunir et décider d'une méthode unique de travail avant qu'ils ne se voient acculés à voter selon la loi de 1960 ».

En réponse à une question de L'OLJ sur une entente entre sa formation et celle de M. Gemayel en vue d'affronter la prochaine échéance électorale, Dory Chamoun affirme que « lorsqu'il y a une nécessité nationale, il est de coutume que les deux partis se concertent, d'autant qu'ils se situent dans le même camp pour défendre les questions nationales », évoquant « la possibilité de la conclusion d'une telle alliance ». Si celle-ci se forme, sera-t-elle dirigée contre la coalition des Forces libanaises et du Courant patriotique libre ? Le chef du PNL ne se veut pas tranchant. « C'est aux Forces libanaises et au CPL d'annoncer la couleur et de nous faire savoir s'ils nous veulent comme partenaires », déclare-t-il, exprimant toutefois son incertitude quant à cette possibilité. « D'après l'expérience des élections municipales de Deir el-Qamar, il s'avère qu'ils ne veulent pas de nous parmi leurs alliés », a-t-il estimé.

Quant à une entente qui, au-delà de ces deux composantes chrétiennes, s'étendrait à des parties transcommunautaires, M. Chamoun indique à L'OLJ qu'« il est encore trop tôt pour en discuter », soulignant toutefois qu'en tant que député du Chouf, il a toujours entrepris des coalitions avec les autres communautés.

 

(Lire aussi : Législatives : La République s’empresse de rassurer Joumblatt)

 

« Les oppositions intracommunautaires profitent au Hezbollah »
C'est justement un espace politique transcommunautaire favorisant une opposition efficace que préconise une source politique contactée par L'Orient-Le Jour afin de savoir quelles seraient les répercussions d'une coalition Kataëb-PNL face à l'axe Forces libanaises-Courant patriotique libre, et si elle pourrait servir de noyau de base pour un nouveau front chrétien. Selon cette source, « la création de directoires politiques intracommunautaires est une aberration, car estime-t-elle, ils contribuent à créer un clivage au sein de chaque communauté ». S'il affirme comprendre « la légitime défense » des Kataëb et du PNL, l'observateur estime toutefois qu' « une opposition nationale est autrement plus pertinente et efficace ».

« Nous sommes dans une situation où les partis les moins influents à l'heure actuelle (en allusion aux Kataëb et au PNL) s'unissent pour se protéger des partis plus influents (FL-CPL), mais le vrai danger se situe ailleurs, au niveau de la mainmise d'un parti qui détient les armes illégales (en allusion au Hezbollah) », ajoute la source politique, estimant que « plus le pays se range à l'intérieur de ses confins communautaires, plus le Hezbollah sera maître de la situation, puisqu'il aura ramené les mouvements qui militaient au sein d'une coalition nationale dans leur giron communautaire, son terrain de prédilection ».

Cette source appelle à « ne plus revenir en arrière, avant l'époque de la création de l'opposition plurielle du Rassemblement du Bristol, puis du 14 Mars », mouvements qui avaient réuni la grande majorité des composantes libanaises. Elle met en garde contre « l'opposition qui se forme à l'intérieur de chaque directoire communautaire ». Elle prend l'exemple de la communauté sunnite où l'ancien Premier ministre Nagib Mikati s'oppose au chef du gouvernement Saad Hariri, ainsi que de la communauté druze où le chef du parti Tawhid, Wi'am Wahhab, fait de la résistance au leadership du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, faisant observer que l'opposition au sein de la communauté chiite n'existe pas d'une manière organisée politiquement. Selon cette source, « si ces oppositions – qu'aucun ciment transcommunautaire ne rapproche – se poursuivent en période électorale, elles deviendraient satellitaires du parti chiite, qui sera alors le grand gagnant ».

 

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Sayegh dénonce « un double discours »
Prié d'indiquer si, hier, au-delà de la loi électorale, l'entretien des chefs des deux partis a porté sur la possibilité de mener une telle opposition intracommunautaire, Salim Sayegh, vice-président du parti Kataëb, assure que l'opposition constructive de ce parti se dirige contre le gouvernement, loin des considérations confessionnelles. Conscient que « toute coalition n'ayant pas de perspective nationale et ne présentant pas de proposition au niveau citoyen est vouée à se replier sur elle-même et à se déchirer », M. Sayegh indique que « si les concertations avec le PNL n'ont jamais cessé, les contacts sont entrepris également avec la quasi-totalité des forces politiques du pays ».

M. Sayegh souligne à cet égard que la teneur des discussions avec ces composantes est axée sur la loi électorale, indiquant qu'« un double discours se tient actuellement : celui politiquement correct qui s'oppose à la loi de 1960 et celui qui s'exprime dans les coulisses, portant sur un réaménagement de cette même loi ».
« Face à cet état de fait, nous cherchons à envisager de façon précise un avenir dans lequel la pluralité politique pourrait s'exprimer », souligne M. Sayegh, préconisant « une modification substantielle de la loi actuelle, qui empêcherait de se soumettre à un pouvoir hégémonique composé des mêmes dirigeants et qui permettrait l'émergence de forces nouvelles ».

M. Sayegh n'a pas voulu répondre au point de savoir quelles sont les personnalités avec lesquelles son parti se concerte pour tenter de proposer une alternative au mode de gouvernance. « Nous nous abstenons à ce stade de faire des promesses aux gens, lesquels ne veulent plus avoir d'illusions », confie-t-il enfin.

 

 

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M. Gemayel a tenu des propos en ce sens, dans une déclaration à l'issue d'une visite au chef du Parti national libéral (PNL), le député Dory...

commentaires (2)

dommage vraiment dommage !!

Bery tus

20 h 03, le 12 janvier 2017

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Commentaires (2)

  • dommage vraiment dommage !!

    Bery tus

    20 h 03, le 12 janvier 2017

  • LA MATURITE Y MANQUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 01, le 12 janvier 2017

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