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Nos Lecteurs ont la Parole - Par Ibrahim TABET

Le début de la fin ou la fin du début ?

Photo AFP

Après la victoire d'El-Alamein, qui a marqué le début du retournement de la fortune des armes lors de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a déclaré : « Now this is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning. » La même remarque pourrait être faite à propos de la libération d'Alep. Malgré cette victoire contre les jihadistes, le conflit en Syrie, qui s'est rapidement transformé en guerre par procuration, risque de durer encore longtemps. En effet, le cessez-le-feu décidé par la Russie de Poutine, la Turquie d'Erdogan et, tacitement, par l'Iran et accepté par le régime et les rebelles modérés à l'issue de cette victoire ne concerne pas les groupes jihadistes. Et ces derniers sont également exclus des négociations en vue de trouver une solution politique devant s'ouvrir à Astana sous l'égide de ces trois puissances. Bien que ses protagonistes locaux, y compris le régime, soient tributaires de leurs soutiens étrangers, il est douteux que Bachar el-Assad ne veuille pas en finir avec la région d'Idlib et reconquérir Palmyre. Et l'État islamique reste aussi menaçant. Même si les différents groupes terroristes, y compris Daech, venaient à être définitivement vaincus militairement, cela ne signera pas pour autant la fin de l'idéologie islamiste radicale. Leur défaite sur le terrain pourrait au contraire mener à une recrudescence du terrorisme transnational comme le montrent les attentats en Jordanie et à Berlin. Il en est de même du clivage séculaire sunnito-chiite et sunnito-alaouite, que la rancœur des sunnites à la suite de ce nouveau revers ne peut qu'approfondir. Le sort de la Syrie est incertain. Restera-t-elle divisée ? Sera-t-elle réunifiée, ou transformée en lâche fédération de zones d'influence, avec un gouvernement central ne contrôlant, tant bien que mal, que la «Syrie utile»? Quelle sera la composition de ce gouvernement et son pouvoir, l'opposition modérée censée en faire partie n'ayant que peu d'influence sur le terrain et n'étant pas capable de faire accepter un compromis aux milices combattant le régime ? Combien de temps Bachar el-Assad restera-t-il au pouvoir ?
Et tant qu'il s'y maintiendra sera-t-il reconnu par l'Occident et les monarchies pétrolières, malgré les crimes de guerre commis par le régime ? Accepteront-ils de financer la reconstruction de la Syrie sans un changement assurant une transition politique effective? Autre question importante: quelles seront les conséquences démographiques de la guerre ? D'une part, en Syrie, avec les déplacements de population prenant parfois le caractère d'épuration ethnico-confessionnelle; et, d'autre part, au Liban avec la présence d'un million et demi de réfugiés syriens majoritairement sunnites sur son sol, dont la plupart ne retourneront probablement jamais dans leur pays. Non seulement car ils n'en ont nulle envie, mais parce qu'il est douteux que les conditions matérielles et politiques le permettent. Tant qu'Assad restera au pouvoir, il ne sera en effet pas enclin à favoriser leur retour et risque de les utiliser comme carte de pression sur le gouvernement libanais.
Sur un autre plan, l'Occident tirera-t-il la leçon de son échec à renverser le régime syrien en finançant et en armant les islamistes, malgré les conséquences désastreuses de ses interventions en Irak et en Libye ? Mettra-t-il fin à sa politique d'ostracisme de la Russie et à la diabolisation de Vladimir Poutine comme le préconise François Fillon? Assistera-t-on à un package deal américano-russe après la prise de fonctions de Donald Trump, comme le laissent entendre les propos de ce dernier ? Cela, malgré les récentes déclarations d'intention de Washington et de Moscou de renforcer leurs arsenaux nucléaires respectifs. Ce qui est certain en tout cas, c'est que le déséquilibre de puissance entre la Russie et les États-Unis en faveur de ces derniers n'a pas empêché Vladimir Poutine de rétablir l'influence de son pays au Moyen-Orient au détriment de celle de l'Occident. Celle-ci s'exerce presque sans partage sur la Syrie, où Moscou doit quand même composer avec les intérêts de la Turquie et de l'Iran, deux puissances sans lesquelles un règlement du conflit est impossible. Y disposant de bases militaires, elle en contrôle la façade méditerranéenne, potentiellement riche en hydrocarbures ; situation dont le Qatar a pris acte en signant un important accord avec Moscou pouvant permettre à terme l'acheminement de son gaz à travers un gazoduc débouchant sur la côte syrienne (alors que cette question était l'une des raisons du déclenchement de la guerre !). Mais la manifestation la plus spectaculaire de l'influence grandissante de la Russie est la volte-face d'une Turquie affaiblie par ses difficultés internes et le spectre de la création d'une entité kurde en Syrie, et qui s'est engagée dans une coopération militaire implicite et surtout économique accrue avec la Russie. L'autre gagnant de la guerre en Syrie, qui est en fait un allié de circonstance de la Russie, est l'Iran. Mais cela ne peut que renforcer l'hostilité des pays du Golfe, particulièrement l'Arabie saoudite enlisée au Yémen, envers la République islamique dont les coreligionnaires chiites sont en passe de reconquérir la ville sunnite de Mossoul. Surtout, l'intention déclarée de Donald Trump de remettre en question l'accord sur le nucléaire signé avec Téhéran risque à nouveau de brouiller les cartes, non seulement en Syrie, mais dans toute la région, y compris au Liban du fait de l'influence qu'y exerce l'Iran à travers le Hezbollah.

Après la victoire d'El-Alamein, qui a marqué le début du retournement de la fortune des armes lors de la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a déclaré : « Now this is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning. » La même remarque pourrait être faite à propos de la libération d'Alep. Malgré cette victoire...

commentaires (4)

Le commencement de la fin n'est pas la bataille D'EL ALAMEIN mais de Stalingrad par le victoire des russes sur linvasion d'Hitler. Le M.O est une chose hyper complexe pour pouvoir répondre facilement à la foule de question que vous posez. Au point où on pourrait voir Alep reconstruite par ceux qui l'ont détruite cad les bensaouds eux-mêmes, vous en doutez ? Alors pourquoi erdo et Poutine font ils le chemin ensemble et le Qatar qui signe un contrat doleoducs avec l'axe sd la résistance après avoir tenté de détruire la Syrie du héros Bashar qui restera tant qu'il le jugera bon de le faite.

FRIK-A-FRAK

16 h 33, le 08 janvier 2017

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Commentaires (4)

  • Le commencement de la fin n'est pas la bataille D'EL ALAMEIN mais de Stalingrad par le victoire des russes sur linvasion d'Hitler. Le M.O est une chose hyper complexe pour pouvoir répondre facilement à la foule de question que vous posez. Au point où on pourrait voir Alep reconstruite par ceux qui l'ont détruite cad les bensaouds eux-mêmes, vous en doutez ? Alors pourquoi erdo et Poutine font ils le chemin ensemble et le Qatar qui signe un contrat doleoducs avec l'axe sd la résistance après avoir tenté de détruire la Syrie du héros Bashar qui restera tant qu'il le jugera bon de le faite.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 33, le 08 janvier 2017

  • Khâââï ! Encore NEUF ans à ce train-là, yâ âllâh, et ils auront eu QUINZE ans de guerre ; à cause D'EUX ; comme NOUS ! Yâ äâdrâh, car la revanche libanaise est un plat qui se mange froid ! Mahééék, n'est-ce pas ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 37, le 06 janvier 2017

  • "Le début de la fin ou la fin du début ?". Mais non ! Ce n'est que le début de la fin du début.... Qu'âllâh y'ghâmîïïï !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 14, le 06 janvier 2017

  • DANS LA PHOTO... QUI RIT ET DE QUI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 24, le 05 janvier 2017

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