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Le monde en 2016 - Rétro 2016

Le rêve/cauchemar de Poutine

Vladimir Poutine. Photo d'archives/AFP

Le rêve américain est synonyme d'espoir et de prospérité. Fantasme ou réalité, cette idée qui date du XVIe siècle, est, parmi d'autres, celle qui donne aux États-Unis leur statut de superpuissance. Il y a évidemment la force du dollar, la persuasion nucléaire, la capacité militaire et diplomatique du pays de l'Oncle Sam. Mais c'est surtout le soft power des Américains qui leur a souvent permis de s'imposer sur la scène internationale face à leurs adversaires, dont notamment l'ex-URSS ou le régime communiste chinois. Même ce dernier vient de créer le « rêve chinois », un nouveau slogan politique lancé par le secrétaire général du PCC, Xi Jinping en 2013 pour faire l'éloge des progrès économiques réalisés par la Chine.

Face à ces deux puissances, le président russe Vladimir Poutine a lui aussi son rêve : restaurer la gloire et la grandeur de l'empire soviétique. Celui qui, un jour, déclara que la chute de l'URSS a été la plus grande catastrophe du XXe siècle, tente depuis son accession au pouvoir de faire entendre sa voix dans les affaires du monde, n'hésitant pas à recourir à la force pour faire valoir ses intérêts, à l'instar de son intervention en Géorgie, en Ukraine et en Syrie.

L'année 2016 a été particulièrement réussie pour Vladimir Poutine. Son soutien militaire au président syrien Bachar el-Assad a porté ses fruits. Avec une brutalité digne de l'époque soviétique, ce dernier, appuyé par l'armée russe, a réussi à s'emparer, après un siège hermétique et une offensive fulgurante, des quartiers rebelles d'Alep-Est, premier grand succès du régime syrien et de ses alliés.

En consolidant le régime syrien, allié historique depuis l'époque soviétique, le président russe aura presque terminé son retour triomphale au Proche-Orient, pour remplir le vide laissé par les Etats-Unis.
En soutenant également le président turc, Recep Tayyip Erdogan qui mène une purge sans merci contre ses opposants après le putsch avorté en juillet, Vladimir Poutine tente d'amadouer non seulement un poids lourd de l'Otan, ennemi juré du président russe, mais aussi un dirigeant déçu des critiques occidentales à son encontre.

En Europe, le chef du Kremlin avance ses pions. Déjà plusieurs dirigeants européens lui sont favorables, notamment ceux de la Hongrie et de la Grèce. La candidature de François Fillon à la présidentielle française de 2017 semble de bon augure pour Vladimir Poutine, qui a tissé de liens solides avec cet ancien Premier ministre français. Le Brexit sonne aussi comme une aubaine pour le président russe qui parie sur l'affaiblissement de l'Union européenne, déjà empêtrée dans une crise des refugiés inédite depuis la seconde Guerre mondiale, qui ébranle en passant la chancelière allemande, Angela Merkel, sa plus puissante adversaire européenne.

De l'autre côté de l'Atlantique, l'élection de Donald Trump est considérée actuellement comme une victoire pour Vladimir Poutine. Outre l'admiration que porte le président élu au chef du Kremlin, son éventuelle intervention dans le déroulement de la présidentielle américaine est désormais pointée du doigt.
En définitive, Vladimir Poutine semble avoir eu sa revanche sur l'histoire : désormais, la Russie est de retour et il faudra compter avec elle.
Ce retour de Moscou au centre du jeu mondial est toutefois aux antipodes du rôle que peut jouer une puissance.

Au lieu d'être une source de stabilité, les interventions russes créent plutôt des tensions, voire des conflits. La politique de Vladimir Poutine est dépourvue de toute morale. Alors que les Occidentaux favorisent la diplomatie et les négociations pour le règlement de conflits, l'usage de la force brutale illustre désormais la politique extérieure de la Russie. Le président russe a en outre recréé l'atmosphère de guerre froide, en se posant comme une victime des velléités des États-Unis et de l'UE, qui tentent d'humilier son pays.
Côté démocratie et droits de l'homme, la Russie vire inéluctablement vers un régime autoritaire. Dernier acte, le retrait de la CPI en novembre dernier.

Mais malgré ce tableau d'un Vladimir Poutine triomphant, de nombreux experts doutent des moyens dont dispose le président russe pour réaliser ses rêves.
D'abord l'économie russe est exsangue, à cause notamment des sanctions occidentales mais aussi à la chute du prix du pétrole, sans oublier la corruption endémique qui mine le pays. Plusieurs observateurs ont ainsi noté que le PNB de la Russie ne dépasse même pas celui de l'Espagne.
Isolé sur la scène internationale, la Russie ne peut ainsi pas survivre dans le système multilatéral actuel, Même dans le monde bipolaire, l'isolement de l'URSS lui a été fatal.
Cette fuite en avant rappelle donc étrangement la chute de l'Union soviétique, Vladimir Poutine semble commettre les mêmes erreurs. Et son rêve pourrait bien se transformer en cauchemar, lui qui l'est déjà pour des millions de Syriens.

Le rêve américain est synonyme d'espoir et de prospérité. Fantasme ou réalité, cette idée qui date du XVIe siècle, est, parmi d'autres, celle qui donne aux États-Unis leur statut de superpuissance. Il y a évidemment la force du dollar, la persuasion nucléaire, la capacité militaire et diplomatique du pays de l'Oncle Sam. Mais c'est surtout le soft power des Américains qui leur a...