Rechercher
Rechercher

Économie - États-Unis

Les constructeurs automobiles dans le collimateur de la politique protectionniste de Trump

En faisant du « Made in America » un des axes centraux de sa campagne, le président américain élu avait multiplié les menaces contre Ford et s'attaque à présent à General Motors.

Le PDG de Ford, Mark Fields, a annoncé hier l’annulation de la construction d’une usine au Mexique pour 1,6 milliard de dollars. Rebecca Cook/Reuters

Les constructeurs automobiles américains se retrouvent sous le feu de Donald Trump qui a menacé hier General Motors de taxer ses voitures fabriquées au Mexique mais vendues aux États-Unis et a incité Ford à annuler un investissement prévu dans ce pays.
Le président élu a également nommé hier un ancien de l'administration Reagan, hostile à un libre-échange sans limite, pour renégocier les accords commerciaux internationaux.
« General Motors livre des voitures Chevy Cruze, fabriquées au Mexique, à ses concessionnaires aux États-Unis sans payer de taxe. Fabriquez aux États-Unis ou payez une lourde taxe frontalière », a tweeté le président élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier. Le géant de Detroit a immédiatement démenti en partie les accusations de M. Trump, expliquant que la Chevrolet Cruze vendue aux États-Unis était produite près de la ville de Cleveland dans l'Ohio (Nord).
Son rival, Ford, qui s'était aussi vu reprocher par le président élu ses investissements prévus au Mexique, a pour sa part annoncé hier l'annulation de la construction d'une usine à San Luis Potosi pour 1,6 milliard de dollars et l'utilisation d'une partie de cette somme pour fabriquer des véhicules autonomes et électriques aux États-Unis. Le groupe avait pourtant confirmé la construction de cette usine après les premières attaques de Donald Trump et semble donc avoir opté finalement pour une retraite en bon ordre. M. Trump a aussitôt crié victoire en retweetant un message d'un de ses conseillers lui attribuant cette volte-face et en écrivant un autre tweet assurant que les États-Unis allaient devenir « le plus grand pôle d'attraction pour l'emploi et l'innovation. »
Le ministère mexicain de l'Économie a de son côté regretté hier cette décision. « Le gouvernement mexicain regrette la décision de Ford Motor Company d'annuler le projet d'investissement à San Luis Potosi et assure le remboursement par l'entreprise de toute dépense faite par le gouvernement local pour faciliter cet investissement », selon un communiqué officiel.
Le PDG de Ford a, lui, démenti toute dimension politique et assuré avoir pris sa décision en toute « indépendance ». « Nous n'avons pas conclu d'accord avec le président élu », a ainsi déclaré Mark Fields hier dans un entretien accordé à CNN. « Nous avons fait ce qui est bon pour nos affaires, avant toute chose », a encore assuré le PDG, justifiant ce changement de cap par « un environnement plus positif pour l'industrie manufacturière et l'investissement » aux États-Unis. Son groupe a d'ailleurs assuré qu'il maintenait son projet de transférer une partie de sa production de petites voitures au Mexique dans une de ses usines déjà existantes.

Inquiétudes pour la filière
Les attaques de M. Trump contre GM et la volte-face de Ford coïncident avec la nomination hier de Robert Lighthizer, 69 ans, comme représentant au Commerce extérieur (USTR), le poste qui couvre les négociations commerciales internationales.
Cet ancien de l'ère Reagan s'est, dans le passé, déclaré opposé au « dogme » d'un libre-échange « effréné » et a plaidé pour un durcissement vis-à-vis de Pékin pour freiner le « déclin américain », conformément à la ligne politique du président élu.
M. Trump a durement critiqué les accords commerciaux négociés par ses prédécesseurs, les accusant d'être responsables de la perte de millions d'emplois industriels aux États-Unis. Il a notamment promis de dénoncer l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui lie les États-Unis, le Canada et le Mexique. C'est ce traité qui permet à General Motors et Ford de fabriquer au Mexique et d'importer aux États-Unis hors taxes. L'Aléna prévoit que, si au moins 65 % des pièces d'un véhicule sont d'origine nord-américaine (États-Unis, Canada et Mexique), celui-ci peut être vendu sur le territoire américain sans aucune taxe d'importation. Le président élu républicain a fait du « Made in America » un des axes centraux de sa campagne électorale, ce qui a lui permis de gagner dans des États industriels du Nord-Est (Michigan, Wisconsin, Ohio), traditionnellement acquis aux démocrates.
Cette pression sur les grands constructeurs américains intervient à quelques jours de l'ouverture du Salon automobile de Detroit et renforce les interrogations sur l'avenir de la filière sous la présidence Trump. « Toute augmentation de taxe douanière en Amérique du Nord va affecter profondément l'industrie automobile », prévient Christopher Wilson, économiste au Woodrow Wilson International Center. Elle « va désorganiser la chaîne logistique » des constructeurs et augmenter le coût de fabrication des véhicules provoquant une perte en compétitivité, renchérit Robert Scott, du think tank Economic Policy Institute. In fine, le risque est que les voitures coûtent plus cher pour les consommateurs américains, concluent les deux experts.

(Source : AFP)

Les constructeurs automobiles américains se retrouvent sous le feu de Donald Trump qui a menacé hier General Motors de taxer ses voitures fabriquées au Mexique mais vendues aux États-Unis et a incité Ford à annuler un investissement prévu dans ce pays.Le président élu a également nommé hier un ancien de l'administration Reagan, hostile à un libre-échange sans limite, pour...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut